Après cinq ans d’éclipse, les Havrais n’ont pas raté la marche. Ils ont fêté leur retour en L 1 par un succès qui ne fera sûrement pas date au niveau de la qualité d’ensemble. Mais cette victoire récompense la ténacité, l’enthousiasme et la persévérance d’une équipe qui a cru en ses chances jusqu’au bout. Longtemps, les Havrais ont même donné l’impression d’être orphelins de Guillaume Hoarau, leur buteur fétiche (28 buts sur 66 la saison dernière), parti respirer l’air de Paris.

Longtemps, ils ont laissé croire que ce nouveau cadre était trop grand pour eux et qu’ils ne parviendraient pas à combler le fossé les séparant d’une équipe de Nice en rodage et manquant encore d’automatismes, mais plus mature et expérimentée durant quarante-cinq minutes.

Tixier a tout changé

Mais le sort d’une rencontre tient parfois à peu de chose. À la 73e minute, Damien Tixier, entré à la 23e minute à la suite de la blessure de Jamel Kana- Biyik, victime d’un claquage à la cuisse droite, a adressé une passe courte à Jean-Michel Lesage. Sur le côté gauche, la frappe du bout du pied gauche – un pointu en fait – de l’attaquant havrais a été détournée par Kanté et a pris une trajectoire imprévisible pour Letizi. Neuf minutes plus tôt, c`est ce même Tixier qui s’était offert une longue remontée de terrain balle au pied comme pour inciter ses coéquipiers à ne pas lâcher prise. Dans le temps additionnel, Christophe Revault évita à son équipe une amère désillusion en détournant un tir de Modeste.

Dès les premières minutes, les Havrais avait déjà démontré qu’ils n’avaient pas l’intention de tourner le dos à des principes de jeu. Dans un 4-4-2 avec quatre joueurs à vocation offensive, ils avaient multiplié les initiatives face à une équipe de Nice d’abord soucieuse d’étudier le terrain. Mais cette domination s’était limitée à une reprise de la tête d’Abasse Ba, sans danger pour Letizi. Avec leurs moyens, avec un groupe composé d’une douzaine de joueurs formés au club, lesHavrais ont  donc rempli le « contrat » fixé par leur entraîneur. Ils n’ont pas raté l’occasion de regarder vers le haut du classement « pour la seule fois de la saison sans doute », comme l’avait prophétisé avec ironie Jean-Marc Nobilo avant la rencontre. Ses joueurs ont bien mérité les deux jours de repos complets promis.

On doute que les Niçois bénéficient d’un tel régime de faveur de la part de Frédéric Antonetti. Les Niçois ont manqué de réalisme offensif pour éviter un tel dénouement. Au fil des minutes, ils avaient pourtant pris assez nettement l’ascendant au milieu du terrain. Privée de Gillet et de Nestor, la défense du Havre avait alors donné des signes répétés de fébrilité et de faiblesse face aux courses en tous sens de Loïc Rémy. La plus belle action des Niçois est pourtant à mettre à l’actif de Jeunechamp, dès la 17e minute. Mais sa reprise des 30 mètres du pied gauche avait obligé Revault à dégager le ballon des deux poings.

  • Le jeu et les  joueurs

L’homme clé : LESAGE (Le Havre), 7

Un début de match tonitruant en position décrochée. Il baissa ensuite de régime, ce qui entraîna une longue période délicate pour les Havrais, mais il finit fort avec ce tir victorieux (73e). La saison passée, il avait eu du mal à s’imposer en L 1 avec Auxerre avant de rentrerau bercail havrais. Riche idée. Sous ce maillot qu’il a porté pour la première fois en 1998, il a encore montré ce samedi qu’il était parfaitement à la hauteur dans l’élite.

  • LE HAVRE

REVAULT (6) : il évita l’égalisation au bout du temps additionnel. Éternel.

HENIN (5) : rarement à la faute.

SAMBOU (5) : quelques tacles bienvenus mais aussi un peu de fébrilité.

A. BA (5) : d’abord à la peine, il n’a cependant rien lâché pour protéger son but jusqu’au bout.

KANA-BIYIK : claqué à la cuisse droite, le jeune latéral gauche a vite laissé sa place (22e) à TIXIER (6), auteur de l’un des rares éclairs havrais avec une percée de 70 mètres et à l’origine du but de Lesage.

YOUSSOUF (5) : la dernière perle du centre de formation havrais perturba Nice par ses dribbles imprévisibles.

DIEUZE (3) : transparent.

BEN IDIR (4) : celui qui fut l’un des meilleurs milieux de L 2 la saison dernière  a eu beaucoup de mal hier à franchir le cap.

DAVIDAS (4) : une bonne volonté brouillonne.

FAURÉ (4) : peu de bons ballons à négocier. Un retour mitigé en L 1.

LESAGE (7) : voir ci-dessus.

  • NICE

LETIZI (4) : une relance calamiteuse sur Fauré dans les six mètres (26e), symbole d’un jeu au pied défaillant.

D. DIAKITE (5) : une entrée en matière compliquée. Plus sûr au fil des minutes.

HOGNON (5) : un match sérieux.

KANTÉ (4) : il fut très malheureux sur le but de Lesage qu’il détourna hors de portée de Letizi.

JEUNECHAMP (6) : un bon dépannage à un poste (arrière gauche) qui n’est pas le sien et une puissante frappe du gauche cadrée de 30m(17e).

FAÉ (5) : après une année anglaise (à Reading) à oublier, il a fait un retour intéressant en L 1 par sa puissance et par sa faculté de mettre son équipe dans le bon sens.

ECHOUAFNI (4) : il a rarement quitté sa position devant la défense. On l’a connu meilleur passeur.

HELLEBUYCK (6) : sa qualité de passes et de centres, sa justesse technique ont posé énormément de soucis au milieu havrais.

BAMOGO(4) : des efforts trop désordonnés.

RÉMY (6) : l’un des rares à éclairer la soirée. Une classe au-dessus de ses adversaires et de la plupart de ses partenaires. Toujours dangereux par la qualité de ses prises de balle, il a cependant eu du mal à se mettre en bonne position. Et, quand il le fit, il enleva beaucoup trop son tir (52e).

Mah. TRAORÉ (5) : avec plus de constance, il pourrait être nettement plus utile. Son remplaçant, BEN SAADA (70e), ne fit pas mieux.