En cette saison 2008/2009 de Ligue 1, un supporter inconditionnel de l'OGC Nice décide d'aller au bout de sa passion en suivant son équipe en déplacement aux quatre coins du pays.

 

Si ses voyages le conduisent vers les grandes métropoles du championnat telles que Paris, Lyon ou Marseille, il plonge aussi avec délice dans le charme pittoresque du fin fond de la  Bretagne, de la Lorraine ou encore de la Sarthe... En solitaire ou mêlé à des groupes d'Ultras, il découvre ainsi la France du football et pose son regard de niçois sur les supporters, les stades et les villes qui l'accueillent.

 

Une aventure parsemée de rencontres passionnées avec d'autres fadas du Gym «expatriés» ou comme lui, venus de Nice afin de défendre les couleurs rouge et noire.

 

En train, en avion, en voiture et même en scooter, laissez-vous emporter dans cette expérience originale et partagez avec lui ses joies, ses déceptions, ses craintes, ses espoirs… et ses surprises !

 

 

L'auteur

Né à Nice, Serge Gloumeaud passe son enfance dans le quartier du Ray. Les tribunes du stade du Ray font ainsi partie de ses premiers terrains de jeu. D'abord accompagné de son père, puis en compagnie de ses copains du quartier, il ne manque aucun des matchs du Gym et baigne dans cet environnement rouge et noir qui, même s'il ne le sait pas encore, le marquera pour la vie. Si la vie étudiante et professionnelle l'éloigne quelques temps du côté de Toulouse et de Paris, son attachement aux couleurs niçoises le conduit à suivre toujours de très près le parcours des aiglons. De retour à Nice, il est inexorablement attiré vers une passion qui fait aujourd'hui partie intégrante de sa vie. Abonné, adhérent des principaux groupes de supporters, il trouve les premiers lecteurs de ses écrits sur le Forum du site Internet du club. Il participe désormais régulièrement à la rédaction de la revue du Club Des Supporters, Issa Nissa.

 

 

 

 

 

Olivier Echouafni nous parle du livre :

 

Les supporters font partie de la vitrine d'un club. Ils sont les garants de son identité et perpétuent son histoire de génération en génération. Ils nous font ressentir des émotions indescriptibles lorsqu'ils nous encouragent avec toute leur ferveur ou lorsque leur «tifo» colore les tribunes. Lorsque nous jouons à l'extérieur, leur soutien est important, en particulier dans ces stades où le public est évidemment entièrement acquis à nos adversaires. A la fin des matchs, j'ai toujours l'habitude de me diriger vers la tribune visiteurs afin de les saluer et de les féliciter pour leur présence et leur appui. Je considère que c'est la moindre des choses de ma part. Je regrette que tous les joueurs n'aient pas conscience de l'importance que ce geste représente pour nos supporters. Que ce soit à Marseille, Strasbourg, Rennes ou Nice, j'ai toujours eu à coeur d'aller à leur rencontre. J'ai découvert des hommes et des femmes passionnés, fidèles à leur équipe et amoureux de leurs couleurs. Serge, que j'ai plusieurs fois croisé loin de Nice, en fait partie. Dans ce livre, il nous emmène avec lui aux quatre coins du pays afin de nous faire découvrir la vie d'un supporter en déplacement pour suivre son équipe, que ce soit seul ou avec des groupes d'Ultras. Nous autres joueurs bénéficions de conditions de voyage exceptionnelles. Nous sommes loin d'imaginer tous les efforts déployés par nos supporters pour être présents à nos côtés. A mon tour aujourd'hui d'encourager un supporter, auteur d'un livre qui aborde avec passion et originalité une des facettes du monde de ceux qui font vivre nos tribunes.

