Comment le technicien italien Francesco Farioli, inconnu du grand public et du Championnat de France, a débarqué à l'OGC Nice en juillet dans les bagages d'un agent français rencontré deux ans plus tôt.

Nous sommes en août 2021, en Turquie. Depuis le mois de mars, Francesco Farioli, alors âgé de 32 ans, est l'entraîneur du modeste club de Karagümrük. C'est son premier poste de numéro un, après avoir été entraîneur des gardiens à Benevento et Sassuolo (Serie A) de 2017 à 2019, puis coach adjoint d'Alanyaspor entre 2020 et 2021, en SüperLig, déjà.

 

Le mercato vient de fermer en Europe occidentale mais il est toujours ouvert en Turquie. Farioli cherche un avant-centre pour la saison à venir et se prend à rêver de Michy Batshuayi (30 ans). À Chelsea, Thomas Tuchel ne compte pas sur lui et Farioli se verrait bien le récupérer en prêt.


Faire passer un cap à Karagümrük tout en relançant l'ancien attaquant de l'OM (2014-2016) dans un championnat où il se remettrait à marquer : voilà ce que propose l'Italien à Meïssa N'Diaye, l'agent du Belge.

 

C'est ambitieux et audacieux mais voué à l'échec, et, en dix minutes, l'impossibilité de voir Batshuayi rejoindre un club aussi modeste est actée. Karagümrük n'a pas les moyens de payer une partie du salaire du Belge et, de toute façon, son conseiller ne s'imagine pas l'envoyer là-bas.

 

Batshuayi sera finalement prêté quelques jours plus tard à Besiktas, sans avoir été informé de l'intérêt de Karagümrük. Mais Farioli et l'agent du Belge ont créé un lien durant cette conversation, qui est allée bien au-delà de ce transfert raté. Sans le savoir, ils viennent de poser les bases de leur future collaboration, qui sera finalement officialisée par contrat en mai 2023.


Francesco Farioli est passé sous les radars français malgré sa renommée naissante en Europe.


Entre ce coup de fil et la signature de l'Italien à Nice, le 30 juin, il se passera quasiment deux ans. Deux années durant lesquelles Farioli est passé de Karagümrük à Alanyaspor - comme numéro un cette fois -, avant de se retrouver sans club en février 2023. Sans club mais pas sans pistes.


Au printemps de cette année, il est à deux doigts de signer au FC Braga, mais ses diplômes ne suffisent pas. Parallèlement à cela, il discute pendant de longues semaines avec un club de Championship sans concrétiser. Et intéresse même Leicester. L'Italien a une petite renommée naissante en Europe, mais il est passé sous la majorité des radars français.

 


Et l'OGC Nice dans tout cela, à quelle période a-t-il découvert l'existence de Francesco Farioli? En janvier 2023, précisément, lorsque Florent Ghisolfi, le nouveau directeur sportif azuréen arrivé du RC Lens, envisage de remplacer Lucien Favre.


Son profil apparaît dans des recherches datas commandées par Florent Ghisolfi


Le profil de l'Italien apparaît dans les rapports des recherches datas commandés par Ghisolfi à ses collaborateurs, sous les critères : « équipes avec la possession du ballon », « équipes avec récupération du ballon haute », « équipes jouant beaucoup avec le gardien ».


Farioli coche des cases mais il n'a pas d'expérience et le Gym choisit finalement Didier Digard pour succéder à Favre. Cinq mois plus tard, Digard est remercié et Nice prospecte à nouveau.
L'agent de Farioli sollicite Ghisolfi car les deux hommes se connaissent bien, mais le directeur sportif niçois ne donne pas suite, la tendance étant à des hommes plus expérimentés.


De nombreuses pistes sont explorées (Franck Haise, Graham Potter, Régis Le Bris...). Aucune n'aboutit et Ghisolfi est relancé par l'agent de l'Italien sur le thème « Acceptez au moins de rencontrer Farioli ».

 

Un choix à revers du conservatisme de la Ligue 1


Le premier rendez-vous est fixé autour du 20 juin, et face à Dave Brailsford - le directeur de la performance du groupe Ineos, propriétaire du Gym - et Ghisolfi, Farioli fait un tabac.

 


Brillant, curieux, novateur, moderne, obsédé par la tactique, l'Italien convainc aussi les autres membres du board niçois, Jean-Claude Blanc, Jean-Pierre Rivère, Fabrice Bocquet.

 


Le 30 juin, c'est signé. C'était risqué mais la direction du Gym l'avait senti ainsi, à revers du conservatisme de la Ligue 1, rétive aux datas et aux trentenaires, perturbée face à l'inexpérience et souvent désireuse de voir son coach parler français. Elle dit aujourd'hui s'en féliciter et les résultats du moment lui donnent raison.