Que demanderait Habib Bamogo à Noël pour compléter sa panoplie ? « Un jeu de tête », répond-il sans hésitation. Il a pourtant marqué du front contre Nantes (2-1). « Mais j’étais seul. Chez moi, on va dire que la tête, c’est juste fait pour réfléchir. » Bamogo, vingt-six ans, est diplômé de l’école montpelliéraine, 143 fois titulaire en L 1 à Montpellier, Marseille , Nantes et Nice (sur 220 matches).

 

 

Son camarade Fae le surnomme « Bam’ le remixeur », « parce que lorsqu’il se met à raconter des histoires, il rajoute toujours des trucs qu’il invente ». À son crédit, 41 buts, dont cinq cette saison dans une position d’attaquant de couloir droit qui partage son esprit en deux, entre mouvements offensifs et préoccupations défensives. L’un de ses buts a été magnifique, à Marseille (1-2, frappe bombée en lucarne droite de Mandanda), et lui en rappelle un autre, avec Montpellier contre Nice en 2004 : « Une reprise du plat du pied droit à la réception d’une diagonale, qui lobe Grégorini. »

 

Cette saison, Bamogo a prouvé son utilité, en passant par le« relance-flamme », une machine typiquement niçoise. On y recycle des joueurs abîmés après des choix de carrière peu judicieux, comme Hellebuyck (après Paris), Fae (après Reading) ou Bamogo, et ils ressortent comme neufs.

 

Ricort : « Il était sur un seul ski et à la sortie du virage, il s’est remis droit »

 

Bamogo est « monté très haut très jeune », rappelle le directeur sportif Roger Ricort. Effectivement : 16 buts avec Montpellier en 2003-2004, international Espoirs et sixième buteur de L 1 derrière Cissé, Frei, Drogba, Pauleta et Frau. Puis, direction l’OM pour ce Parisien aux origines à la fois ivoiriennes et burkinabés, formé à l’INF Clairefontaine et à Montpellier. Mais, à ce moment-là, Drogba s’en va, l’OM est instable, pas l’endroit idéal pour grandir, malgré cinq buts en six mois. « Après, j’ai eu deux déchirures et quand je suis revenu, Troussier avait ses joueurs. » Il est prêté à Nantes (4 buts, 2005-2006) puis revient à l’OM (2006-2007, 3 buts), qui le reprête en janvier 2007 au Celta Vigo en Espagne (2 buts). « À la base, l’OM et Nantes étaient de bons choix, mais ça s’est transformé en galères avec un but par-ci par-là », raconte-t-il. À l’été 2007, c’est Nice qui l’emprunte à son tour et lève l’option d’achat six mois plus tard. La saison passée a pourtant été encore assez pénible. Bamogo est généreux mais brouillon et inefficace (2 buts), parfois chahuté par le public pour sa spécialité : les frappes au ras des poteaux. Ricort : « Il se procurait énormément d’occasions et, quand tu as le sentiment de tout bien faire, de bien préparer ta frappe pour la voir passer à 10 cm, c’est très dur. C’est pour ça qu’aujourd’hui je dis bravo, bien joué. À un moment, il était sur un seul ski et à la sortie du virage, il s’est remis droit. En Espagne, il était capable de dribbler des joueurs du Real. Mais à unmoment, il a dû se sentir isolé, scotché. » « Quand on se sent un peu plus important, ça change, apprécie l’intéressé. À l’intersaison, le coach m’a dit qu’il croyait en moi et je ne voulais surtout pas qu’en fin de carrière, je puisse penser que j’étais passé à côté. » Bamogo s’est donc installé dans l’équipe type d’Antonetti, qui va tenter samedi à Toulouse de se rassurer après son échec contre Lille (0-1). Pour passer le cap des 30 points à la trêve – mieux que l’an passé (29) –, il faudra faire marcher la tête.