Retrouvez l'interview de Dante accordée à France Bleu Azur...

Il représente quoi ce cap de la quarantaine pour vous ?


Dante : C'est un cap très important pour moi parce que je n'ai jamais imaginé atteindre cet âge dans un tel club, un tel championnat. Je suis très heureux d'être encore là !


C'est quoi le cadeau idéal quand on a 40 ans ?


La santé évidemment, pour toute la famille. C'est le plus important. Et dans trois jours, on joue Marseille à la maison et ça c'est un très beau cadeau, de pouvoir jouer un match comme ça, devant nos supporters. C'est un match très important pour eux et pour nous chaque saison.


Depuis quand c'est un objectif de passer ce cap de la quarantaine sur le terrain ?


Jamais je n'ai eu ça en tête. J'ai simplement l'idée de m'amuser le plus possible sur le terrain et d'être le plus lucide et le plus franc avec moi-même par rapport à mes limites. Après ma blessure au genou (à Angers le 1er novembre 2021, NDLR) j'ai eu comme un "reset" dans la tête par rapport à ma motivation et l'envie de jouer le plus longtemps possible. Je me suis rendu compte à quel point le foot me rendait heureux et comme je suis un privilégié d'être encore sur le terrain. Alors mon objectif aujourd'hui est d'aider le club et mes partenaires au maximum et de prendre du plaisir chaque jour.


Certains joueurs en vieillissant s'économisent, sautent des séances d'entraînement. Ce n'est pas votre cas, on vous a vu encore ce matin retourner sur la pelouse après la séance pour toucher le ballon...


Depuis tout jeune je me suis rendu compte que quand tu t'entraînes bien pendant la semaine, tu es plus rassuré pendant le match le week-end et ce n'est pas parce que j'ai 40 ans aujourd'hui que je vais commencer à m'économiser. Il faut juste être vigilant par rapport à la charge de travail. Mais ne jamais négocier l'envie de se faire mal et d'aller au-delà des limites. Le jour où je n'aurai plus cette envie de m'entraîner chaque jour à fond, ce sera le moment d'arrêter.


Justement qu'est ce qui sera décisif dans votre décision d'arrêter ?


C'est un tout. Le corps, la tête... parce qu'il y a toujours l'envie et le pouvoir. Deux choses différentes. Peut-être que j'aurai toujours envie mais je ne pourrai plus. Et vice-versa. Je commence à y réfléchir et je pense que juin 2025 pourrait être la dead-line. Sauf si on réussit quelque chose de grand avec le club et qu'on me dit qu'on a encore besoin de moi. Mais dans ma tête je pense que j'ai encore un an et demi devant moi avec un bon niveau.

 


Un an et demi minimum encore sur le terrain ?


C'est l'idée oui parce que je ne veux pas trop laisser l'avenir ouvert en me disant que je peux jouer jusqu'à 45 ans. Aujourd'hui je pense vraiment que juin 2025 on arrête. Sauf si la situation est spéciale à ce moment là (sourire)...


Votre compatriote Hilton, qui jouait au même poste, a raccroché à 44 ans...


Impossible pour moi ! C'est trop loin, c'est hors de question. A un moment il faut se fixer une limite. J'aimerais pouvoir te dire que si je joue jusqu'à 45 ans je serai la personne la plus heureuse du monde. Après est-ce que le club a besoin de ça ? Est-ce que je serai toujours un atout ? Ou est-ce que le foot et le club auront besoin d'autre chose que de Dante ? Il faut rester lucide. Je ne veux pas me mentir et mentir aux gens. Le moment où j'aurais du mal à récupérer après les entraînements, où je sentirai les douleurs s'accumuler, où je ne serai plus dans le rythme, il n'y aura pas de débat, j'arrêterai.


Pourriez-vous poursuivre une dernière saison en jouant moins ?


Non je ne réfléchis pas comme ça. Je suis là pour aider le club. Si le club me dit qu'il faut passer à autre chose avec un autre joueur, je dirai ok par contre chaque jour à l'entraînement je vais montrer que c'est moi qui dois jouer. A chaque entraînement ça va être la guerre ! Et ça va aider mon partenaire à progresser. C'est ça ma mentalité. Le choix de qui joue ce n'est pas moi qui le fais. Un jour il faudra s'assoir autour d'une table et réfléchir. Je suis ouvert à tout. Après c'est clair que ça va piquer un peu si on me demande d'aller sur le banc. Mais beaucoup de joueurs ont réussi à regagner leur place pendant la saison et pour moi ce ne sera pas différent (sourire) !


Est-ce que vous redoutez déjà cet après-carrière ?


Non parce que j'ai envie de me concentrer sur le présent. Souffrir avant que ça arrive c'est souffrir deux fois et c'est souffrir longtemps. Et moi je veux avoir mal seulement au moment où j'arrêterai. Et je dirai même que c'est l'inverse. Je veux en profiter au maximum. Prendre un maximum de plaisir aux entraînements. A chaque match. Peut-être que le prochain match ce sera le dernier. On ne peut pas savoir. Alors je me dis vas-y profites, profites, profites !


