Après les départs ou prêts de plusieurs jeunes du club, certains supporters de l'OGC Nice ne cachaient pas leur mécontentement. L'occasion pour FF de faire un point avec Jean-Pierre Rivère, le président du Gym, sur le projet du club et sur ces départs.

 

 

«Vous disiez lors de la présentation du camp d’entrainement et de formation : "L’avenir de l’OGC Nice passe par ses jeunes". Vous en êtes toujours convaincus ? Car de nombreux jeunes ont été prêtés ou vendus…


On a vendu Jordan Amavi à Aston Villa (pour 13 millions d’euros + des bonus). Alexy Bosetti a été prêté à Tours. Il voulait être titulaire et on considérait qu’il ne le serait peut-être pas cette année, donc pour lui donner du temps de jeu et lui permettre de progresser, on l’a prêté. Vous avez pu constater qu’à Nice, on fait jouer énormément de jeunes. Certains ont besoin de paliers de progression, et il faut pour cela leur donner du temps de jeu.


Mais pourquoi ne pas les faire jouer et le faire progresser avec l’OGC Nice ?


Le reproche qu’on ne peut pas faire au Gym, c’est qu’il ne fait pas jouer ses jeunes. Si vous regardez le nombre de jeunes qu’on a fait jouer, qui sont issus du centre de formation depuis trois ans, c’est colossal (16 jeunes formés au club ont été lancés par Claude Puel en L1, ndlr). Prenons l’exemple de Jordan Amavi : il y a deux ans, il jouait ailier gauche, il n’était pas performant, on l’a recalé arrière gauche, il était meilleur. Lors de ce mercato, on a une offre qui sincèrement, au vu du marché, ne peut pas se refuser. Et on a bien fait d’accepter car une partie du transfert de Jordan va nous permettre de financer le camp d’entrainement et de formation, dont les travaux commenceront à l’automne. Alexy Bosetti a été prêté mais c’est pour sa progression, pour qu’il ait du temps de jeu. Il nous semblait que Plea et Germain étaient des titulaires. Bosetti, non. Il reviendra plus fort l’an prochain.

 

 

Certains supporters ne comprennent pas pourquoi vous laissez partir certains de vos joueurs et que vous faites venir des jeunes d’autres clubs…


Attendez, pour Amavi, tout le monde a compris. Vous savez, on est parti de pas grand-chose, on est un club en construction, et nous développons un projet sur plusieurs années. Notre objectif est de sortir des jeunes mais aussi parfois de faire des plus-values comme pour Jordan Amavi. Quand le club arrivera à maturité, nous garderons nos meilleurs jeunes. Bosetti, c’est le chouchou de nos supporters donc ils ont été contrariés de le voir partir. Mais il est très heureux de pouvoir faire une année pleine dans un autre club. Parfois ça fait du bien pour un joueur de découvrir d’autres horizons. On apprend, on se construit différemment et c’est cela qui permet la progression d’un jeune. Quant à Neal Maupay, c’est un autre schéma. Le coach considère que Neal est un très bon garçon, un bon joueur mais il ne rentre pas dans ses plans. Il restait un an de contrat à Neal, donc soit vous le gardez, et l’an prochain il est libre, soit vous décidez de le vendre et de garder la plus-value future. Si Neal explose, ce sera bénéfique au club.


Pourquoi Maupay ne rentrait plus dans les projets du club ?


Ca il faut poser la question à Claude Puel, qui est référant sur le plan sportif…


Mais pourquoi faire venir des joueurs comme Wallyson, bientôt peut-être Le Bihan…


On a un trio d’attaque de qualité et il faut le compléter par un attaquant complémentaire de qualité. Le Bihan on essaye de le faire venir. Il a mis 18 buts l‘an dernier en Ligue 2 et il peut venir compléter l’effectif. On veut avoir une équipe équilibrée. Quand on a des jeunes, on nous reproche d’avoir des jeunes et quand on complète avec quelques cadres, on nous en fait presque le reproche…

 

 

Le départ de Neal Maupay vers l’ASSE a fait beaucoup de bruit. Les Verts l’ont acheté 500 000 euros. Du côté des supporters, on a l’impression que vous l’avez bradé…


Non pas du tout. Ecoutez, vous avez un joueur à qui il reste un an de contrat. Il voulait être titulaire mais nous ne pouvions lui garantir. La seule offre que nous avons reçue est celle de St Etienne. Un montant de 500 000 euros a été annoncé. Des bonus viennent agrémenter cette somme-là, et nous avons gardé un pourcentage sur la plus-value du joueur. Le club a privilégié l’avenir en se protégeant par rapport à la plus-value.