 

 

 

Un extrait de son voyage à Bordeaux

 

Alors que je me présente devant le guichet de la tribune des visiteurs, un individu à l’étrange veste fluorescente m’accoste. « Vous êtes niçois ? ». Serait-ce une question piège destinée à démasquer mon particularisme local ? Quoiqu’il en soit, j’assume puisque je suis un fada. « Vous avez une pièce d’identité pour le prouver ? » poursuit-il. Merde, le Comté a retrouvé l’indépendance et je n’ai pas été prévenu ? Je lui présente benoîtement ma carte d’identité de la république française. C’est la seule que je possède, en fait. Coup de chance pour moi, je suis né à Nice, ce qui satisfera mon Furher d’un soir. « Tiens, c’est le Club qui te l’offre ! » me lance-t-il en me tendant une invitation. J’ai bien pensé me mettre à genoux et implorer le grand dieu du Gym mais finalement, je m’en tiens à un très conventionnel « Merci ».

 

Je passe sans encombre la douane locale qui est pourtant à deux doigts coupe faim de me délester de mon précieux paquet de M&M’s. Alors que je grimpe vers la tribune tant désirée, j’entends déjà des chants qui me sont familiers. Pardon pour les âmes sensibles, mais ces « Bordelais enculés » et « Et Bordeaux, on vous baise » me réchauffent le cœur puisque ce sont autant de signaux qui prouvent que je vais retrouver des gars de la merveilleuse famille nissart.

 

Ils sont une vingtaine de supporters à être déjà allègrement installés dans le parcage. Le territoire est marqué par l’étendage de multiples drapeaux et bâches aux couleurs rouge et noire. J’avoue être surpris par leur présence puisqu’un mot d’ordre de boycott de ce déplacement m’avait semble-t-il été lancé dans la presse locale par la BSN. J’apprends que la plupart d’entre eux ont fait le voyage en individuel, par le chemin de bitume ou de fer. Les stadiers niçois, presque aussi nombreux que nous, ont pris leurs quartiers tout en haut de la tribune, prêts à bondir pour remplir coûte que coûte leur périlleuse mission.

 

J’hésite quant à la conduite à tenir. Me joindre au Kop des poètes et crier avec eux ma fierté d’être niçois ? Rester à l’écart et apprécier tranquillement le spectacle ? Je décide de me donner quelques minutes d’utile réflexion avant de trancher cette question existentielle.

 

Chaban-Delmas ne m’émeut guère. Je parle encore du stade, bien sûr. Parmi tous les stades que j’ai eu la chance de découvrir cette saison, il mérite une attention particulière uniquement quant à sa capacité. Les imposantes tribunes situées derrière chacun des buts s’étalent trop longuement pour espérer impressionner l’adversaire. Sans compter la perte de visibilité pour ses pensionnaires.

 

Malgré les invitations lancées par les choristes, je décide de rester en retrait. Comme d’habitude, diraient les mauvaises langues. Pas du tout. J’adore chanter pour encourager le Gym. Inexplicablement, je ne parviens pas à trouver l’exaltation dans l’insulte du supporter adverse. C’est grave, docteur ?

 

Alors que les joueurs du Gym s’adonnent aux traditionnels exercices d’échauffement musculaire devant nos yeux ébahis, le Kop chante une petite chanson pour chacun des joueurs qui saluent à tour de rôle d’un petit signe de la main. C’est touchant.

 

L’heure du match approche. La tribune des supporters bordelais, à l’opposé de la notre, est maintenant copieusement remplie. Les bannières commencent à se déployer, chacune reprenant une lettre afin de former le nom du groupe : « ULTRAS MARINE 1987 ». A l’entrée des joueurs, un fumi est claqué, le tout formant un superbe tifo. Aux couleurs se joignent les chœurs qui me font réellement très bonne impression. Parmi tous ceux que j’ai pu voir cette saison, ce virage a bien de la gueule, bougre !

 

Les efforts de notre valeureux kop sont réels et méritent toute ma compassion. Cependant, force est reconnaître que leurs chants peinent malgré tout à couvrir les cris irritants des gosses qui peuplent la tribune d’à côté.

