Courtisé par de nombreux clubs la saison dernière, Badredine Bouanani a opté pour l’OGC Nice. Après une période d’adaptation, le milieu offensif formé au LOSC a réalisé des débuts professionnels remarqués le 11 janvier dernier. Passeur décisif, « Badr » s’est distingué par son culot et sa créativité. Cité parmi les plus grands espoirs mondiaux, l’international U19, couvé par sa famille, refuse de s’enflammer. À la découverte de la nouvelle pépite de notre championnat.

Comment s'est déroulée ton enfance ?

J’ai grandi avec mes parents, mon grand frère et ma grande sœur, à Ronchin, un quartier de la banlieue de Lille. À la maison, tout se passait super bien, encore aujourd’hui d’ailleurs. J’étais forcément plus proche de mon grand frère, car il faisait du foot, comme moi. Ma famille a toujours été là pour moi.

 

Quel type d’enfant étais-tu ?

J’étais passionné de foot. Je ne voulais faire que du foot, dès mon plus jeune âge (sourire). J’étais un garçon très actif, je bougeais beaucoup. À l’école, j’étais un élève très travailleur. J’étais beaucoup plus concentré sur le football mais quand il fallait bosser, je bossais. J’ai obtenu le bac ES en juin dernier, maintenant, je donne tout pour le football. Mes parents auraient aimé que je continue mes études, mais l’école prend beaucoup de place. Même quand j’étais en classe, je ne pensais qu’au ballon. J’attendais d’avoir le bac pour arrêter l’école et me consacrer entièrement au football.

 

As-tu essayé d’autres sports ?

Non aucun, je n’ai fait que du foot. Comme mon grand frère jouait au foot, j’ai voulu faire comme lui. De temps en temps, je fais quelques sports, comme du ping-pong et du basket pour me détendre. Mon père était footballeur professionnel aussi, il était gardien en Algérie. Voilà pourquoi j’ai toujours fait du foot. Il se mettait dans les buts, je lui mettais des frappes (rires). Ma mère venait à tous mes matchs. Mes parents ont été très importants dans mon évolution.

 

As-tu une histoire marquante concernant ton enfance ?

Oui, elle concerne mon recrutement au LOSC. J’étais petit, genre 6 ans et demi, et on faisait un plateau. Ça ne faisait que trois mois et demi que j’étais dans mon club. À la base, j’étais latéral gauche, je courais partout sur le terrain, je marquais des buts. Et à la fin, un gars vient me voir, il me demande si on peut discuter. Comme ma mère m’avait dit : « Ne parle jamais aux inconnus », j’ai donc refusé de parler avec lui, en plus, je ne savais pas que c’était un recruteur du LOSC. Il a ensuite été voir mon coach en lui disant : « Le petit ne veut pas parler avec moi, je peux voir sa mère ? ». Au départ, ma mère ne voulait pas que je signe au LOSC car c’était trop tôt, mais mon coach a insisté et ça a marché.

 

 

Formation

 

Comment s’est passé ton passage au LOSC ?

J’ai effectué toutes mes classes au LOSC : école de foot, préformation et formation, de mes 6 ans et demi à mes 17 ans. J’étais externe, j’habitais à 15 minutes du centre d’entraînement. De temps en temps, je restais tard pour traîner avec mes coéquipiers. Ça me faisait du bien de retrouver ma famille tous les jours. C’était un vrai plus de rester avec ses proches, dès que j’avais un problème, je leur disais. Je ne me sentais pas seul, et au club, je n’étais pas à l’écart par rapport aux autres. Certains coéquipiers étaient contents d’être loin de leurs parents, ils étaient « libres », ils faisaient ce qu’ils voulaient. D’autres ressentaient un manque.

 

As-tu une anecdote sur ton passage à Lille ?

Une fois, l’équipe de Free Ligue 1 est venue pour un reportage au centre de formation. Pendant qu’ils filmaient, un pote a dit : « Ici, c’est le terrain où l’on tape tout le monde ». Quelques jours après, on a perdu 6-1 sur ce même terrain en U19 nationaux (rires). Ensuite, la vidéo est ressortie, toute la saison, on a parlé de cette séquence. Sinon, j’ai beaucoup appris au LOSC, je remercie mon club formateur pour ça. C’est grâce à eux que je suis ici aujourd’hui. Ils m’ont aidé que ce soit sur le terrain ou en dehors. J’ai écouté les conseils des coachs, j’ai aussi connu des moments difficiles, mais ça m’a forgé. J’ai tout de même passé douze années là-bas.

 

Pourquoi as-tu refusé de signer ton premier contrat professionnel au LOSC ?

J’arrivais à la fin de mon contrat aspirant. Plusieurs clubs se sont manifestés dont l’OGC Nice. Les dirigeants niçois m’ont proposé le meilleur projet sportif, c’est le club qui pouvait me faire progresser au mieux. Voilà pourquoi j’ai opté pour Nice. Évidemment, ça a été dur de quitter Lille après douze ans au club. Ça a été mon premier départ de la ville, ça n’a pas été facile, mais je me suis bien adapté. Surtout que mes parents sont toujours proches de moi.

