Un temps proche de l’équipe de France, Wylan Cyprien a été brisé dans son envol par une grave blessure en mars 2017. De retour à son meilleur niveau, le milieu de terrain formé à Lens relativise désormais plus facilement. Preuve en est, le Guadeloupéen, malade juste avant notre venue, a tout de même honoré son engagement durant une heure et demi. Et il n’a pas hésité à nous tacler... avec humour.

 

 

 

Comment s'est déroulée ton enfance ?

 

Un petit peu mitigée dans le sens où je me trouvais en Guadeloupe jusque mes 9 ans. J’ai ensuite débarqué en France. J’ai découvert un nouveau style de vie chez une tante, à MassyPalaiseau. À cette époque, j’étais à des années-lumière du football. Après avoir démarré les cours à l’école, j’ai commencé à côtoyer du monde et à m’adapter. Je me suis fait des amis. Tous les mercredis, ils allaient jouer au foot. De mon côté, je faisais du hand et du basket. De temps en temps, j'allais les voir pour passer du temps avec les potes. Un mercredi après-midi, il manquait un joueur. Ils m’ont proposé de venir. Et j’y suis allé. C’était au Stade Louis Lumière, à Paris. Juste à côté, le Paris FC s’entraînait. Un entraineur est ensuite venu nous voir pour nous demander de venir à la détection du club le lendemain. On y est allés et voilà. Mon aventure footbalistique a démarré à partir de là...

 


Tu étais comment à l’école ?

 

J’ai été jusqu’au bac. J’étais assez intelligent dans le sens où je n’avais pas besoin d’apprendre les leçons pour avoir 10 ou 11, la moyenne quoi. Je me suis toujours contenté de ce strict minimum. Je n’ai jamais été un gros, gros fanatique de livres. Je n’avais qu’une obsession : jouer au foot et jouer au foot.

 


Tu as une histoire marquante par rapport à ton enfance ?

 

J’avais 12 ans. Et un soir lambda, je rentre de l’entraînement et je me pose à maison comme d’habitude. Et d’un coup, ça sonne à la porte. Et habituellement, ça ne sonne jamais à cet horaire. Il devait être 20 heures ou 21 heures. Et c’était Marc Westerloppe qui venait pour rencontrer ma mère. Je ne sais toujours pas comment il a trouvé l’adresse et comment il savait que j’habitais ici. Il a tout fait pour convaincre ma mère de me faire signer au Racing Club de Lens. Au début, elle n’était vraiment pas chaude à cette idée là. On a ensuite fixé un deuxième rendez-vous avec mon oncle avant que je signe à Lens avant ce soir-là où la porte a sonné et quand j’ai entendu qu’il s’est présenté à ma mère : « Bonsoir Monsieur Marc Westerloppe, recruteur pour le Racing Club de Lens », moi, je jouais au foot pour m’amuser et pas dans l’optique de devenir footballeur professionnel. Ça m’a permis de commencer à entrevoir le monde professionnel...

 

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Ta maman dit de toi que plus jeune, tu étais bon dans tous les sports. Comment le choix s’est fait ?

 

J’étais dans une section sport-étude. Je faisais du hand et du basket. Le mercredi, tout le monde allait au stade : ceux de la course à pieds, ceux de l’athlétisme, ceux du foot, ceux du hand, ceux du basket. Et moi, j’étais dans la session hand-basket. Et un mercredi, il manquait un mec. Comme je savais un peu jouer au foot, ils m’ont convié. Et depuis ce mercredi, tous les coachs se battaient entre guillemets pour m’avoir avec eux le mercredi. C’était un petit bordel à chaque fois parce que - comme elle a dit - j’étais un petit bon dans tous les sports que je faisais.

 


Ta maman pensait quoi de tout ça ?

 

Elle, elle me tapait sur les doigts pour que je sois bon à l’école pour que je puisse avoir un bon métier et ne pas galérer comme elle a pu galérer au début de sa vie professionnelle.

 

 


FORMATION

 


Deux ans après avoir démarré le foot, tu signes dans un club pro, ça devait être la folie dans ta tête, non ?

