Quatre ans après son départ du club azuréen pour le Borussia Dortmund, Lucien Favre est de retour sur le banc de Nice. Plus heureux et déterminé que jamais.

À force d’y croire, Jean-Pierre Rivère est parvenu à réécrire l’histoire et à convaincre le groupe Ineos de rapatrier Lucien Favre sur la Côte d’Azur. En fin stratège, le président niçois a dit tout le bien qu’il pensait de Christophe Galtier, dont il entendait se séparer, à Nasser Al-Khelaïfi, son homologue parisien, avec lequel il entretient depuis des années un lien privilégié. Résultat : Nice a attiré le coach qu’il visait et vendu, pour près de 8 millions d’euros, celui qui ne collait plus à son projet.

« Dans la vie, quand on me dit que c’est impossible, ça me plaît », répète régulièrement « JPR », revenu en force dans le paysage niçois, cet été, au prix d’un magnifique numéro d’équilibriste et au détriment de Julien Fournier, directeur du football, qui a quitté le club.

Un éternel passionné

Le personnage central de cette nouvelle ère se nomme bien Lucien Favre, entraîneur adulé à Nice depuis une troisième place en 2016-2017 et le jeu spectaculaire proposé par les Aiglons. À l’époque, le Gym était alors devenu une sorte de référence en France, une équipe qui faisait lever les foules et avait mené une lutte féroce pour le titre avec Monaco et le PSG, faisant la fierté de toute une ville. Marqué par ces deux ans dans le sud de la France, tout comme son épouse Chantal, tombée amoureuse de la région, Favre a toujours gardé une profonde affection pour son ancien club, dont il a suivi de près l’évolution depuis le rachat, en 2019, par le milliardaire anglais Jim Ratcliffe.

Après son départ du Borussia Dortmund, en décembre 2020, il a effectué une ­pause régénératrice, s’est ressourcé chez lui, dans la campagne suisse, et a regardé des centaines de matchs, de tous horizons.

Avant son départ de Nice, en 2018, « Lulu » avait noué des relations fortes avec les salariés du club, qu’il a retrouvés « avec beaucoup d’émotion et de joie ». « C’était sincère et vraiment rare comme scène », souffle l’un d’eux, sous le charme de la délicatesse du personnage.

« Quand j’ai compris que je pouvais retourner à Nice, je n’ai pas hésité une seule seconde », confiait Favre au moment de sa présentation, tout sourire, au côté de Rivère, tout heureux, lui, d’avoir réussi ce qu’il n’était pas parvenu à faire un an plus tôt. À 64 ans, Lucien Favre « est encore meilleur », selon le défenseur Dante, qui le connaît depuis dix ans. Il reste, toutefois, cet éternel passionné, qui a visionné la totalité des rencontres de l’OGC Nice de la saison dernière et n’a rien raté des qualités et des défauts de ses joueurs.

« Plus calme, plus zen »

Comme lors de son premier passage, il vouvoie l’ensemble du groupe. Durant la préparation, il a bluffé Andy Delort par sa science du football et sa capacité « à voir des choses simples mais si évidentes qui changent tout sur le terrain ». On le dit « plus calme, plus zen, plus cool » qu’auparavant et moins sujet à des sautes d’humeur comme quand il avait, en 2017, demandé à ses dirigeants de revendre Saint-Maximin à l’issue du premier entraînement de ce dernier.

Rassuré par la récente arrivée de plusieurs recrues (Beka Beka, Ramsey, Schmeichel) et des ambitions d’Ineos, Favre s’est donné deux ans pour se mêler à la lutte pour le podium. « Nice doit faire en sorte de progresser et régulièrement finir dans les trois premiers, et même plus. Je le prends pour moi mais il faut le dire », osait-il, en juin. « Lucien, c’est l’ambition poussée à l’extrême, le très haut niveau, résume un proche. Il n’est pas revenu pour le soleil et faire de la figuration en France. »

 

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