C'est quoi votre secret pour rester performant ?


C'est la rigueur au quotidien, être toujours plus vigilant par rapport à l'hygiène de vie. Je me couche tous les soirs entre 22h et 23h sauf les mardi et mercredi quand il y la Champions League ! Mais je ne fais plus de grosse fête, que des toutes petites fêtes. On dose les choses, on reste beaucoup en famille. Voilà ce que je met en place en dehors du foot mais après il y a ce qu'on fait à chaque entraînement. Ok mon corps peut paraître visuellement en forme. Mais ça c'est la rigueur et le travail. Même si un jour je suis fatigué, je ne me donne pas le choix. Il n'y a pas de négociation !


Combien d'abdos par jour ?


Non pas d'abdos ! Que du gainage. Mais je ne me focalise pas sur ça. C'est plutôt la manière de connecter les exercices pour garder ces abdos et cette forme.

 


En quoi le Dante d'aujourd'hui est différent du Dante de 2016 quand il arrive à Nice ?


J'étais plus frais physiquement mais c'est dans la tête que j'ai le plus changé. J'ai dû m'adapter à la mentalité ici. C'est très différent de ce que j'ai connu en Allemagne. La façon de travailler est très différente et ça m'a coûté beaucoup d'énergie pour m'adapter. Mais pour revenir à ma blessure, ça m'a permis de faire un "reset" dans la tête, je suis bien revenu et je pense qu'aujourd'hui je me connais par cœur et j'arrive à comprendre plus vite mes partenaires.

 

Dante le Niçois


Qu'est ce qui vous a le plus marqué en arrivant à Nice ?


La météo évidemment, la beauté de la région, les gens aussi l'amour que les Niçois ont pour le club. Et puis la façon de vivre. Cette façon plus tranquille de vivre qu'en Allemagne où c'est plus tendu, trop carré parfois, surtout pour un Brésilien ! Ici j'ai ressenti un parfum qui me rappelait la maison avec une culture plus proche de la nôtre et c'est pour ça que je suis encore là aujourd'hui.


La destination a fait partie de la réflexion au moment de votre départ d'Allemagne en 2016 ?


C'était 90% une décision sportive et quand je suis venu visiter la ville, c'est clair que c'est une étoile en plus ! Mais au départ, sans avoir visité la ville, c'était vraiment sportif. Je voulais vraiment retravailler avec Lucien Favre. Il m'a parlé du projet et ne m'a dit que des bonnes choses avec des gens compétents, des jeunes joueurs à développer, un centre d'entrainement qui allait ouvrir, un nouveau stade, des gens passionnés... et en plus il y avait la perspective de l'Europa Ligue. Alors qu'à Wolfsburg on ne s'était pas qualifié pour l'Europe. Après quand j'ai vu la ville... je savais en repartant en Allemagne que j'allais revenir !


Elle ressemble à quoi une journée de Dante avec du temps libre ?


Je ne peux pas dire que je profite des atouts de la ville. En tout cas je n'en profite pas assez. J'ai d'autres priorités. Au lieu de m'amuser je préfère me reposer et me concentrer sur les prochains entrainements. J'emmène mes enfants à l'école, parfois un café en bord de mer mais rien de très spécial. Mais après ma carrière j'aurai le temps pour profiter davantage. Après il y a le footy volley. On joue à Juan-les-Pins. On profite du soleil. C'est de la détente.


Après la fin de votre carrière, vous garderez forcément un lien avec Nice ?


C'est certain ! Je me suis tellement identifié avec la ville, les gens, le club je suis obligé de rester ici. J'ai beaucoup d'amis ici, je me sens vraiment bien. C'est la ville où j'ai le plus habité dans toute ma vie. Je ne sais pas ce que réserve l'avenir mais c'est sûr que je ne pourrai pas oublier Nice.


Avec les supporters on peut parler de coup de foudre ?


Bien sûr ! C'est aussi pour ça que je suis venu ici. J'avais senti cet amour pour le club. Et je crois qu'aujourd'hui c'est réciproque. Et quand ça arrive il faut en profiter. Parce que c'est rare. Il y a peu de joueur qui laisse une emprunte dans un club. J'espère que les gens garderont une image positive de moi. J'espère que j'arrêterai ma carrière à l'Allianz Riviera et que tout le monde sera fier de ce que j'ai fait pour le club et la ville.


L'avenir s'écrira-t-il forcément sur un banc de touche pour vous ?


Oui je pense parce que quand je vais arrêter ma carrière, ce qui va me manquer le plus c'est l'odeur du terrain. Et pour ça la seule solution c'est de passer mes diplômes d'entraineur. Je suis toujours concentré sur ma carrière de joueur mais je suis déjà dans la réflexion. Je regarde ce que fait le coach, pourquoi il prend telle décision, comment il gère des conflits, j'essaye de me forger une idée sur toutes ces choses là.


