L'ancien entraîneur du Gym n'en finit plus de parler de son expérience à Nice. Il revient sur son passage niçois lors d'un interview à sport 24. Extrait :

 

Sport24.com : Ce départ à l'étranger était-il d'une certaine manière accentuée par un désir de s'éloigner de la France et de Nice où ça s'était mal passé ?

 

Didier Ollé-Nicolle : A Nice, ça s'était mal passé, il ne faut pas avoir peur des mots. Je n'avais jamais voulu en parler car je ne voulais pas cracher dans la soupe. Il faut avoir un peu de mémoire. Parfois, les journalistes ont fait des raccourcis un peu faciles. Avec tout le respect que j'ai pour lui, je ne m'appelle pas Laurent Blanc. Si je suis arrivé en Ligue 1 et que j'ai beaucoup entraîné, c'est que j'ai prouvé certaines choses dans la mesure où il n'y avait pas que Nice qui me voulait après mon passage à Clermont. Cela faisait 2 ou 3 ans que des clubs de Ligue 1 m'approchaient. Si un club comme Nice est venu racheter ma dernière année de contrat à Clermont, c'est qu'ils avaient décelé des choses. Je suis venu aussi pour Maurice Cohen, qui était président à l'époque. Et il s'est fait virer un mois après…L'après-midi même, je suis allé le voir pour démissionner et pour lui dire que comme c'est lui qui était venu me chercher, je souhaitais arrêter. Il m'a dit : «Non, coach parce que sinon, vous partez sans rien. Sachez que dans un ou deux mois, à la moindre possibilité, ils vont vous virer». Je l'ai écouté.

 

Après le départ de Maurice Cohen, les dés étaient donc pipés ?

 

Oui et non. Quand un président, qui est là depuis 9 ans, vient vous chercher pour remplacer Antonetti, et qu'il est viré par les actionnaires qui prennent la présidence, et qui savent pertinemment que je suis quelqu'un de fidèle et très proche de Maurice Cohen… Peut-être que les dés étaient pipés. Monsieur Cohen m'avait dit que ce serait une saison compliquée, qu'on finirait entre la 13e et 16e place, que si Antonetti et Ricord (ancien directeur sportif) avaient tous lâché l'affaire, c'est qu'ils sentaient mal la suite du projet. Cohen s'attendait à une année difficile et espérait ensuite repartir sur d'autres bases. On en était conscient. Et puis il y avait la Coupe d'Afrique des Nations avec 14 joueurs de l'effectif concernés ! Aujourd'hui, le seul constat, sans critiquer qui que ce soit, c'est que quand j'ai quitté Nice, on avait 5 points d'avance sur le premier relégable. Et regardez un an après… (Ndlr : Nice est 16e avec 2 points d'avance sur le premier relégable). Je ne pense pas que la situation de Nice se soit améliorée. Et pourtant, il n'y avait pas de CAN cette année…

 

Ce constat vous rassure-t-il ?

 

Oui, un petit peu. Je ne dirai pas que je suis réconforté parce que je ne veux pas de mal à Nice. Vis-à-vis de moi, c'est un petit peu réconfortant car à un moment donné, on se pose toutes les questions du monde… Quand ça ne marche pas pour vous mais qu'un an après, ça ne marche toujours pas, on se dit que finalement, tout le monde va se rendre compte que ce n'était peut-être pas si simple que ça à Nice. Si l'équipe était aujourd'hui 7-8e, je présenterais mon mea-culpa et je dirais que je m'y suis certainement mal pris. Peut-être aussi que le contexte était compliqué. La CAN dure 6 mois. Les joueurs partent pratiquement tous les mois pendant deux semaines. Résultat, on s'entraînait avec seulement 7 ou 8 pros. Les mecs comme Loïc Rémy, à la fin, ils n'en pouvaient plus parce que 2 semaines sur 4, on faisait de la merde à l'entraînement ! Obligatoirement, on savait que les matches allaient être compliqués. Tout était compliqué et usant. A Nice, la seule période où j'ai eu tous les joueurs sous la main, on a fait des résultats très probants avec notamment 4 victoires consécutives.

 

En voulez-vous à certaines personnes à Nice ?

 

Non, pas du tout. Je n'en veux à personne même s'il y a peut-être une ou deux personnes que je ne saluerai pas si je les croisais aujourd'hui. Je ne suis pas là pour avoir de la rancœur et je pense que ceux qui ont de la rancœur sont des personnes aigries. C'est du foot et ça reste du foot. D'ailleurs, Monsieur Stellardo (président de Nice) a dit quand il s'est séparé de moi, et c'est pour ça à la limite que je ne lui en veux pas, que sans la CAN, on aurait fini 7e-8e par rapport à ce qu'on démontrait à une époque. Malheureusement, de décembre à février, on n'avait plus d'équipe. Peut-être par crainte, ils ont oublié qu'un mois et demi avant mon départ, ils avaient annoncé eux-mêmes que l'on ne prendrait certainement pas de points durant cette période. Je pense qu'avec Maurice Cohen en place, on l'aurait vécu plus normalement parce qu'il était conscient de l'affaire. Mais je prends aussi ma part de responsabilité. Je n'avais qu'à trouver des solutions pour gagner un ou deux matches en plus.

 

N'y-a-il pas eu une erreur en amont avec tous ces joueurs concernés par la CAN ?

 

Bien sûr. Quand j'ai signé, je le savais mais certainement que je n'avais pas appréhendé la difficulté de la tâche. Et j'avais très envie d'entraîner en Ligue 1 et à Nice parce que c'est un club qui représentait quelque chose pour moi. Et puis le feeling avec Monsieur Cohen avait été très bon. Avec du recul, je n'aurais pas refusé le poste en fonction du risque. On ne peut pas dire : «Si j'avais su…». Car j'aurais pris quand même le club.