Ils n'ont pas  de numéro. Ils sont pros, payés par l’OGC Nice, font partie de son effectif, mais ils ne figurent jamais dans le groupe et les plans de son entraîneur Frédéric Antonetti. Depuis la mi-juillet et le deuxième stage de préparation des Niçois à Albertville, Matt Moussilou, Joseph- Désiré Job, Patrick Barul et Derek Asamoah ont été priés de s’entraîner avec l’équipe de CFA 2. Le message est : le club ne compte plus sur vous et vous invite à trouver une issue de sortie. Nice a le droit de procéder ainsi jusqu’au 30 août, si les joueurs concernés ont à leur disposition un entraîneur diplômé, s’ils ont accès aux soins et au vestiaire des pros.

Au-delà du 30 août, ils seront obligatoirement réintégrés dans le groupe d’Antonetti. Aujourd’hui, Moussilou, Job, Barul et Asamoah sont encore et toujours « niçois », pas trop courtisés. Les départs de Moussilou et de Job auraient sans doute poussé plus facilement Nice à recruter un autre attaquant. Ce n’est pas arrivé. Récemment, Reims et Guingamp ont manifesté leur intérêt pour l’attaquant camerounais, à qui il reste un an de contrat. Ce dernier n’a participé qu’à neuf matches de L 1 la saison passée et inscrit trois buts en coupes (deux en Coupe de la Ligue, un en Coupe de France). Il n’a pas convaincu  Antonetti qu’il pouvait être plus qu’un recours. « Une saison comme ça pénalise, c’est la loi du milieu, observe l’ancien Lyonnais, trente ans, passé par Lens, Middlesbrough, Metz et Sedan. Avec la CFA 2, on se maintient en forme. J’étais arrivé à Nice avec un certain statut, et tout d’un coup, voilà où j’en suis. Je n’ai pas eu trop d’explications. La L 2 ? Sportivement, ça ne m’intéresse pas trop, je n’y ai jamais joué (si ce n’est trois matches en tout début de saison passée avec Sedan). Je préférerais la L 1. La L 2, ce n’est pas la solution. Rester ici non plus. J’attends. »

Moussilou : « Je ne suis pas fini »

Matt Moussilou aussi. Enfin d’abord, l’ancien Lillois attend un heureux événement prévu pour la fin de l’année, et ça, « ça soulage (sa) conscience. Je vais rentrer dans la vraie vie, pouvoir relativiser. Ça, j’en ai fortement besoin. » Parce que depuis son départ de Lille en 2006, la carrière de l’ancien international Espoirs est devenue erratique. Ses six premiers mois à Nice, d’abord, avec zéro but à la clé pour un joueur qui avait coûté 4 millions d’euros, le plus gros transfert niçois à l’époque. « C’est cette période-là qui m’a cassé. Gignac, à Toulouse, il se remet aujourd’hui dans le bain après un an d’adaptation… Avec moi, il n’y a pas eu cette patience et puis Nice n’avait pas de bons résultats. Je ne suis pas arrivé au bon moment. La saison passée, derrière Baky Koné (14 buts), les attaquants ont peu marqué, mais comme Nice a eu de bons résultats, ça s’est moins remarqué. Si j’étais resté à Nice, qui dit que je n’aurais pas inversé la tendance ? » On ne le saura jamais. Depuis, il a bougé, prêté à Saint-Étienne, Marseille et enfin à Al-Arabi entre l’automne 2007 et le printemps 2008. Dans le championnat qatari, il a scoré : « 14 buts en 18 matches. Surtout, j’en suis revenu apaisé, un peu comme Anelka après la Turquie. Avant, j’étais un peu dans le délire. J’aurais pu signer tranquillement deux-trois ans là-bas, mais j’ai préféré rentrer. Le public, l’ambiance des grands rendez-vous me manquent. OK, j’ai connu deux saisons particulières mais je reste un attaquant et un attaquant ça connaît des spirales... Je ne suis pas en position de force et je subis des a priori, une image de joueur à potentiel mais nonchalant. Mais je peux renverser la vapeur à tout moment. Mis dans de bonnes conditions, sans prétention, je sais qu’en France ou ailleurs je suis capable de marquer facile dix buts à l’année. Je ne suis pas fini, loin de là. » Mais si rien ne s’offre à lui en Europe d’ici à la fin du mois, il pourrait retourner vers le Golfe en fin d’année, après l’heureux événement.