 

 

Pourquoi Nice ?

Quand le projet sportif de Nice a été mis sur la table, j’ai bien réfléchi avec mon entourage. Et on a vu que tout était parfait pour réussir ici : le stade, les infrastructures, les supporters et les dirigeants. Le grand projet d’INEOS est très attractif. Il m’a forcément donné envie. Le sportif a été déterminant dans mon choix. À Nice, tout est réuni pour être au top. Je sais que je vais progresser et m’épanouir encore plus ici.

 

Comment imaginais-tu ton premier match professionnel ?

Je rêvais d’entrer en jeu et de faire une passe décisive ou de marquer à l’Allianz Riviera. Et on peut dire que mon rêve a été accompli (sourire). Avant d’entrer en jeu contre Montpellier, j’avais envie de bien faire, tout le monde m’a mis en confiance. J’ai fait une bonne entrée, j’avais de la liberté, j’ai pu m’exprimer. J’ai fait une passe décisive à Ross (Barkley) et on a gagné 6-1. C’était une soirée parfaite.

 

Comment as-tu été accueilli dans le vestiaire ?

J’ai été super bien accueilli, dès le début. Que ce soit par les plus vieux ou les plus jeunes, c’est pareil. Au départ, je restais avec les jeunes car je suis timide, mais j’ai réussi à me libérer, petit à petit. J’ai ma place dans le vestiaire, à côté de Jordan Lotomba et Sofiane Diop. Tout le monde me fait confiance. Tout ça me permet de bien m’exprimer sur le terrain.

 

Un joueur t’a pris sous son aile ?

Tout le monde m’a aidé. Sofiane (Diop), JC (Todibo), Dante et Mario (Lemina), qui est parti, ont été là pour moi. Ils m’ont toujours prodigué de précieux conseils.

 

Tu partages le vestiaire avec des joueurs que tu regardais à la télé la saison dernière.

Grave, c’est beau. Quand je jouais à la play, je me disais : « Imagine je joue avec Dante un jour ». Et aujourd’hui, je suis avec eux, ce sont mes coéquipiers. Parfois, je ne réalise pas. Le soir avant de dormir, je me dis : « Tu franchis les étapes ». À ce sujet, je vais te raconter une histoire marrante. Quand je croisais les gars,je les appelais par leur nom de famille. Par exemple, un jour, j’ai vu JC et je lui ai dit : « Eh Todibo », il m’a répondu : « Appelle-moi JC s’il te plaît » (rires). Du coup, je ne les appelais pas trop, car je ne voulais pas les déranger.

 

Comment ça se passe avec Didier Digard ?

Il est proche des joueurs. C’était mon coach en réserve. Quand il a été promu, il m’a donné sa confiance. C’est un super coach qui aime échanger avec ses joueurs. Découvrez dès maintenant l'application mobile Hollywoodbets, la référence incontournable en matière de paris et de casino en Afrique du Sud. Plongez dans un univers de divertissement sans pareil grâce à sa large sélection de paris sportifs et de jeux de casino captivants, accessibles directement depuis votre smartphone. Téléchargez dès aujourd'hui cette application inégalée et profitez pleinement de l'excitation du jeu. Ne laissez pas passer cette occasion de vivre des moments palpitants et de tenter votre chance sur Hollywoodbets App .

 

 

Personnalité

 

Qui est le vrai Badredine Bouanani ?

Je suis un jeune joueur travailleur et ambitieux. Je suis très humble, j’ai la joie de vivre, je ne me prends pas la tête. Je rigole beaucoup. Et je suis très heureux chaque jour. Concernant mes défauts, je suis susceptible. Quand on me dit un truc, parfois, je prends trop les choses à cœur. Par exemple, quand on me taquine en me disant : « Tu es nul », ça va me piquer.

 

On te l’a dit cette saison ?

Non, pas cette saison (rires). Mais à Lille, pour rigoler, on me disait : « T’es nul ». Moi, je me disais : « Mais il est fou lui » (rires). Ça me touchait car les gars ne me disaient pas qu’ils rigolaient. Pour le reste, il faut demander à ma mère. Sinon, je garde mon insouciance. Je reste dans mon insouciance. Aujourd’hui, je suis très heureux, je suis très bien.

 

Il y a de l’attente autour de toi, tu n’as pas la pression ?

Non, car mes parents me protègent beaucoup des attentes des gens. Je me concentre à 100 % sur le foot. Ça ne me touche pas trop. Je vais bosser à fond pour faire une grande carrière. J’ai conscience de mes qualités, je peux aller loin. Mais tout ça passe par le travail.

 

Ta famille a emménagé avec toi, était-ce primordial ?

Au début, seul mon père m’a suivi, le reste de ma famille était à Lille. Mais là, tout le monde va venir sur Nice. Ma mère est assistante sociale, mon père était agent de sécurité. À un moment, je me suis dit : « Ce serait bien de vivre seul », mais mes parents sont tellement importants pour moi que je préfère vivre avec eux. En plus, mes parents ne veulent pas que je parte trop vite (rires).