 

Un stade bien garni et coloré, un ambiance festive, le Gym sur le pré : tous les ingrédients du bonheur du supporter sont réunis. La vie est belle. Un point, c’est tout. Les trois points, c’est mieux. Alors Remy, profil de gazelle, se démène sur le front de l’attaque. Mais l’énergie qu’il dépense à se créer des occasions affaiblit méchamment ses batteries. Et au moment de conclure, ses manettes ne répondent plus. Game over. Try again.

La garde niçoise abandonne notre colombien aux mains des artilleurs girondins qui s’en donnent à cœur joie pour le grand plaisir de la foule bordelaise en délire. Le Gym est mené, au léger désespoir, il faut le dire, de ses fervents. Je peine à ressentir l’émotion de la déception. Comme j’aurai peine à ressentir l’émotion de l’euphorie lorsqu’Habib, héro malgré lui de sa secioun, transformera le penalty de l’égalisation. Si le Gym me procure sans mal de la satisfaction, pour ce qui est de l’exaltation, on repassera. La saison prochaine, si tout va bien.

 

Généralement, je profite des mi-temps pour déguster les spécialités locales. Déception, les grands crus des vignes du coin ne figurent pas sur la carte de la buvette. Il en va ainsi de la vie du supporter qui doit savoir abandonner certains petits plaisirs afin de savourer celui, exclusif et majestueux, de l’amour de son équipe.

 

Le deuxième acte me plonge dans une douce mélancolie. Sans dominer, Bordeaux prend l’avantage, esquissant ainsi les premiers traits de mon dépit. Par son jeu ambitieux, le Gym fait naître l’espoir. Le genre de lueur si souvent entrevue cette saison et si souvent illusoire. Alors, un nouveau mirage ? Konio, mine désabusée, caméra en berne, tape la causette avec les stadiers au chômage technique. Le Kop ne trouve plus le cœur à chanter. Scènes de vie trop ordinaires dans le virage nissart.

 

Alors que les girondins fêtent leur victoire, les joueurs niçois viennent voir de plus près à quoi ressemble le visage de ceux qui les ont soutenus. Nous les accueillons avec des applaudissements parce que malgré tout, nous pouvons être fiers d’eux ce soir. Et que de toutes manières, comme le clame l’évangéliste Tchoa, qu’il gagne ou qu’il perde, on supportera toujours le Gym parce qu’on a ça dans le sang. Alors vos gueules, et chantez maintenant !

 

A la sortie du stade, nous avons droit à notre petit comité d’accueil, ou plutôt de départ, des supporters bordelais qui applaudissent notre passage. Le cordon de CRS empêche malheureusement que nous puissions faire plus ample connaissance.

 

Après une nuit réparatrice passée dans le calme de mon hôtel de charme, je profite de la petite heure qu’il me reste avant le départ de mon train afin d’enrichir ma connaissance de la ville. Une visite qui me permet de constater qu’il existe bien des recoins en accord avec l’idée que je me faisais de cette citée.

 

Il est 18h lorsque je rejoins les quais que j’avais quittés la veille. Soit vingt heures sur les chemins de fer pour avoir la chance et le plaisir simple de partager, pour un moment encore, la vie du Gym. Putain de foot !

 

 

 

Les autres aventures de Serge sont à découvrir dans toutes les bonnes librairies mais aussi à la boutique du CDS ainsi que sur internet notamment chez Chapitre.com et Amazon.com

Ref : ISBN N°978-2-917790-09-0 / 128 pages / Prix 10,50 euros

Edition : Baie des anges Editions

 

 

Photos : Nicolas pour Bordeaux-Nice, Marc (Nissa.big-bazar.info) pour Toulouse-Nice, Marco06 pour Monaco-Nice, ogcnice.info pour Saint-Etienne-Nice