Francesco Farioli est inspirant quand on veut devenir entraineur ?


Oui parce qu'il est jeune, comme Didier Digard la saison dernière. Je parle de ces deux-là parce qu'ils montrent leur qualité même s'ils ont peu d'expérience. Ils ont cette sensibilité par rapport au foot, au côté humain, à la communication. Deux manières très différentes de communiquer mais très intéressantes. Et quand moi je vais commencer je serai un jeune entraineur aussi alors j'ai envie de me nourrir de ce que je vois, je veux regarder ce que je trouve négatif pour me dire que je ferai différemment un jour.


Vous vous voyez entrainer le Gym un jour ?


Oui quand on a joué longtemps dans un club on a envie de s'assoir sur le banc de ce club mais il ne faut pas brûler les étapes. Le joueur Dante il a de l'expérience, il a gagné des titres mais l'entraineur Dante ce sera tout nouveau alors on verra !



La boite à souvenirs de Dante


Quel souvenir gardez-vous de votre premier match face à l'OM ?


Un début de rêve ! Un stade magnifique, plein à craquer, avec une ambiance de dingue. On était premier à l'époque. On gagne contre Marseille 3-2. C'était parfait, inoubliable !


Le meilleur souvenir ?


Le match contre Naples. Malgré le résultat je retiens qu'on a permis à nos supporters d'entendre la petite musique de la Ligue des Champions dans notre stade. Même si on ne s'est pas qualifié, ce match c'était une étape. C'est mon dernier rêve de pouvoir aider le club à retrouver cette musique dans notre stade.


Une qualification en Ligue des Champions pourrait vous convaincre de poursuivre une saison de plus ?


Surement oui. C'est un monde à part. Un niveau à part. Une organisation différente. Je souhaite de tout mon cœur arriver à se qualifier dans le futur parce que je pense que le club est armé pour ça et les supporters seraient fous de joie si on leur offre cette Champions League.


Le pire souvenir ?


La finale de la Coupe de France. Si je parle de ma blessure c'est un mauvais souvenir individuel. Une grande déception c'est collectif. Tout le club, tous les supporters attendaient un titre depuis longtemps. Une blessure ça arrive à tous les joueurs et en plus c'est grâce à ma blessure que je suis encore là. Mais la finale perdue elle m'a vraiment fait mal pendant très longtemps. Parce que c'était un de mes grands objectifs en arrivant à Nice de ramener un titre et de qualifier le club en Champions League.


Et s'il fallait choisir entre les deux ?


Un titre. Parce qu'un titre ça reste. Dès que les gens ont goûté à un titre on se met à travailler pour aller en chercher d'autres. Pour un titre on peut faire bouger des montagnes. Même si la Champions League c'est incroyable, un titre c'est inoubliable. Alors quand j'ai vu la tristesse de nos supporters après la défaite en Coupe de France, ça m'a fait mal pendant un moment.

 


Un joueur ?


Balotelli ! Il arrive en même temps que moi. Je le connaissais de loin. Je retiens surtout son côté humain. Je me suis impliqué pour comprendre sa personnalité. Il est atypique il faut le dire. Mais j'ai découvert un homme magnifique, que je suis fier d'avoir connu. Finalement c'est lui qui m'a appris beaucoup de choses par rapport à la vie. Bon après il a fait la connerie d'aller à Marseille (rire). Il faut lui pardonner parce qu'il est parti là-bas parce que les gens qui étaient en place ici ne le voulaient plus. On l'a laissé libre donc il est parti.


Un attaquant de Ligue 1 ?


Ben Yedder ou Mbappé. Ce sont des joueurs qui prennent toute ta concentration, qui bouffent ton sommeil avant le match. Zlatan je ne l'ai pas affronté malheureusement en Ligue 1. Je suis déçu parce qu'il est pour moi un des plus grands attaquants de l'histoire du foot.


Si vous pouviez changer une chose à votre carrière ?


Difficile à dire... peut-être rester une ou deux années de plus au Brésil quand j'étais jeune. Parce que quand j'arrive à Lille je n'étais pas prêt. J'avais 20 ans, je ne connaissais personne, physiquement je n'étais pas prêt. Si j'étais resté une ou deux saisons de plus au Brésil j'aurais été plus armé pour venir en Europe. Mais je me suis battu. J'ai été blessé. Je n'ai pas beaucoup joué mais j'ai appris. C'est une expérience qui m'a fait grandir et qui m'a donné la force mentale de rebondir.


Pour quelle occasion seriez-vous prêt à couper vos cheveux ?


Un titre ! Si on gagne un titre je rase tout. On se retrouve place Masséna et je coupe tout ! Un titre avec l'OGC Nice ce serait tellement énorme. Ma femme ne serait surement pas très contente mais les cheveux ça repousse !