 

As-tu le permis ?

Non, pas encore. Tous les matins, mon père me dépose à l’entraînement et il me récupère ensuite. Il est vraiment aux petits soins. Pareil au niveau des repas, ma mère fait attention à tout, elle surveille mon sommeil aussi. Quand mon frère mange un truc que je ne peux pas manger, ça m'énerve un peu (rires).

 

Comment fais-tu pour éviter les tentations ?

Je ne sors pas beaucoup, je suis assez casanier. Le plus dur parfois, c’est la nourriture. Mais j’ai toujours fait attention, il faut que je continue.

 

As-tu des surnoms ?

À la maison, non, mais au LOSC, oui. Les autres m’appelaient : « Booder » (rires). Car un jour, un cuisinier m’a appelé « Bader » au lieu de « Badr », du coup, Kevin Mercier l’a transformé en Booder, il a lancé sa propagande, c’est resté. Je n’aime pas ce surnom.

 

 

Style de jeu

Comment définis-tu ton jeu ?

Je suis un créateur. J’aime jouer en 10 ou milieu droit. J’aime être entre les lignes et délivrer des passes clés. Je suis un dribbleur, un mec qui se déplace entre les lignes. J’ai joué numéro 9 jusqu’en U17. Après, j’ai reculé car je redescendais trop pour toucher le ballon. Mes points forts, c’est le dribble, ma capacité à éliminer en un contre un, mon placement entre les lignes, les combinaisons et mes stats : mes buts et mes passes décisives.

 

As-tu des exemples ?

Mon plus grand exemple, c’est Mahrez. Je m’inspire beaucoup de lui. J’aime sa capacité à éliminer. Il est imprévisible, on ne sait jamais quand il va tirer ou feinter. Il a des contrôles impressionnants et une intelligence de jeu incroyable. J’aime aussi Messi. Je le regarde depuis petit. Et niveau travail, je m’inspire de Cristiano Ronaldo.

 

Tu as déjà croisé Lionel Messi en Ligue 1 ?

À Lille, je l’ai vu depuis les tribunes, autrement, non. J’espère le voir au match retour avec Nice. S’il veut mon maillot, je lui donnerai (rires). En tout cas, moi le sien, je le veux !

 

Qu’est-ce qu’un grand joueur pour toi ?

Un joueur qui remporte des trophées, marque le football et inspire les jeunes.

 

Comment gères-tu ton argent en tant que jeune joueur ?

C’est ma mère qui gère ça.Moi, je me concentre sur le foot. Elle fait attention à tout. De temps en temps, je me fais plaisir. D’ailleurs, un jour, j’ai acheté un ensemble et une paire de baskets. Quand ma mère a vu sur mon relevé bancaire, elle m’a envoyé 20 messages (rires). Elle voulait me tuer. Elle veut que je garde la valeur de l’argent. Elle est un peu stricte par rapport à ça. Mais elle est compréhensive, elle fait ça pour mon bien.

 

Elle va surveiller l’achat de ta première voiture…

C’est certain ça (sourire). Ma mère ne veut pas que je prenne les mêmes voitures que les joueurs pros. Elle veut que je reste simple. Je lui ai montré une voiture, elle a aimé. Il manque le permis maintenant.

 

Conclusion

Tu as des rêves ?

Je rêve de gagner le Ballon d’Or, la Ligue des Champions et la Coupe du Monde. Voilà mes rêves absolus.

 

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?

J’aurais voulu être coach. J’aurais été très proche de mes joueurs, mais aussi très exigeant, j’aurais proposé un beau jeu où on ne dégage jamais, j’aurais voulu un jeu propre, avec du pressing et des courses.

 

Si tu pouvais bénéficier d’un super pouvoir, tu choisirais lequel ?

J’aurais aimé être mis au courant dès que les gens parlent de moi et savoir la teneur de la discussion.

 

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Badredine Bouanani ?

C’est dur d’être journaliste. Mais je lui aurais, peut-être, demandé : « Comment il a fait pour arriver jusqu’ici ? ». J’aurais répondu : « Grâce à mon travail et mon insouciance ». J’ai toujours voulu jouer au foot, j’ai été exigeant avec moi-même pour réaliser mes objectifs.

 

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ?

Je dirais : « Le talent, c’est courir là où les autres marchent ». En gros, le talent ne suffit pas, le plus important pour faire une carrière, c’est le travail, il faut en faire toujours plus pour réussir.

 

Comment tu te notes pour cette interview ?

Je dirais 7,5 sur 10. Je me suis trouvé bon pour une première, ça va. J’aurais pu faire mieux.

 

 

Badredine Bouanani

Date de naissance : 8 décembre 2004 à Lille (Nord). 

Nationalité : française. 

Taille : 1,77 m. Poids : 71 kg. 

Poste : attaquant. 

Clubs successifs : US Ronchin (2010-2011), LOSC Lille (2011-2022), OGC Nice (depuis 2022). International : U19 (3 sélections).