Valentin Eysseric, le milieu offensif de Nice, culpabilise toujours après avoir gravement blessé Jérémy Clément, samedi dernier, même si le Stéphanois l’a rassuré sur son état.

 

Profitant des deux jours de repos accordés par Claude Puel, l’entraîneur de Nice, après la défaite à Saint-Étienne (0-4), samedi dernier, Valentin Eysseric est rentré chez ses parents le lendemain,à Aix-en-Provence. Le milieu offensif (20 ans) avait besoin de se ressourcer à la suite de la terrible soirée de Geoffroy- Guichard, où il a gravement blessé le Stéphanois Jérémy Clément (fracture ouverte tibia-péroné au niveau de la cheville droite) avant d’être expulsé (24e).

 

 

 

« Dans quel état d’esprit êtes-vous, quarante-huit heures après votre tacle mal maîtrisé sur Jérémy Clément ?

 

Je suis mal dans ma tête et je culpabilise toujours énormément. Je n’avais pas le droit de tenter ce geste et je ne peux que m’excuser à nouveau de l’avoir blessé. Je suis profondément désolé, même si je me sens un peu mieux depuis que j’ai pu avoir Jérémy Clément au téléphone.

 

Quand lui avez-vous parlé ?

 

Samedi soir, je lui avais laissé un message vocal et un texto mais je n’ai pu lui parler que dimanche. Il m’a dit que l’opération s’était bien passée, qu’il en aurait pour plusieurs mois mais qu’il rejouerait au football. À la limite, c’est lui qui m’a rassuré.

 

Cela vous a-t-il étonné ?

 

J’ai trouvé ça très classe de sa part. Moi, s’il m’avait fait ça, je lui en voudrais. Il doit donc m’en vouloir, et c’est normal, mais il n’a rien laissé paraître. Il m’a même dit de ne pas m’inquiéter, que ce sont des choses qui arrivent, que c’était une erreur de jeunesse. J’ai parlé à son père, aussi, qui m’a dit de ne pas écouter ce qu’on allait dire sur moi.ogcnice.info

 

« J’imagine que ma saison est déjà pratiquement terminée »

 

Gardez-vous un souvenir précis de votre intervention ?

 

J’ai subi une faute et l’arbitre a laissé l’avantage. Je savais qu’il allait siffler si je ne récupérais pas le ballon. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai taclé et j’y suis allé à fond. Malheureusement, mon pied est passé au-dessus du ballon et j’ai touché sa jambe, qui était coincé dans le sol. J’ai compris que ça craquait et je me suis tout de suite senti très mal.

 

Vous avez vraiment fait un malaise dans le vestiaire ? 

 

Oui, un malaise vagal. J’étais choqué, ma tête a commencé à tourner et j’ai eu mal au coeur. Le docteur est venu, il m’a allongé sur un banc et j’ai peu à peu récupéré. Ensuite, je suis resté tout seul dans le vestiaire en attendant la fin du match. J’avais besoin de m’isoler..ogcnice.info

 

Avez-vous revu les images de l’accident ?

 

Je les ai vues une fois pour essayer de comprendre et je n’ai pas trouvé d’explications. Mais c’est fini. Je ne les regarderai plus. C’est trop dur. De toute façon, même sans la télé, les images me hantent. Depuis samedi, j’ai des flashes où je vois la cheville de Clément complètement à angle droit.

 

Avez-vous reçu néanmoins des témoignages de sympathie ?

 

Énormément. Plus que je ne pouvais imaginer. Je suis très entouré par beaucoup de monde et ça fait forcément chaud au coeur. Mais si quelqu’un a besoin de réconfort aujourd’hui, ce n’est pas moi mais plutôt Jérémy Clément.

 

Allez-vous vous rendre devant la commission de discipline ?

 

Je veux y aller et j’espère que je pourrai le faire. Pour dire ce qui s’est passé, ce que je ressens depuis samedi et pour m’excuser à nouveau. Je n’ai pas taclé Clément pour lui faire mal, c’est évident. On commence à me connaître un peu et on sait que je ne suis pas du genre à mettre des coups, à vouloir blesser quelqu’un.

 

Vous risquez une lourde suspension.

 

Oui, je sais que je risque gros. Il y a quelques exemples, récemment, qui peuvent faire penser que je vais être durement sanctionné (*). Il reste onze matches à jouer en Ligue 1 et j’imagine que ma saison est déjà pratiquement terminée. Mais j’ai fait une erreur et je dois assumer ce qui s’est passé. »

 

(*) Pour son tacle sur le Troyen Julien Outrebon (double fracture tibiapéroné de la jambe gauche) en novembre 2011, le milieu de Nantes Granddi Ngoyi avait été suspendu dix matches. Coupable, en mars 2009, d’un geste aux conséquences identiques sur le Valenciennois Jonathan Lacourt, le défenseur Kader Mangane, lui, avait raté toute la fin de saison de Rennes (11 matches).