« Les supporters niçois n’imaginent pas une seconde que vous échouiez ce soir… 

 

Je sais. Tous ceux que je rencontre me disent qu’ils ont réservé le weekend à Paris pour la finale.

 

Vous leur répondez quoi ?

 

 

Qu’on est favoris, mais qu’une finale ça se mérite et qu’il y a un match à jouer. Maintenant, vu le contexte, ce serait dommage de ne pas aller au bout. On joue à domicile et il vaut mieux prendre Vannes que Lyon. On a rencontré Boulogne (3-1), Créteil (3-0) et Le Havre (1-0) avant Vannes, et je ne me souviens pas avoir eu un tirage comme ça depuis longtemps. C’est peut-être notre année. On n’a pas le droit de passer à travers et on a la clé du problème entre nos mains. 

 

C’est quoi la clé du problème ? 

 

Être capables de répéter ce qu’on afait lors des tours précédents. On était favoris chez nous contre Créteil ou Le Havre et on a fait ce qu’il fallait. On a respecté l’adversaire, mais on était sûrs de nos forces et on amis l’engagement nécessaire pour passer. 

 

À trente-trois ans, vous êtes toujours l’un des garants de l’engagement de votre équipe. Vous étiez absent à Monaco l’autre jour et le Gym a été dominé dans l’envie (0-1 en Coupe de France). 

 

Je ne parle pas trop mais j’essaie de faire preuve d’un état d’esprit exemplaire. J’ai toujours joué comme ça. Des matches, j’en ai fait des catastrophiques. J’étais battu dans les duels, mespasses n’arrivaient pas. Mais je les ai tous joués pour gagner. Avec les excès que cela suppose. « Au début, j’envoyais grave » 

 

Aujourd’hui, on parle presque plus de votre pied gauche que de vos tacles dévastateurs. 

 

J’ai changé. À Bastia, au début, j’envoyais grave.Onjouait le maintien. Contre des mecs comme Ginola, Scifo ou Rai, il fallait rivaliser. Mais le regard des autres et des arbitres a évolué aussi. À Valenciennes, l’autre jour (0-1), j’ai fait un ou deux trucs qui m’auraient valu des cartons auparavant. Dans l’action, j’ai traité l’assistant de “truffe”, mais ça s’est arrangé avec M. Ennjimi (arbitre de la rencontre). Aujourd’hui, on me connaît. 

 

Au classement des cartons, vous êtes même devancé par une dizaine de joueurs. 

 

Je dois en être à une demi-douzaine (6 jaunes ; 1 rouge). C’est mon tempérament et mon jeu qui veulent ça. Je ne suis pas méchant, mais je ne suis pas un poète non plus. Quand je me fais prendre par un attaquant, quand je rate une passe, ça me fatigue et je monte aussitôt en régime. Alors, j’en mets, mais j’en prends aussi. Avec Oliech contre Auxerre (2-0, le 17 janvier dernier), on s’est bien asticotés. J’ai encore les marques. Mais c’est normal. On s’emmerde souvent dans les matches, il y a trop de chichis. Faut que ça vive, comme en Angleterre, où ça se rentre dedans. En France, tout est édulcoré. Faut qu’on m’explique, par exemple, comment on peut sauter sans s’aider des coudes. 

 

Vous sentez quand vous commencez à disjoncter ? 

 

C’est tellement clair que tout le monde le voit. Heureusement que j’ai des potes comme Chouf (Echouafni) ou Ced (Kanté) qui ne sont pas loin. Et puis ça part peut-être un peu moins vite qu’avant.

 

C’est l’influence de Frédéric Antonetti ?

 

Je ne crois pas. Fred me connaît par coeur. Ça fait huit ans qu’on se côtoie (quatre ans à Bastia et quatre àNice) et il sait comment me prendre. Mais je ne pense pas que mon style de jeu le dérange. Lui aussi, c’est quelqu’un qui a un tempérament fort, et il apprécie les joueurs qui ont du caractère. Il y a parfois de l’électricité entre nous et ça nous arrive de nous attraper. 

 

C’est avec lui que vous avez joué votre première finale, en 1995. Y retourner avec lui serait une façon de boucler la boucle ? 

 

À presque trente-quatre ans, je suis plus près de la fin demacarrière quedu début. Une telle occasion ne se présente pas chaque année. Alors, j’ai bon espoir. Je n’ai jamais perdu une demifinale de Coupe de la Ligue. »