« Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?

Abou Diaby, en sélection de jeunes. Avec lui, les autres joueurs étaient des plots. En club, Kévin Anin (àNice). Sur le terrain, tu voyais clairement qu’il y avait une équipe avec Kévin Anin et une équipe sans lui. Abou a eu les blessures et Kévin ce détachement du foot (en juin 2013, il a été victime d’un accident de la route et est paraplégique depuis). Mais ce sont des mecs qui, en pleine possession de leurs moyens, étaient hallucinants.


Le plus drôle ?

 

Joaquin(au Betis Séville). C’est simple, je ne l’ai jamais vu faire la gueule. On sent vraiment qu’il n’est pas du tout usé (ila 38ans). Il est toujours là à amuser la galerie. Il aime faire la fête et il sait faire la fête. C’est le seul mec que j’ai vu se servir de son verre de bière comme d’un cendrier et continuer quand même à boire sa bière… On ne se rend pas compte de ce qu’il représente à Séville. Lors des séances d’entraînement ouvertes au public, il y avait 4 000 ou 5 000 personnes. L’été, comme on s’entraînait à 20 heures parce qu’il faisait vraiment trop chaud, on finissait à 22 heures. Lui, jusqu’à minuit et demi, il restait pour signer des autographes.

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Le plus fou ?

 

Mido(à Middlesbrough). Tu ne savais jamais ce qu’il allait faire. Vraiment. C’est sûrement aussi le plus gentil. Mais quand ça se touchait, c’était compliqué. S’il n’avait pas envie… Quand j’arrive en Angleterre (à l’été 2008), lors des trois premiers matches, il est remplaçant à cause d’une pubalgie, mais il met deux buts. Au match suivant, il en plante un troisième. Au quatrième match, c’était le derby face à Sunderland, le coach le met titulaire. Il fait tout l’échauffement et dit : “ Je suis blessé.

– Mais tu as fait tout l’échauffement !

– Oui, mais il fallait me mettre titulaire avant. »

C’était ça. Une fois, parce qu’il trouvait qu’il faisait froid et qu’il voulait prendre son pull resté dans un bureau, comme il n’y avait personne, il a décidé de casser la porte… Mais dans un vestiaire, c’est le top. Il en faut des comme lui ! C’est le joueur que j’ai perdu de vue que j’aimerais revoir.

 

Le plus fêtard ?

 

Ce que j’aimerais bien, ce serait que Joaquin fasse une soirée avec “Souley” Diawara. Je ne sais pas trop comment ils se parleraient, mais je suis sûr qu’ils se comprendraient.

 

Quelle est la consigne d’entraîneur que vous n’avez jamais comprise ?

 

Ce n’est pas la consigne, ce sont toutes ses consignes… Quand je suis arrivé à Middlesbrough, j’avais 22 ans, je bataillais pour apprendre l’anglais. Gareth Southgate était l’entraîneur, ça allait. On est descendus, on redémarre la saison, on est deuxièmes, et je ne sais pas ce qu’il leur a pris, ils ont viré le coach Southgate, qui est aujourd’hui sélectionneur de l’Angleterre. Est arrivé Gordon Strachan, avec un accent écossais. Je n’ai jamais rien compris. J’ai signé à Nice parce que je ne comprenais absolument rien de ce qu’il me racontait. Je ne peux même pas dire si c’était bien ou pas, si c’était de l’anglais ou non. Ç’a duré presque deux mois. J’étais en Angleterre depuis presque un an et demi, donc je commençais à m’en sortir. Mais, sincèrement, je pense qu’il disait n’importe quoi. On était très bien avant qu’il arrive et, avec lui, on a fait que perdre.

 

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Quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

 

René Marsiglia (décédé en 2016 d’un cancer). On voyait le foot de la même façon. Il était au centre de formation du Havre, mais je ne l’ai pas eu là-bas. À 16 ans, j’étais capitaine de la CFA, je jouais avec les pros qui redescendaient et me disaient : si tu avais eu René Marsiglia, tu aurais adoré . On s’est retrouvés ensemble à Nice. Il avait le cancer et malgré ça il a accepté de relever le défi, d’abord en tant qu’adjoint (en juillet 2010) puis en tant qu’entraîneur principal(en novembre 2011). Quand je vois à mon petit niveau l’énergie que ça demande d’entraîner, je me dis qu’il a eu un courage incroyable.

 

Quelle est votre meilleure anecdote au Paris-Saint-Germain (en 2007-2008) ?

 

Au Betis, Joaquin reste trois heures à serrer les mains ; au PSG, Amara Diané se cachait dans le coffre pour partir du centre d’entraînement sans signer d’autographes. Il y a Mario Yepes, qui pétait les plombs quand les jeunes – Mamad’ Sakho et tout – arrivaient en retard alors qu’on leur donnait tout le crédit du monde. Ah oui, j’en ai une ! La saison était catastrophique et les supporters étaient venus au club. Rothen sort pour leur parler. L’été d’avant, il avait failli signer à Lyon. Il reste et, au final, il se retrouve avec un beau contrat à Paris. Donc il sort, et au lieu de défendre l’équipe, il dit à un jeune : “Mais regardez, je suis là alors que j’aurais pu signer à Lyon .” Là, le jeune le regarde et lui dit:“Je t’arrête tout de suite : tu n’aurais pas joué à Lyon, Ben Arfa, il est cent fois meilleur que toi ! ” J’étais juste derrière, je n’en pouvais plus. Je me suis étouffé. »