 

Au début, je ne réalisais pas trop. Je signais dans un club professionnel mais ça ne voulait pas dire que j’étais professionnel. Je me disais : « Si dans trois ou quatre ans, ils se rendent compte que je n’ai pas le niveau, je rentrerai à la maison en ayant perdu du temps ». J’étais un peu partagé. J’avais la crainte aussi de partir loin de tout ce que j’ai connu. Déjà qu’à neuf ans, j’ai dû tout quitter et là, la même chose se reproduisait plus ou moins. Je devais tout re-quitter pour me refaire de nouveaux amis notamment. J’avais plus l’appréhension et la crainte de ça que du monde pro.

 


Tu as connu des coups durs ?

 

Mon premier hiver (sourire). Je n’étais pas habitué. Et un matin, on partait s’entraîner et il neigeait. Je me rappelle que c’était une période très compliquée au mois de janvier, pas loin de mon anniversaire en plus. Quand je suis sorti de l’entraînement, j’avais les pieds tout bleus et tout durs. Je ne savais pas ce qu’il fallait faire, du coup, je les ai mis sous l’eau chaude. Et après ça, j’ai eu des douleurs atroces. Je me rappelle avoir pleuré. Je disais que je voulais rentrer chez moi et que je n’avais pas envie de souffrir. Surtout que je ne savais même pas si je pouvais aller au bout. Ma mère et mes potes de Paris me manquaient. Je voulais rentrer. J’ai connu deux semaines compliquées. Le club l’avait très bien senti du coup, les dirigeants ont fait venir toute ma famille pour mon anniversaire pour que je puisse me sentir bien. Ils voulaient me donner un coup de boost pour repartir de l’avant lors de la deuxième partie de saison. Ça a été un moment très difficile : le premier hiver passé dans le nord.

 


Et le bon souvenir que tu n’oublieras jamais ?

 

Un matin à 10 heures, j’étais en cours de maths. Et puis, ça tape à notre porte. C’était l’adjoint des pros qui m’a dit : « Wylan, tu viens t’entraîner avec nous, il manque quelqu’un ». Voilà mon meilleur souvenir à Lens, c’était mon premier entraînement avec les pros.

 

LENS

 


Qu’as-tu ressenti quand tu as appris que tu allais signer ton premier contrat pro ?

 

C’est particulier, car j’ai commencé à jouer avec les pros sans avoir de contrat. Du coup, quand le contrat est arrivé, c’était attendu. Ce n’était pas une surprise. J’étais content parce que je voyais ma famille fière. Et au-delà de faire des matchs, j’avais enfin le contrat qui allait avec. C’était une nouvelle vie qui commençait.

 

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Tu ne gagnais plus ta vie de la même manière non plus...

 

Oui, il y a ça aussi. Mais moi, j’avais une mère assez spéciale (sourire). J’avais pour habitude de la surnommer « le fisc » (rires). Elle était super présente. Niveau sous, elle cadenassait tout. Elle mettait de côté et me donnait uniquement ce dont j’avais besoin pour vivre. Ça m’a bien servi car aujourd’hui, j’arrive à garder ça et j’arrive à bien gérer mes sous. Si elle n’avait pas été aussi dure et qu’elle m’avait laissé faire ce que je voulais avec mes sous, je pense que comme tout jeune ayant pas mal de sous, j’aurais été amené à faire des conneries et le dépenser n’importe comment.

 

Qu’est-ce que ça fait de voir le RC Lens en Ligue 2 ?

 

Ils jouent la montée. J’espère les croiser la saison prochaine. Même quand je regarde les tirages en Coupe, je me dis toujours : « Je veux tomber contre Lens ». J’espère que le club va monter en Ligue 1. Lens mérite d’être en Ligue 1 et surtout, le club a les infrastructures et l’histoire pour être en L1. Je lui souhaite le meilleur. Mais, aujourd’hui, je suis un joueur de l’OGC Nice, je me concentre déjà sur nos performances (sourire).

 

NICE

 

Tu as rejoint l’OGC Nice alors que le club démarrait depuis peu un nouveau projet tourné vers les jeunes joueurs à fort potentiel. Tu n’as pas eu peur ?

