Julien Fournier, le directeur du football de l'OGC Nice, se satisfait du début de saison de son équipe, 3e de Ligue 1. Mais il ne cède pas à l'euphorie.

 

L'OGC Nice reste sur une défaite à domicile face à Montpellier (0-1) mais il en aurait fallu plus pour entamer la bonne humeur ambiante. En ce mercredi, Jean-Clair Todibo n'oublie pas de diffuser la sienne dans les bureaux du club ; Kasper Dolberg, à qui l'on vient de diagnostiquer un diabète de type 1, est là pour emmagasiner les séances qui lui ont manqué depuis le début de saison ; et Julien Fournier sort d'une réunion avec son entraîneur Christophe Galtier. Dans la foulée, pendant quarante minutes, le directeur du football du club est revenu sur les trois premiers mois de compétition du Gym, qui passe la trêve internationale sur le podium.

 

« Que vous inspire la troisième place occupée par Nice ?


Ce qui est important, c'est qu'on soit dans la bagarre. Après treize journées, ça a du sens. C'était notre objectif, et on y est. On y était aussi la saison dernière à la même époque, mais avec beaucoup moins de certitudes dans le jeu. Ce qu'on montre a plus d'épaisseur : on est une équipe qui peut être battue, mais qui est difficile à battre. Ça, ce n'était pas le cas la saison dernière

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Les incidents de Nice-Marseille et ses conséquences semblent avoir été digérés. Tout cela appartient-il désormais au passé ?


Ma réponse va être très personnelle. Elle n'engage ni le club, ni le staff, ni l'équipe, mais pour moi ce n'est pas derrière. Je l'ai toujours là (il montre sa gorge)... Ça partira à la fin de la saison si on n'a pas de regrets. Ce que je veux dire, c'est qu'entre la réalité de ce qui s'est passé (la rencontre a été arrêtée à la 75e minute, à 1-0 pour Nice) et ce qu'il y a aujourd'hui (le match rejoué s'est achevé sur un score de 1-1 et Nice s'est vu retirer un point), il y a un gros écart, de trois points. Comptablement, c'est du passé. Mais je n'ai pas digéré.

 

Dans le travail, Christophe Galtier est-il comme vous l'imaginiez ?


Il y a des aspects qui me surprennent, positivement. Dans sa grosse force de travail, il me fait penser à (Eric) Gerets, que j'ai connu à l'OM. C'est un peu le même type de personnage, un peu le même type de management, à la fois très proche de ses joueurs, il peut être dur avec eux mais il cherche toujours à être juste. C'est un énorme bosseur. Quand je vois le souci du détail qu'il a au quotidien, je pense qu'il a découvert l'exigence du très haut niveau il n'y a pas si longtemps que ça. Qu'il ait côtoyé des adjoints étrangers à Lille, ça lui a sûrement ouvert les yeux sur une autre manière de travailler.

 

Comment cela se traduit-il ?


Ce qui me plaît, c'est la préparation du match du week-end : dans l'observation de l'adversaire, la préparation du match en vidéo, la préparation de sa causerie. Sa préparation de match dure toute la semaine. Rien n'est laissé au hasard. Le travail de l'équipe va être orienté par rapport à l'adversaire et il y a un énorme travail de fait là-dessus. Sans citer de nom, ça n'a pas toujours été le cas des entraîneurs avec qui j'ai bossé.

 

A-t-il apporté de l'extra-sportif ?


C'est l'entraîneur champion de France, donc il était très attendu. Mais il est arrivé dans un club structuré, qui travaille bien. La base des joueurs était bonne. Les forces du club, c'est d'avoir les actionnaires qu'on a (Ineos), le meilleur entraîneur français, mais aussi d'être un club qui continue à avancer. Christophe n'est pas arrivé dans un no man's land, même si la saison dernière a été difficile en termes de classement (9e) et que beaucoup de joueurs n'ont pas eu le rendement qu'on attendait d'eux. Il n'est pas arrivé dans un désert de Gobi sans joueurs de qualité. Cela fait quelque temps qu'on construit. Benitez était déjà là, comme Atal, Lotomba, Kamara, Todibo, Dante, Gouiri, Dolberg.

 

Vous avez aussi réussi votre mercato, avec un bémol sur Justin Kluivert et Calvin Stengs, qui ont peu joué àcause de plusieurs blessures...

J'attends plus d'eux. Même si les blessures font partie de la vie d'un sportif de haut niveau, il est évident que j'attends plus de Justin (Kluivert), que j'attends plus de Calvin (Stengs), que j'attends plus de Kasper (Dolberg), que j'attends plus d'Alexis (Claude-Maurice). Ils doivent donner plus au club. Ils le savent. Ils sont fantastiques dans leur investissement et leur mentalité. Mais la réalité, c'est le terrain : on a presque fait treize matches sans eux. À un moment, il faut qu'ils nous rejoignent. L'équipe tourne, il y a un bon entraîneur, un modèle de jeu, ils ont été choisis, on a misé de l'argent sur eux, on les a mis dans un confort, maintenant il faut donner. On a besoin d'eux. Ce ne sont pas des joueurs anodins.

 

Andy Delort et Melvin Bard sont des recrutements totalement réussis...


Oui, mais Andy Delort, ça fait dix ans qu'il met des buts dans le championnat de France. C'est facile de réussir son mercato si on ne prend que des Andy Delort. Melvin, c'est un garçon qu'on aurait dû faire l'année dernière. On avait zéro doute sur sa qualité.

 

Sentez-vous que le regard posé sur l'OGC Nice continue d'évoluer ?


Le regard a changé, mais si on commence à se voir comme les gens nous regardent, ce serait très dangereux. Aujourd'hui, à l'OGC Nice, on n'a rien fait. Si on prend les clubs qui sont à la bagarre comme nous, sur les 25 dernières années, Lens a été champion, Rennes a gagné un titre et est allé en Ligue des Champions, Marseille a gagné, Lille a gagné, Paris a gagné, Monaco a gagné. Le seul qui n'ait rien gagné, c'est nous. Donc il ne faut surtout pas qu'on s'enflamme. On a la chance et la compétence d'être à la bagarre avec ces clubs-là. Qu'on montre qu'on est capable d'aller au bout dans cette bagarre. »