Donc 500 000 euros, c’est un prix convenable ?


C’est 500 000 euros plus des bonus, qui peuvent monter jusqu’à un million d’euros, et on a un intéressement sur la plus-value.


Certains supporters ont pu penser qu’il y avait des choix faits par affinité… ?


Non ! On fait des choix sportifs, ce qui est à un avantage par rapport au passé où l’on pouvait faire des choix financiers. Mais il n’y a pas de choix faits par affinité.

De nombreux cadres sont également partis, notamment Eric Bauthéac et Didier Digard. C’est un choix de leur part ?


Non, c’est un choix du club.

 


Pour quelles raisons ?


Le système de jeu mis en place cette année laissait présager peu de temps de jeu à Bauthéac, à un an de la fin de son contrat. Concernant Didier (Digard), qui a été un formidable capitaine, on avait prévu son remplacement. On a favorisé un recrutement qui nous permettait de le laisser partir. Didier a été quelqu’un d’essentiel pour le club, et j’espère qu’il est heureux là où il est aujourd’hui. Mais vous savez, parfois, Il faut oxygéner un groupe.


Aujourd’hui, l’avenir du Gym passe donc par les jeunes ?


Comment pouvez-vous en douter ? Je vous rappelle que nous étions la 2ème plus jeune équipe d’Europe l’an dernier. Nous avions deux objectifs quand nous sommes arrivés au club : assainir le club financièrement, ce qui est chose faite aujourd’hui. Le deuxième objectif était de se baser sur la formation des jeunes, ce que nous faisons. Mais pour faire progresser le club, il faut des cadres complémentaires.


Qu’en est-il du cas de Jérémy Pied ?


Jérémy Pied devrait logiquement partir. C'est un très bon joueur avec un bon état d’esprit mais on lui a fait comprendre qu’on ne souhaitait pas le prolonger. L’important dans un club, c’est son équilibre. On a fait un recrutement très spécifique cette année, dans une nouvelle organisation de jeu et vous avez des joueurs qui s’intègrent bien et d’autres moins. On ne va pas garder un joueur pour le plaisir de le conserver.

 

 

Et pour Valentin Eysseric ?

Il y a une option à plus de 2 millions d’euros et nous gardons 50% de la plus-value future. Il veut plus de temps de jeu, et nous ne pouvions lui en garantir. Quand on cède Valentin Eysseric à l’ASSE, c’est aussi parce qu’on a pris Wallyson, qui est un joueur que l’on regarde depuis longtemps. Si on enlève un joueur, c’est parce qu’on en a un autre derrière. Ça ne sert à rien d’empiler les postes surtout s’ils ont le même profil.


Wallyson vous apportera donc plus que Valentin Eysseric ?


Les deux joueurs ne sont pas comparables mais dans notre système de jeu, Wallyson nous apportera vraisemblablement plus de choses.


Mais qu’avez-vous à répondre aux supporters mécontents ?


Les supporters aujourd’hui ne sont pas mécontents, je parle avec eux. L’an dernier on nous reprochait des matchs d’une qualité moyenne et cette année on a fait en sorte de constituer une équipe technique, qui va donner du plaisir à nos supporters. Lors des matches amicaux et premières journées de Championnat, les supporters ont pris plaisir à voir jouer l’équipe. Parfois ils peuvent s’interroger mais je pense que l’on a fait un bon mercato. Les nouvelles recrues sont des joueurs de qualité, qui s’inscrivent dans les désirs du coach, c’est-à-dire des joueurs assez techniques.


Le projet niçois est donc toujours en marche ?


Oui, mais ça prend du temps. Quand vous avez peu de moyens financiers, il faut y aller pas à pas. Quand les performances suivront, les gens se rendront compte que le projet fonctionne.


Quelle est l’ambition du club ?


L’ambition du club ? Progresser, à tous les niveaux, avoir du plaisir et faire mieux en Championnat et en Coupe.»