 

Non parce que la saison qui a précédé mon arrivée, le club avait fait une saison extraordinaire en terminant quatrième avec un Hatem Ben Arfa de feu. Au-delà d’avoir Hatem en feu, le club avait un véritable fond de jeu. Le coach Puel faisait un boulot incroyable. Et ça me donnait envie de venir pour jouer au ballon parce que moi, c’est ce que j’aime. J’apprécie le redoublement de passes, le jeu dans les petits espaces. Et c’était le jeu que l’OGC Nice prônait. Donc peur, non. Il n’y avait pas besoin d’avoir peur. Je suis venu dans l’optique d’avoir une place de doublure de Koziello et de Seri. Je me disais : « Quand le moment se présentera, je ferai tout pour garder la place ». Et c’est ce que j’ai fait pas longtemps après ma signature. J’ai passé le premier match sur le banc face à Rennes. La semaine d’après contre Angers, j’ai débuté. Et je n’ai plus quitté le onze jusqu’à ma blessure.

 

Qu’est-ce qui t’a attiré ?

 

Le projet et la continuité dans la mentalité de Lens et de Nice. Ce sont deux clubs familiaux. C’était un peu pareil aussi au niveau des dirigeants, j’ai ressenti la même confiance. Du coup, je voulais tout faire pour leur rendre sur le terrain. C’est le projet et le club qui m’ont donné envie.

 

Penses-tu avoir pris une nouvelle dimension depuis ton arrivée ?

 

Oui depuis mon arrivée au club, j’ai vachement grandi. Au début, j’étais le petit jeune qui sortait d’un bon club de Ligue 2. Ensuite, je suis passé à joueur surveillé parce que je faisais une saison incroyable. Après, il y a eu la blessure. J’ai mis un an à bien revenir. Là, je commence à être très bien. Je me sens de mieux en mieux. J’ai des responsabilités de par mon ancienneté au club et de par ce que je fais sur le terrain. Je sens que je suis devenu quelqu’un d’important que ce soit aux yeux des supporters, de mes partenaires, des dirigeants ou du coach. Je sens que les gens comptent sur moi ici. Ça me donne une envie supplémentaire de me battre sur le terrain et de faire les courses. Donc oui j’ai pris une nouvelle dimension dans le sens où je suis devenu plus important dans le club.

 

Peux-tu nous parler du management de Patrick Vieira ?

 

Le coach est très exigeant dans le sens où il aime le beau jeu et il aime quand ses gars sont impliqués et se donnent à fond. Il fait attention à tout, même à ce qu’on fait en dehors du terrain. Par exemple, on vient tous les matins, on prend notre petit déjeuner ensemble, on s’entraîne ensuite avant de manger tous ensemble le midi. Il a instauré une super cohésion de groupe. On passe vachement de temps ensemble du coup, on se connaît mieux. Certains garçons étaient super timides avant son arrivée. Et depuis que le coach est là, ils se sont bien dévoilés. De fait, ils ont réussi à mieux s’exprimer sur le terrain car ils étaient moins timides grâce à ces moments passés ensemble. C’est la chose qui change vraiment avec Patrick Vieira par rapport à Lucien Favre. Le coach Favre ne faisait attention qu’à l’aspect terrain. Il ne s’en foutait pas du reste, hein, je ne dis pas ça. Mais pour lui dans sa tête, il se disait qu’il avait à faire à des grands garçons professionnels du coup, il n’avait pas de temps à perdre avec ça. Il faisait attention à la tactique sur le terrain seulement. Lui, c’était le terrain, le terrain, et le terrain. Voilà la chose qui différencie les deux. Le coach Vieira vit sa première saison avec un club européen chez les professionnels, tout se passe bien. Et de toute manière, je n’avais pas de doute là-dessus. Surtout avec l’immense carrière qu’il a eue et surtout, la sérénité et le calme qu'il dégage. Ça ne peut que fonctionner.

 

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STYLE DE JEU

 

Si tu devais parler de ton jeu, tu dirais quoi ?

 

Ta question est compliquée. Quand je joue, je ne vois pas ce que je dégage. Je suis concentré sur ce que je fais. (Il réfléchit longuement). Je suis un milieu de terrain qui aime les passes courtes, qui aime casser des lignes pour donner un temps d’avance à mes attaquants. Je dois encore faire quelques progrès sur l’aspect défensif. Je pourrais gratter plus de ballons dans les pieds adverses mais je suis un peu plus tourné vers l’offensive dans le sens où j’aime bien accompagner les attaques pour utiliser ma bonne frappe. Il faudrait que je fasse un effort de concentration pour chiper quelques ballons aux moments clés des matchs.

 

Tu es passé de joueur d’avenir à joueur confirmé de Ligue 1. Comment vas-tu devenir un grand joueur ?

