La saison des surprises est passée : Grenoble et Le Mans se sont rangés des voitures, Toulouse et Nice se sont incrustés. Les Aiglons se sont même envolés ces dernières semaines. Ils viennent d’enchaîner huit matches sans défaite, dont quatre succès d’affilée qui les ont placés dans le sillage (presque) immédiat de l’éternel OL : deuxièmes après quinze journées. Miracle ? Le mot fait fuir un Vincent Hognon revêche : « Si vous le dites, ça doit être vrai... » Cyril Jeunechamp, lui, ne refuse pas l’obstacle : « Après quinze journées, on ne peut pas parler de miracle. Mais il y a dans ce classement une part de réussite totale. Il faut bien analyser les choses : on ne peut pas dire qu’on a dominé tous nos adversaires. »

 

Ce que Frédéric Antonetti reconnaît volontiers. L’entraîneur ne se laisse guère bercer par la poésie des chiffres. Il les manie pourtant d’un sourire : « On m’a demandé, cette semaine, si notre classement était dû au hasard. Ça m’a fait réfléchir. Si on regarde où se situe Nice sur les quatre dernières saisons (depuis son arrivée donc), il est entre la 5e et la 10e place... » Sixième (*), précisera son président Maurice Cohen.

 

Il faut donc argumenter la surprise. Planter ce Gym renouvelé de moitié à l’intersaison, délesté de son ange gardien (Lloris), de son poumon (Balmont), de son garant technique (Ederson) et de son duo de buteurs (Koné et Laslandes). On ne lui promettait pas l’échafaud, certes, mais on pouvait craindre une transition compliquée et une mise en route poussive. Il n’en est rien. Nice n’a pourtant pas sorti le chéquier à hauteur de ses ventes – « Notre problème en l’absence d’un grand stade (en projet pour... 2013), c’est que nous n’avons pas d’outil de recettes, assure Cohen. On perd dix à quinze millions d’euros par an, on est obligé de vendre pour équilibrer le budget. » – mais les choix du duo Antonetti-Ricort, le directeur sportif (Rémy, Faé, Ben Saada, Mouloungui, Ospina et Coulibaly) ont été récompensés.

 

Un groupe homogène, solide et accrocheur

 

« On a trois axes dans notre politique sportive, résume le coach. S’appuyer sur des anciens, les tauliers de la maison, être à l’affût pour récupérer des joueurs qu’on a repérés dans le passé et qui se trouvaient en situation d’échec et lancer des jeunes joueurs. Pour un club comme le nôtre, c’est toujours comme ça. » Cette saison, l’amalgame a pris très vite. Les premières victoires (trois en quatre matches) ont installé la sérénité et, passée la première grosse gueulante du coach (à Rennes, 0-1), Nice a ressemblé de plus en plus à « cette équipe emm... à jouer » qu’il appelait de ses voeux. Ses adversaires pestent ainsi contre cet OGCN qui ne montrerait rien mais s’en va les trois points en main. Pas génial, non, moins talentueux peut-être que son prédécesseur, mais homogène, moins dépendant d’un seul homme (Koné) devant, habile sur coups de pied arrêtés, solide et si accrocheur qu’il vaut mieux désormais ne pas lui laisser les manettes (trois de ses quatre derniers succès se sont bouclés à 1-0). « J’ai pu compter sur une base défensive qui avait peu bougé, rappelle l’entraîneur corse. Ensuite, on se projette plus vite (vers l’avant) et le groupe est exemplaire en termes de mentalité. » ogcnice.info

 

« Il y a beaucoup de sérieux, explique Emerse Faé. On a un groupe assez jeune, qui a une grosse envie de progresser et que les anciens (Letizi, Rool, Kante, Echouafni en pleine bourre) dirigent bien. On a bataillé dur pour obtenir ces points. Avec l’effectif qu’on a, on sait qu’on ne peut pas se permettre de ne pas travailler. » Les Cassandre annoncent d’ailleurs le ressac. Comme en février dernier quand Nice, 4e, rentra dans le rang (8e au final). Antonetti ne les dément pas : « Il faut être lucide : on n’a pas de marge dans le jeu et au classement, les écarts sont faibles. Bordeaux et l’OM, notamment, n’ont pas pris les points qu’ils méritaient ; Rennes, Lille, le PSG sont là... On doit donc progresser dans le contenu. Ce qui est bien, c’est que les joueurs en sont conscients. » Jeunechamp relève cependant : « Personne ne reconnaît notre valeur, ça nous sert aussi de motivation. Que Bordeaux ou Marseille se demandent ce qu’on fait là, c’est logique. Maintenant, si en mars, on y est toujours, ça ne sera peut-être plus la même chose... »