De retour après une grave blessure, le défenseur niçois décrit son amour du foot, intact, et veut redresser le Gym avec Christophe Galtier.

 

Sa rupture des ligaments croisés, le 1er novembre contre Angers (3-0), a été le premier des nombreux coups durs qui ont gâché la saison de Nice, achevée à la neuvième place. Mais cette blessure n’a pas changé Dante, toujours aussi heureux de jouer à 37 ans. Le défenseur brésilien découvre les séances de Christophe Galtier, arrivé mardi, et même s’il ne participe pas encore aux oppositions pour ménager son genou gauche, il a hâte de commencer la saison qui doit marquer le vrai départ du projet Ineos.

« Allez-vous aussi bien que vous en avez l’air ?

Je suis très heureux, j’ai la flamme, je me sens comme un jeune qui débute chez les pros. Chaque entraînement, j’ai envie de montrer que je suis capable, que je suis concentré. Après, nous revenons d’une grande blessure, nous devons respecter certains protocoles. Nous espérons que dans quelques semaines, nous serons à 100%.

 

Pourquoi dites-vous “nous” quand vous parlez de votre blessure ?

 

Car c’est vraiment un travail d’équipe. Avec le staff médical, on se tire constamment vers le haut. Comme pour chaque problème qu’on affronte dans la vie, on s’en sort en étant ensemble. C’est ce qui m’a permis d’être bien rétabli.

 

Vous n’avez jamais connu de moments difficiles pendant votre absence ?

 

Dans de telles situations, il faut avoir le contrôle de ses émotions, choisir d’être positif car ça va alléger les soucis. Mon épreuve, c’est quoi, huit mois ? Alors OK, on n’a pas le temps de se plaindre, la mission est donnée et on la prend. Quand tu as l’amour du foot, ça passe plus facilement car tu veux absolument rejouer.

 

Cette grave blessure aurait pu précipiter votre fin de carrière…

 

Non, car j’ai toujours ce truc dans le ventre qui brûle un peu, cette adrénaline qui fait que je suis là. J’aime les grosses épreuves, chercher mes limites. Je sais que malgré mon âge, j’ai toujours la force car j’aime ce que je fais. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, c’est le travail au quotidien qui compte. Je respecte ceux qui pensaient que je pouvais arrêter, mais c’était aussi une motivation.

 

Après un tel arrêt, êtes-vous encore capable d’être un capitaine indiscutable ?

 

Je n’ai fait que quatre entraînements, ce n’est donc pas évident de le dire maintenant mais je n’ai jamais autant travaillé que lors des huit derniers mois. Je n’ai aucun doute par rapport à mes capacités, même si après un long arrêt, il y a toujours besoin d’un petit temps pour s’y remettre vraiment. Je bosse très dur pour que ce soit encore plus court mais on ne maîtrise pas tout. Je sais juste que je vais tout faire pour être disponible le 8 août, pour la première journée (contre Reims), puis le coach décidera.

 

Pouvez-vous redevenir le joueur que vous étiez ?

 

Ou même plus fort ! Car j’ai beaucoup appris mentalement. Au début d’une telle épreuve, tu travailles mais tu ne perçois pas de progression, il faut être costaud.

 

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Rêvez-vous de battre le record de Vitorino Hilton (*) ?

 

Là, il faut y aller plus doucement. (Rires.) J’ai envie de jouer encore deux ans minimum, et on verra. Hilton marchait comme ça aussi… Le plus important est de garder cette flamme pour ne pas faire la saison de trop, par rapport au plaisir, à l’envie de venir se battre tous les matins.

 

Quelle trace gardez-vous de la dernière saison niçoise ?

 

Elle a été difficile et c’était pour moi épuisant, très compliqué. J’ai l’esprit d’équipe, je veux le meilleur pour le club et nos défaites me faisaient tellement mal. Tu vois que le travail de la semaine ne paye pas et tu es triste, déçu… J’avais envie de soutenir des joueurs qui manquaient de confiance, je cherchais quoi faire pour aider mais j’étais impuissant. On ne sait pas si ça aurait été mieux avec moi sur le terrain, mais j’aurais pu au moins montrer l’exemple. Maintenant, j’espère qu’on a retenu les leçons car la saison nous en a donné beaucoup.

Que vous inspirent les débuts de Christophe Galtier ?

 

C’est très positif, pas seulement parce qu’il est champion de France. Son discours est déjà passionnant. On voit sa méthode de travail, son envie de créer quelque chose, ça m’a beaucoup plu. Il veut façonner un vrai groupe, avec un esprit familial et compétiteur. Il est très heureux d’être là, a très envie de réussir. On sent qu’il est prêt à tout faire pour aller au bout de ses objectifs.

 

Le manque de caractère du groupe a souvent été stigmatisé. Galtier peut-il vous apporter ce tempérament ?

 

Absolument, le club l’a choisi aussi pour ça. Sa personnalité va nous faire beaucoup de bien. Mais il faut que nous, les joueurs, nous mettions à hauteur de ses exigences. Qu’on marche tous dans une seule direction.

 

En tant qu’adversaire, comment trouviez-vous les équipes de Galtier ?

 

Elles sont très difficiles à battre, ne te font pas de cadeaux. Ce n’est jamais une promenade, toujours une guerre, car tu sens l’envie de gagner, de se battre ensemble, avec du bon vice. Chacun court pour les autres, l’exigence de ses équipes est marquante.

 

La troisième saison d’Ineos à Nice commence. Sentez-vous une pression supplémentaire, avec un moindre droit à l’erreur ?

 

Il ne faut pas penser comme ça. Le projet Ineos a commencé en août 2019 avec un mercato qui s’est fait très tard, et on a connu beaucoup de difficultés lors de la deuxième saison. Là, on nous donne un coach confirmé qui a formé un groupe de compétiteurs partout où il est passé. C’est un pas en avant mais on doit déjà assimiler ce qu’on a fait la saison dernière, s’autocritiquer, et savoir écouter le nouveau coach pour changer. On veut s’installer progressivement en haut du tableau, pour y rester, mais la saison dernière a fait beaucoup de dégâts. Quel joueur est arrivé à la reprise avec 1 000 % de confiance ? Amine Gouiri, peut-être ? Il faut donc rester humble. »

 

(*) Retraité depuis le 1er juillet, Hilton est le joueur le plus âgé à avoir évolué dans l’un des cinq grands Championnats (43 ans et 252 jours)