 

Seul l’avenir nous le dira. Déjà, ça passera par de bonnes performances en tant que joueur confirmé entre guillemets. Je sens que ça commence à être plus compliqué pour moi dans le sens où les gens ne sont plus surpris quand ils m’affrontent. Ils ne disent plus : « On ne sait pas qui c’est, on ne connaît pas ses qualités ». Maintenant, tout le monde connaît plus ou moins mes qualités. Les joueurs adverses savent que j’ai une bonne frappe. Lors de ma première saison, je pouvais frapper dans tous les sens, personne ne me sortait dessus. Et là, à peine après mon contrôle, je sens que deux adversaires me sautent dessus. C’est normal en même temps, ils ne vont pas me laisser faire ce que je sais faire de mieux. Du coup, c’est à moi de trouver de meilleurs angles, de mieux me déplacer et de faire plus. Si j’arrive à franchir cette étape-là, je pourrai entrevoir la phase du « grand joueur ».

 

Tu dois réinviter ton jeu quelque part. Tu te remets en question ?

 

Oui, je me remets toujours en question. Je n’ai pas un orgueil ou un ego mal placé. Je ne me dis pas : « Ce que je fais, ça passera toujours,
ça ne sert à rien de m’adapter ». J’essaie toujours de m’adapter et de faire des courses que je n’ai pas pour habitude de faire pour surprendre. Les derniers buts que j’ai mis, c’est lorsque j’ai plongé dans la surface. Chose que je ne faisais pas habituellement. Étant donné que j’avais une bonne frappe, je restais à l’entrée de la surface pour frapper avant. Comme je sais qu’ils me surveillent, je plonge comme un attaquant pour surprendre et pour marquer. Voilà ce qui me permettra de grandir, d’élargir ma palette et de pouvoir jouer sur plusieurs tableaux pour que ce soit extrêmement difficile de défendre sur moi.

 

Tu penses être à ton maximum sur le terrain ?

 

Non, je suis loin d’être à mon maximum. Je l’ai entrevu à une période. Aujourd’hui, c’est un peu plus compliqué dans le sens où on est pile un an après ma reprise. On dit qu’en général, il faut presque le même temps que la blessure pour retrouver son vrai niveau. Là, je commence à être bien. De belles années sont devant moi.

 

Quelle est la critique la plus constructive que tu aies pu recevoir jusqu’à maintenant ?

 

C’est celle de ma mère. Elle m’avait dit : « Tu as toujours été dans le confort et la facilité et maintenant que tu es dans le dur avec cette blessure, on va voir si tu as vraiment les épaules pour surmonter tout ça ». Cette phrase m’a vraiment touché. Je me suis dit : « Si elle me dit ça, c’est qu’elle veut me faire réagir ou qu’elle ne croit pas vraiment en moi donc je vais lui montrer qu’elle n’a pas raison de douter ». Je me suis mis à bosser comme un malade. Et c’est ce qui m’a permis de remonter la pente.

 

Vous êtes revenus sur cette discussion ?

 

Oui après avoir marqué mon premier but après ma reprise. Je lui avais dit : « Tu vois que je suis capable de le faire, tu n’avais pas besoin de douter de moi ». Elle m’a répondu : « Je n’ai jamais douté c’est parce que je savais qu’il te fallait un gros coup de pied au cul pour avancer ». Et c’est ce que j’ai fait.

 

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PERSONNALITÉ

 

Si tu devais parler de Wylan, tu dirais quoi ?

 

C’est quelqu’un de très calme, de posé et qui ne se prend pas la tête.

 

Il a des défauts ?

 

Je n’aime pas perdre. C’est un mauvais défaut que j’ai.

 

Tu as connu une grosse blessure et quelques petites, en quoi ces blessures t’ont servi en tant qu’homme ?

 

À relativiser lorsque ça ne va pas trop au foot et me dire qu’il y a toujours pire que soi. J’arrive mieux à me gérer après une mauvaise prestation ou une défaite par exemple, je passe plus facilement à autre chose maintenant. Je me projette plus facilement dans le match suivant.

 

 

Elles t’ont permis de te rendre compte de certaines choses ?

