Pour connaître un peu Frédéric Antonetti, on a cru deviner un sentiment de satisfaction profond sur son visage à l'issue du match victorieux face à Nantes, dimanche soir (2-1). Il ne l'a pas montré, a juste dit « qu'il pensait à sa mère qui avait 79 ans. » Un aparté sentimental dont cet homme n'est pas coutumier mais qui lui a évité de s'éterniser sur le troisième succès en une semaine de son équipe (Paris et Nantes en championnat, Créteil en coupe de la Ligue).

L'OGC Nice, passé quatrième au classement avec 25 points est dans une bonne dynamique (7 matches sans défaite), c'est indéniable. Il vient de signer quatre victoires de rang, dont trois sur sa pelouse du Ray. À la fin de la partie, Lionel Letizi, le vétéran des Aiglons s'est réjoui de cette période faste : « On a le vent dans le dos, profitons-en et savourons-le ». Le portier emblématique du Gym sait bien qu'Antonetti va vite ramener tout son groupe à la réalité et se pencher sérieusement sur le déplacement à Saint-Étienne dès aujourd'hui, à la reprise de l'entraînement. Car sans l'avouer vraiment, l'ex-entraîneur des Verts aime bien troubler l'ordre établi, la hiérarchie déterminée en fonction des budgets.

Lors d'un match amical d'avant-saison à Albertville entre les Verts et le Gym, on n'avait pas senti d'abattement chez lui, à l'évocation des départs majeurs de joueurs comme Lloris, Ederson, Balmont et Koné. Il s'était contenté de répondre « que le club était parti pour un nouveau cycle ». Sûr déjà qu'il allait pouvoir créer une alchimie entre des trentenaires fidèles au poste (Letizi, Echouafni, Jeunechamp, Rool, Hognon, Kante et Hellebuyck) et des jeunots (Rémy, Mouloungui, Coulibaly, Diakité, Modeste) désireux de progresser sous son exigeante direction. Dire qu'il a réussi son pari serait prématuré, et le technicien corse le reconnaît lui-même, l'équilibre de son groupe est fragile, l'effectif pas pléthorique du tout. Mais son équipe possède en tout cas un état d'esprit et une assise technico-tactique de nature à lui éviter de sévères déconvenues. En résumé, le Gym, c'est du solide, une formation équilibrée capable de s'adapter tactiquement et de forcer la décision. Au point qu'elle y parvient même en l'absence de son meilleur buteur et danger numéro un : Loic Rémy (6 buts en championnat), qui était forfait dimanche en raison d'une blessure à la cheville contractée face au PSG. Cet OGC Nice-là impose donc sa loi au Ray mais n'est pas maladroit non plus loin de ses bases où son bilan instruit de sa capacité à être réaliste. Deux de ses trois succès à l'extérieur l'ont été sur le plus petit score (1-0) et le club azuréen fut tout près de créer la sensation à Gerland lors de la 5e journée, où l'arbitre fut d'un précieux secours pour un OL malmené. Malgré les circonstances, sûr qu'Antonetti et ses joueurs mettront autant de conviction à Geoffroy-Guichard, où le Corse jouit d'une popularité intacte.