Jean Pierre Rivère et Julien Founier ont accordé une interview à Nice Matin. Elle conclut, à notre avis, une pression en trois actes : La menace l'UPS jeudi, une proposition de rachat vendedi et une pression finale samedi avant match. Nous n'avons qu'une seule version, c'est bien dommage mais la conclusion devrait avoir lieu dans les trois premiers jours de la semaine prochaine
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Comment en est-on arrivé à un tel point de non-retour ?
JPR : Avec nos associés, on était arrivé à de tels désaccords que ce n’était plus viable. Il fallait débattre des semaines, négocier des mois pour que l’on s’accorde, comme sur le transfert d’Atal ou la prolongation de Dante. Pour ces deux cas précis, on a mis nos démissions dans la balance. Le plaisir a disparu depuis dix-huit mois. On a passé notre temps à gérer des problèmes.
Cela vous fait quoi de devoir passer la main ?
JPR : C’est notre décision, elle est mûrement réfléchie. C’est la meilleure solution pour retrouver de la fluidité.
JF : La première anicroche ne date pas d’hier mais de janvier 2017. Si on recrute Memphis Depay, on peut jouer le titre jusqu’au bout. Cela n’a pas été possible. Ils ont freiné... C’était pourtant un prêt gratuit de dix-huit mois.
JPR : A partir de là, on s’est dit que ça allait être compliqué.
C’est une grande inconnue qui se profile...
JF : On ne pouvait plus travailler ensemble. C’était soit eux, soit nous. C’était acté depuis plusieurs mois. Ils ont 80 % des parts, ce sont eux les propriétaires. On aurait pu leur faire la guerre, mais cela n’aurait pas servi les intérêts du club. Je pense même que ça aurait été encore plus destructeur. On aurait pu se soumettre à toutes leurs prérogatives mais c’était se renier. La seule issue, c’est de s’arrêter.
JPR : Depuis dix-huit mois, on n’avance plus. Et quand on n’avance pas, on recule. On a un monde de fonctionnement basé sur l’anticipation.
JF : Un club comme Nice qui n’avance plus, c’est le début de la fin. L’immobilisme, c’est facile mais très dangereux. On a mis nos démissions dans la balance pour Atal et Dante”
Comprenez-vous l'inquiétude des supporters?
JF : C’est audible et légitime mais le club n’est pas à l’abandon. Il peut y avoir de la contestation, mais il ne faut pas non plus que ça parte dans tous les sens. Il faut une attitude responsable de tous.
JPR : Je ne connais pas précisément le projet de nos associés mais n’insultons pas l’avenir... On ne peut pas prédire ce qu’il va se passer.
Si on vous dit que c’est vous qui avez fait entrer le loup dans la bergerie...
JPR : Je n’ai aucun regret. Il y a eu des promesses écrites qui n’ont pas toutes été tenues mais leur arrivée nous a, entre autres, permis de terminer à la troisième place. Et avec des moyens supplémentaires, on a prouvé qu’on pouvait faire de belles choses.
JF : Il faut toujours se remettre dans le contexte de l’époque. On avait un actionnariat un peu bloquant. On a ouvert le capital. Il y a toujours une part de risques. Quand on s’arrête avec Claude Puel pour prendre Lucien Favre, alors qu’on vient de finir 4e, ce n’est pas écrit que ça doit se passer aussi bien. Jean-Pierre m’a associé aux discussions autour de l’actionnariat. Il a pris toutes les précautions pour le club sur le plan juridique. Après, on n’a pas une boule de cristal. Il y avait des engagements écrits. Que les gens s’interrogent, c’est légitime. Mais ce serait injuste d’être pointés du doigt.
Ne voulaient-ils pas que vous cédiez avant eux ?
JPR : Non, je ne pense pas. Si on en est là, tout le monde a une part de responsabilité, nous compris. On a peut-être un fonctionnement qui est clivant. Ils doivent considérer qu’on ne gère pas bien le club. Il faudrait leur poser la question. Des gens ont besoin plus que d’autres de prendre la lumière, ils sont actionnaires majoritaires, le club tourne bien, il est sain financièrement. Cet été, le club disposera de moyens financiers jamais atteints. L’OGC Nice a une belle image. Ils ont sans doute envie de mener leur propre projet, ce qui est tout à fait respectable.
JPR : « Il y a un vide aujourd’hui, mais les choses vont rentrer dans l’ordre. Tout est mis en place pour que le club continue à grandir. Les outils de travail sont bien là. »
JF : « On a décalé comptablement la vente de Le Marchand, on est déjà à 12 millions de recettes pour l'année prochaine. Ça peut paraître prétentieux mais le club est bien géré. On espérait que petit à petit, au lieu de s'acheter un Saint-Maximin (10 millions) tous les trois ans, tu en achètes un tous les ans. Peut-être même à un moment donné deux par an. »
JF : « Il y a un triptyque structurel dans un club juridiquement : l'association, du management et de l'actionnariat. Un club réussi a de la compétence dans ces trois niveaux, et tous tirent dans le même sens. »
Patrick Vieira vous en veut de partir ?
JPR : Il était venu pour Nice, pour un projet et des hommes. On respecte tellement ce coach qu'on ne peut pas lui mentir. Je pense qu'il a compris.