 

Ça m’a permis de faire un tri autour de moi, de voir ceux qui sont là par intérêt et ceux qui sont là pour la personne que tu es. Sinon, ça m’a permis surtout d’avoir une référence dans la douleur. J’ai connu un vrai moment compliqué à passer. Donc maintenant, quand j’ai des petits coups de mou, je les passe beaucoup plus facilement parce qu’après avoir traversé une grosse blessure comme ça, ça forge vraiment le mental.

 

Sur quels points as-tu le plus progressé mentalement depuis ton arrivée à Nice ?

 

Au niveau du professionnalisme par exemple. Le niveau n’est pas le même du coup, tu dois te sublimer techniquement. Et même en dehors du terrain, je fais plus attention. Avant, je ne faisais pas tout ça. Je me disais : « Je suis jeune, je n’ai pas besoin de ça ». Maintenant, je prépare mon corps à faire des efforts. Je fais toujours plus de gainage, plus d’abdos pour solidifier mon corps. Je ne veux plus connaître de déconvenue et me blesser sur un saut anodin par exemple. Maintenant, je me prépare et je passe mon temps à faire attention à mon corps.

 

Sur les réseaux, tu sembles être un garçon engagé, c’est important pour toi ?

 

Oui, j’aime bien tout ce qui est associations ou oeuvres caritatives pour les petits enfants qui ont du mal ou ceux qui veulent juste manger à leur faim. Je me dis qu’un petit post Instagram me prend cinq minutes et eux, ça leur permettra peut-être de manger pendant une semaine. Quand je fais la balance, je me sens quasiment obligé de le faire dans le sens où j’aurais aimé aussi qu’on me tende la main si j’avais eu des difficultés comme ça. Ça ne me coûte rien de le faire et ça rend la vie meilleure à plein d’enfants dans le monde.

 

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Tu t’étais également senti obligé de réagir aux attaques qu’a subies Marc Westerloppe ?

 

Oui. J’étais posé dans mon canapé quand j’ai eu vent de cette histoire. J’ai vu : « Monsieur Westerloppe accusé de racisme ». Après, je ne sais pas ce qu’il est devenu pendant toutes ces années. Mais moi, l’homme que je connais, ce n’était vraiment pas un raciste. La preuve, je n’aurais jamais pu découvrir l’OGC Nice s’il n’était pas venu me chercher à la maison. Pour moi, c’était du n’importe quoi donc je me devais de réagir et de lui montrer mon soutien dans un moment aussi difficile. C’était de la reconnaissance tout simplement. Sans lui, je ne suis pas sûr que j’aurais eu la même carrière.

 

Tu ne postes pas beaucoup de photos « hors foot » sur tes réseaux, c’est un choix ?

 

Non, c’est juste que je montre ce qu’il y a à montrer. Je parle du foot et je préserve ma petite famille. Quand ça va bien, ma famille ne craint rien. Je sais que la mentalité française a la critique facile donc je ne leur donne pas énormément de billes pour taper sur les doigts de ma famille. Donc s’ils doivent taper sur les doigts de quelqu’un, ce sera sur moi et personne d’autre.

 

Tu t’exprimes facilement, c’est quelque chose que tu travailles ?

 

(Sourire). Non, c’est naturel. J’ai eu une très bonne éducation par ma mère et comme je t’ai dit, je n’étais pas Frankenstein mais bon, il me fallait un cours pour comprendre les choses. Si je passais 10 minutes sur quelque chose, je l’apprenais facilement. J’avais pas mal de facilités à l’école donc, m’exprimer, c’est quelque chose que je sais faire. Et je ne suis pas quelqu’un de timide au quotidien. Les deux ensemble font que je m’en sors pas trop mal (sourire).

 

Tu parles beaucoup de ta maman. Le fait d’avoir grandi seulement avec ta maman, c’est une force ?

 

Non, ce n’est pas une force, elle fait partie de moi donc je lui dois tout. Je parlerai d’elle jusqu’à la fin de ma carrière. C’est grâce à elle si j’en suis là aujourd’hui et si j’ai la chance de vivre (rires). Et aussi grâce à elle si j’ai eu la chance de garder la tête sur les épaules et d’être quelqu’un de très bien éduqué. Elle aurait pu se dire : « Mon fils a réussi à 16/17 ans, je n’ai plus besoin d’être derrière lui ». Si elle n’avait pas été derrière moi, je serais peutêtre parti en cacahuète et toute son éducation serait partie en fumée. Au contraire, elle a toujours été là. Je n’ai pas fini de la remercier et je la remercie encore aujourd’hui.

