Hugo Lloris, vingt et un ans, et Steve Mandanda, vingt-deux ans, ne se quittent plus. Régulièrement convoqués ensemble en Espoirs par René Girard, il ont franchi un palier cette semaine en participant à la large revue d’effectif voulue par Raymond Domenech. Ils se sont partagés (une mi-temps chacun) le but de l’équipe A’ mardi contre la république démocratique duCongo (0-0). Et, ce soir, ils se retrouveront face à face lors d’un très attendu Nice-Marseille au stade du Ray.

 

L’occasion de les départager une bonne fois pour toutes ? Sans doute pas, tant les deux joueurs apparaissent très proches l’un de l’autre. Si Lloris est plus jeune de vingt et un mois et plus filiforme (1,86 m et 73 kg, contre 1,85 m et 82 kg) que son rival, les deux joueurs exhibent à peu de choses près les mêmes qualités et les mêmes petits défauts dans leur rôle si spécifique. Ce sont finalement leurs parcours qui les distinguent le plus : le premier est né à Nice et joue àNice, le second est né à Kinshasa et joue à l’OM après avoir transité par Le Havre. Hugo Lloris, repéré dans un petit club niçois par Dominique Baratelli, a sagement fait ses gammes avant que Frédéric Antonetti le lance lors de la Coupe de la Ligue 2006 avec une participation à la finale à la clé. Il a ensuite logiquement chipé la place de gardien titulaire à Damien Grégorini, puis n’a cessé de progresser pour devenir un élément clé du Gym et attirer l’attention des plus grands clubs européens. Il jouera ce soir son 60e match en L 1. Steve Mandanda a, lui, grandi à Kinshasa. C’est au Havre qu’il s’est fait les dents dans les rudes combats de L 2 et qu’il a séduit les dirigeants marseillais. Recruté l’été dernier comme doublure de Cédric Carrasso, il a remplacé le gardien de l’OM, victime d’une rupture du tendon d’Achille, et s’est depuis naturellement imposé. Il disputera ce soir son 20e match en L 1 mais a déjà été aligné six fois en Ligue des champions.

L’hommage d’Ettori

DU HAUT de ses 602 matches de Ligue 1, record qui tient toujours, Jean-Luc Ettori, neuf sélections en équipe de France, donne son avis sur la génération montante des gardiens français. Il leur trouve énormément de qualités. « Ce qui me marque, surtout, c’est la manière dont ils ont su mener leur barque sans précipitation. Lloris, à Nice, où on ne lui a jamais mis la pression et Mandanda, au Havre, qui a pu apprendre le boulot en Ligue 2. Ensuite, ce sont des gardiens très complets. Il y a dix ans, il existait des spécialistes du jeu sur la ligne et des spécialistes des sorties aériennes. Eux allient les deux. Ils sont très bons dans leur but – où il faut souvent savoir être plus réactifs qu’actifs – parce qu’ils ont des jambes de feu. Mais leur gabarit et leur mentalité leur permettent de s’imposer dans les airs. Ils n’ont pas peur d’aller loin dans leur surface pour couper les trajectoires. Bien sûr, on peut chipoter sur leur relance mais, pour moi, ce n’est pas le principal. Un gardien est là, avant tout, pour bloquer l’accès de ses buts et arrêter les ballons. C’est ce qu’on lui demande en priorité. Maintenant, si forts soient-ils, je ne pense pas qu’ils iront à l’Euro – sauf coup dur – parce que la hiérarchie est établie. Mais, avec eux deux (et avec Pelé que je n’oublie pas), on peut être tranquilles pour l’avenir. Le but de l’équipe de France sera bien gardé pour un moment. »