Les murs du vestiaire visiteurs du stade de la Route-de-Lorient ont connu une petite secousse hier soir, aux alentours de 21 heures. Les Niçois n’avaient pas eu le temps d’aller se cacher sous la douche que Frédéric Antonetti leur faisait connaître son sentiment sur la prestation qu’ils venaient de livrer. Pour eux, ce fut un vrai calvaire. De l’autre côté de la cloison, ce fut un vrai régal. Pêle-mêle, l’entraîneur niçois dit à ses joueurs : « On n’a pas joué, on leur a donné le match. » « Si c’était le Brésil, je veux bien. Mais c’était Rennes. » « Vous faites chier. On n’a pas joué. » « C’est pas du rugby. Vous balancez sur les attaquants. Je ne veux pas voir ça. » « Ah, vous vous êtes vus beaux après Lyon, hein… »

Une demi-heure plus tard, c’est un autre homme, beaucoup plus calme, qui se présenta en salle de presse. « Vous appelez ça une colère ?C’est une mise au point, dit-il, sûr de son effet. Je suis naturel. J’ai dit  aux joueurs ce que je pensais avec véhémence. Je ne sais pas quelle est la hiérarchie de ce Championnat. Si nous jouons de la sorte, nous finirons entre la douzième et la dernière place. Si nous jouons comme nous l’avons fait contre Valenciennes, on sera un peu plus haut. Venir à Rennes dans un hôtel du centre-ville, qui était très bien, d’ailleurs, pour faire un match comme ça, ça ne m’intéresse pas. Ça ne m’intéresse plus. Ce que je veux, c’est que mon équipe pose des problèmes à l’adversaire. »

Domination rennaise

Des problèmes, les Niçois n’en ont jamais vraiment posé à l’arrière-garde rennaise, à part durant le deuxième quart d’heure du match. Même si Bamogo futtrop juste pour reprendre le centre fuyant de Mouloungui  (11e). Rémy, lui, vit le sien rebondir sur la barre de Douchez (26e). Dans ce match assez vivant, disputé dans un bon esprit, contrairement à ce que pourrait laisser croire l’avalanche de cartons distribués par Laurent Duhamel, les Rennais se sont montrés nettement plus performants dans la construction de leurs attaques. Avec un peu plus de maîtrise dans le dernier geste, ils n’auraient pas attendu cet énième centre de Leroy et cette tête parfaite de Briand (51e) pour concrétiser leur domination. Letizi, qui avait repoussé un premier essai de Briand (6e), avait vu les têtes de Bocanegra (8e) et de Pagis (36e) raser ses montants. Il y eut aussi cette reprise ratée de Thomert (32e), cette glissade dans les six mètres de Pagis (42e) ou cette tête de Mangane écartée par le gardien niçois (44e). « C’est généralement le genre de match que l’on finit par perdre », résumera Lucien Aubey. Mais Douchez repoussera la tête de Rémy (59e) et Modeste, bien seul, ne cadrera pas (88e). Si Nice paraît à la peine et dans le doute (un point sur ses trois derniers matches), Rennes va mieux. Mais dimanche prochain, les Bretons devront se coltiner Lyon. Et Leroy ne sera pas là…

Les joueurs

Si les attaquants rennais avaient concrétisé ne serait-ce que la moitié de ses services millimétrés, Jérôme LEROY aurait frappé un grand coup hier au classement des passeurs, qu’il a remporté la saison dernière. Positionné sur la droite mais très libre de ses mouvements, le numéro 7 rennais a su se défaire des griffes de Rool pour initier les rushs de son équipe. C’est lui qui adresse le centre sur le but de Briand. Il manquera, dimanche prochain, pour la venue de Lyon. Venu de Lens en pensant renforcer l’entrejeu rennais, MANGANE risque fort de s’éterniser en défense centrale. Le Sénégalais s’est encore montré très rassurant hier. En prime, ses relances longues sont toujours bien senties. BOCANEGRA a réussi une prestation solide dans son couloir gauche. Inquiétant à ses débuts, l’ancien défenseur de Fulham monte en régime. FANNI, en revanche, peine à retrouver les jambes qui lui ont permis de séduire Domenech. MBIA est trop nerveux, ces derniers temps. Pierre Dréossi a même quitté la tribune pour le calmer, à la mi-temps. Le Camerounais gaspille son énergie en se dispersant. Sorti sur une civière (82e), il souffre d’une blessure au genou gauche. À ses côtés, LEMOINE a abattu un travail de fourmi. Une fois de plus. THOMERT fut également très actif mais le bilan de sa soirée est pollué par un déchet technique abondant. Altruiste et généreux, BRIAND a su s’élever pour marquer un but particulièrement important. Sans verser dans le spectaculaire, LETIZI avait retardé l’échéance. Devant lui, sa défense n’a pas toujours donné une impression de sérénité. À gauche, ROOL a souvent été débordé. À droite, JEUNECHAMP a eu du mal à sortir la tête de l’eau. Globalement, l’attaque niçoise n’a pas été à la hauteur de sa réputation naissante. Sur les côtés, BAMOGO et MOULOUNGUI ont bien commencé avant de s’éteindre à la demi-heure de jeu. RÉMY s’est démené sur tout le front de l’attaque mais il a rarement été servi. Le milieu niçois, à l’image d’HELLEBUYCK, n’a jamais vu le jour. Seul FAÉ a surnagé.