Très critiqué lorsqu'il était à Lyon, Claude Puel a restauré son image à Nice, quatrième de L1 avant son déplacement à Saint-Etienne, samedi. «Mon image, ce que je peux véhiculer, c'est secondaire...», assure pourtant le technicien.

 

«Claude Puel, en arrivant à Nice, vous aviez annoncé que l’objectif, dans les quatre-cinq années à venir, serait de jouer la Ligue des champions. Vous attendiez-vous à être à la lutte dès cette saison ?

 

Non, non. En début de saison, on s’était un peu moqué de nous quand j’avais dit ça, mais je ne vois pas en quoi c’était utopique. Ça me paraît normal d’avoir de l’ambition. Cette saison, les choses se sont mises en place plus  vite que prévu, mais on ne se gargarise pas.

 

Quand on ne compte qu’un point de retard sur le podium, est-ce difficile de ne pas regarder en haut ?

 

Il reste tellement de matches à jouer… On va devoir beaucoup se déplacer, affronter des prétendants qui ont des choses très importantes à jouer, et on a également beaucoup de blessés. Il y a énormément d’inconnus ! Si, à trois ou quatre journées de la fin, on est toujours en passe de jouer quelque chose, on ne s’en privera pas. Mais il ne suffit pas de dire qu’on est ambitieux, il faut aussi s’en donner les moyens. Et comme on n’a pas de moyens financiers, ça passe par des ambitions de jeu, du travail et beaucoup d’humilité.

 

«Il y a eu une prise de risque importante, mais on a pensé à l'avenir.»

 

L’été dernier, vous avez fait venir des joueurs inexpérimentés (Pied, Kolodziejczak, Bautheac, Eysseric…) et un inconnu (Cvitanich). Paris risqués…

 

On est dans un projet sur une plusieurs années. On n’avait pas les moyens de recruter des joueurs confirmés.  Soit on prenait des joueurs qui pourraient faire un an ou deux au club pour assurer le maintien. Soit on prenait des risques avec des jeunes joueurs que personne ne connaissait, mais qu’on pourrait faire progresser pour accompagner le projet. Il y a eu une prise de risque importante, mais on a pensé à l’avenir.

 

En l’espace de quelques mois, vous avez fait passer Nice d’un club qui joue le maintien à un club qui joue le haut de tableau. Comment cela a-t-il été possible ?

 

S’il suffisait de dire qu’on joue la Ligue des champions pour avancer, tout le monde le ferait. Il y a eu une refonte de l’effectif importante, le groupe est réceptif, les résultats mettent du piment, les mentalités et l’appétit évoluent à mesure que le Championnat se déroule… Tout le monde suit le projet initial de jeu, de structures,… C’est un ensemble de choses qui fait que tout le monde regarde vers l’avant. Pour tout projet sportif, il faut un environnement propice à la performance, avec beaucoup d’écoute et une ligne directrice entre les dirigeants et le secteur sportif. C’est ce qui se passe à Nice.

 

«Là-bas aussi, c'était un début de cycle, mais quand on est à Lyon, il ne faut pas que ça se voit.»

 

Cette première saison au Gym consolide, pour l’instant, votre image d’entraîneur bâtisseur…

 

Dans un club, on bâtit toujours. A Lyon aussi, j’ai bâti des structures, monté des gamins, préparé un effectif pour les années futures.  Mais tout ça passe à l’as parce qu’il y  a une obligation de résultats. Pour moi, entrainer à Nice, Lyon, Monaco ou Lille, c’est la même chose. L’essence du métier ne change pas.

 

La différence entre Nice et Lyon, c’est qu’à l’OL, vous arriviez dans un club qui avait déjà beaucoup gagné.

 

Oui, mais qui arrivait en bout de cycle, avec un effectif à remodeler ou à faire évoluer. Là-bas aussi, c’était un début de cycle, mais quand on est à Lyon, il ne faut pas que ça se voit.

 

Avec ce que vous être en train d’accomplir à Nice, peut-on parler d’une réhabilitation ?

 

Non, je ne fonctionne pas comme ça. Mon image, ce que je peux véhiculer, c’est secondaire… Personnellement, je suis fier de ce qui a pu être réalisé partout où je suis passé. Je n’ai pas besoin de réhabilitation parce que je sais aussi que ce qui a été réalisé à Lyon, dans les conditions où ça a été réalisé. Mais là, il n’y a que moi qui le sais (rires)».