JF : Je lui ai posé la question. Il connaissait les difficultés entre dirigeants et actionnaires, il a même exigé des garanties dans son contrat par rapport à ça. Donc il n'a pas été surpris sur ce point. Mais il ne pensait pas que ça arriverait aussi vite. Il aurait également aimé l'apprendre avant et différemment parce qu’on lui avait appris à sa sortie du terrain, juste après l'entraînement. Je lui ai expliqué le pourquoi de ce timing, qu’on aurait pu lui dire par téléphone, mais cela aurait été plus violent. Je pense aussi qu'il est confronté aujourd'hui aux faits qu'on lui décrivait, donc il nous comprend d'autant plus. Mais je ne peux pas parler à sa place non plus.
Vous aviez envie de faire venir d’autres personnes dans le club ?
JPR : Le rôle d'un dirigeant est de s'entourer de gens plus forts que lui. Et quand vous les avez dans chaque domaine, le club devient plus fort. Je voulais cantonner Julien Fournier à certaines fonctions dans le club avec des hommes plus forts que lui dans d'autres secteurs, et on aurait encore grandi.
JF : C'est vrai qu'avec les années, j’avais intégré que je faisais trop de choses au club. On voulait donc amener de la compétence. Ce sont des personnes, pour moi, de très haut niveau. Des gens qui sont de la trempe de Patrick Vieira dans leurs domaines, qui travaillent dans de très grands clubs. Mais s'ils viennent, c'est pour l'aspect humain et un projet. Mais là-dessus non plus, nos associés ne partagent pas la même vision que nous.
Comprenez-vous que votre futur successeur (Gauthier Ganaye) ne vous contacte pas, tout comme Patrick Vieira ?
JPR : Je ne me formalise pas avec ce genre de détails. Je ne le connais pas, mais s’il a été choisi, c’est qu’il a les qualités requises. Le timing de notre départ n’est pas celui prévu en fin d’année dernière mais on pense qu’il s’agit d’une sage décision. Même si ce mercato d’hiver est d’ajustement, ce qui nous semblait plus que nécessaire, celui d’été, qui commence dès maintenant, conditionne beaucoup de choses. Il était important que la nouvelle équipe dirigeante puisse travailler le mieux possible.
Quel rôle a eu l’association dans ce conflit ?
JPR : On aurait pu amener certaines personnes chez le procureur. Mais je n’aime pas le conflit. Mais on aurait dû être plus ferme...
JF : Il y a la place à Nice pour devenir le meilleur club formateur de France. Notre erreur de management est de ne pas avoir eu le temps et l’énergie de faire le ménage à la préformation, où on est très loin du haut-niveau. On est encore un club amateur à ce niveau-là. Il faudrait une mini-révolution ! Sans ça, on ne sera pas capable de sortir des joueurs de très haut-niveau. Le meilleur exemple, c’est Lyon !
JPR : « Je peux comprendre qu'un joueur de 27-28 ans ne représente pas une plus-value potentielle. Nous considérons en revanche que ces joueurs-là ont une plus-value indirecte : avec des joueurs qui font mieux jouer votre équipe, nécessairement tous les joueurs qui sont autour prennent de la valeur. »
JF : « Quand on regarde le budget de l'OGC Nice, soit on se dit l'objectif c'est le maintien, et on pilote le club pour se maintenir. Soit on essaye d'être ambitieux sans argent et forcément, oui, il y a une prise de risques. Mais il faut qu'elle soit intégrée par tout le monde. »
JPR : « Mon plaisir serait de voir le Gym en Coupe d'Europe sans qu'on soit là. Ça voudrait dire qu'on a fait notre job. »
JF : « Samedi, je vais vivre ce Nice-Nîmes très certainement comme mon dernier match en tant que directeur. » JF : « Chaque année, le club génère entre 45 et 50 millions de recettes. »
Qu’en est-il d’une éventuelle recrue comme l’attaquant des Glasgow Rangers Alfredo Morelos ?
JPR : Personne au club n’était au courant.
Le veto des actionnaires concernant les arrivées de Facundo Ferreira et Ryad Boudebouz, vous confirmez ?
JF : Oui.
Pourquoi ?
JPR : C’est à eux qu’il faut poser la question.
Est-ce que les transferts onéreux de Danilo et Myziane ont été un frein évoqué de leur part pour cet hiver ?
JPR : Non je pense que ça n'a rien à voir. Il y a des joueurs qui n'ont pas séduit au début mais qui se sont révélés par la suite. Donc il faut leur laisser du temps.
JF : Pour les joueurs plus âgés, ils nous ont dit qu'on avait déjà eu un échec avec Sneijder (33 ans à l'époque) et qu'il ne fallait pas recommencer.
Quid de Valère Germain ?
JPR : C’est un joueur qu’on apprécie et qui pourrait, si nos actionnaires le souhaitent, nous rejoindre.
Et les joueurs proposés par vos associés : Mousset, Ayé, Bozok ?
JF : Ayé (Clermont), c'est un bon joueur. Si on n'avait pas Ganago et Maolida, peut-être il faudrait le faire pour juillet prochain. Mais aujourd'hui on a besoin d'un attaquant qui a la maturité, qui est prêt à marquer des buts tout de suite. On a besoin d'un meneur de jeu qui est prêt à être performant de suite. Des jeunes à développer, on a Atal, Sarr, Makengo, Danilo, Myziane, Ganago, Saint-Maximin... Il est important pour leur progression qu’il soit entouré de cadres