 

 

SÉLECTION

 

Penses-tu à l’équipe de France ?

 

Comme tout joueur français... Celui qui ne pense pas à l’équipe de France : ou il n’aime pas son pays ou il n’a vraiment pas d’ambition. Bien sûr que j’y pense mais avant de franchir ce palier-là, il va falloir que je sois très, très bon dans mon club. Et il va falloir que je progresse encore parce qu’il y a des mecs qui sont déjà en place et qui sont très forts. À moi d’aller bousculer la hiérarchie. Pour l’instant, je ne me prends pas la tête en disant : « Il faut absolument que j’y aille ». Je prends du plaisir et quand je commencerai à vraiment tout casser avec mon club, je pourrai postuler à une place au milieu du haut gratin.

 

Quand tu vois des joueurs comme Ndombélé débarquer chez les Bleus, ça doit te donner envie ?

 

Bien sûr que ça donne envie. Mais il a été appelé en sélection, car il fracasse tout avec Lyon. Il a fait ce qu’il fallait pour y aller. À moi de m’en inspirer pour avoir, moi aussi, une place chez les Bleus un jour.


Tu as déjà eu l’occasion d’échanger avec Didier Deschamps ?

 

Pas encore mais je l’ai croisé dans l’avion un jour. J’allais me faire opérer sur Lyon, on a pu discuter un peu. Il m’a dit de bien me rétablir et qu’on se reverrait bientôt.

 

Et du coup, vous ne vous êtes pas encore revus ?

 

Pas encore. Quand j’aurai réussi à passer encore deux ou trois paliers, j’espère être amené à le côtoyer.

 

CONCLUSION

 

Tu as des rêves aujourd’hui ?

 

Je ne suis pas un rêveur. J’ai seulement des objectifs. Pour l’instant, je suis à l’OGC Nice et je fais tout pour aider mon club.

 

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Et en dehors du foot ?

 

Non, juste avoir une famille en bonne santé, c’est tout.

 

Tu as été papa très jeune, ça a eu un impact sur toi ?

 

Oui et non. Ça m’a donné beaucoup plus de responsabilités. Ça m’a permis de mettre un peu d’ordre dans ma vie et sur le terrain. Mais non, ça ne m’a pas perturbé. Au contraire, ça m’a fait grandir en tant qu’homme. Je suis très content d’avoir eu ma petite fille.


As-tu un plan de carrière ?

 

Non, je n’ai pas de plan de carrière. Je suis à l’OGC Nice pour le moment. Quand des clubs viendront et qu’en phase avec le club, on aura pris la décision que c’est le moment de partir, je réfléchirai à cela. Mais pour l’instant, la question ne se pose pas.

 

 

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?

 

J’aimais beaucoup la police. Mais pas pour devenir un policier normal, je pense plus à la police d’élite style faire partie du GIGN. J’aurais vraiment aimé faire ça.

 

Qu’est-ce qui t’attire dans ça ?

 

Encore aujourd’hui, quand je regarde les émissions, je suis assez impressionné. Quand je vois comment ils interviennent notamment lors des moments chauds, je me dis que ces mecs-là sont vraiment importants. Franchement, je kiffe.

 

Si tu avais été journaliste, tu poserais quelle question à Wylan Cyprien ?

 

(Il réfléchit longuement puis rit). Je lui aurais demandé : « Quelle heure est-il ? » (premier rire). Et j’aurais répondu : « L’heure de me barrer » (il éclate ensuite de rire).

 

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente ?

 

« Un homme blessé n’est jamais mort ». J’ai choisi cette phrase par rapport à la blessure que j’ai eue. Pendant une période, le chirurgien me disait que ça allait être compliqué de reprendre le football. Moi, je n’ai jamais lâché et j’ai toujours cru revenir à mon meilleur niveau. D’où ce dicton. Ma mère me répétait souvent cette phrase quand j’étais petit aussi. Lorsque je me faisais mal au pied ou que je me coinçais mon petit orteil dans le salon. Du coup, voilà ce qui ressort.

 

Si tu devais te mettre une note pour cette interview ?

 

Je dirais huit sur dix. J’ai évité les points chauds et j’ai bien répondu à ce que je pouvais répondre. |