Le Nice de la saison 2007-2008 a bien vécu. Huitième de L 1 avec la meilleure défense (30 buts encaissés, comme Nancy) et le sixième meilleur buteur du Championnat (Baky Koné, 14 buts), il était « solide, bien équilibré, chacun était bien à sa place », selon Frédéric Antonetti. « L’idéal aurait été qu’on puisse garder tous nos joueurs et qu’on prenne deux ou trois recrues. Là, vous franchissez un cap, poursuit l’entraîneur niçois. Mais, pour cela, il faut un budget de fonctionnement à 45 millions d’euros. » Le club azuréen n’a toujours pas cette épaisseur.

Il n’est pas à l’agonie non plus. Le président Maurice Cohen a des automatismes : « On n’est pas mal, mais on joue serré. On n’a pas les infrastructures pour se développer. On a donc toujours le maintien comme premier palier à atteindre. Une fois acquis, il s’agit d’aller le plus haut possible. » Fatalement, Nice a essuyé un gros coup de ventes à l’intersaison. Ederson (acheté techniquement lors du mercato hivernal 2007), Lloris, Koné et Balmont ont filé. Financièrement, c’est bon (environ 27M_). Sportivement, cela signifie une nouvelle équation. Koné et Ederson, par exemple, représentaient 60 % des buts niçois la saison passée. « Qui dit beaucoup de départs et beaucoup d’arrivées dit nouveau cycle, dit reconstruction, dit du temps, énonce Antonetti. Et on sait qu’en foot il n’y en a pas (sourire). C’est une des inconnues : est-ce qu’on nous laisse le temps ou pas de mettre en place une équipe compétitive pour les trois ans à venir ? » Nice a réinvesti 16 millions d’euros sur des jeunes : le gardien colombien Ospina, dont les parents ont souhaité qu’il se marie avant de venir pour que sa fiancée puisse l’accompagner sur la Côte d’Azur, les milieux défensifs ivoiriens Faé et K. Coulibaly, le milieu offensif tunisien Ben Saada et les attaquants Loïc Rémy et Mouloungui. Parmi eux, des joueurs à la relance (Faé) ou à acclimater à la L 1 (Ospina, Coulibaly). Nice a en particulier misé 8 millions d’euros sur l’ancien Lyonnais Rémy, vingt et un ans, dix fois titulaire en L 1 avec l’OL ou Lens, au « gros potentiel », selon Antonetti. L’OL garde d’ailleurs un oeil sur lui. En cas de future revente du joueur, qui s’est engagé pour quatre ans, son club formateur aura la priorité.
 
 Antonetti : « Avoir l’état d’esprit d’un club qui monte »
 
 À une semaine de la reprise, Nice cherchait encore un attaquant axial expérimenté, après avoir essayé Piquionne en vain, et Antonetti la meilleure formule dans le secteur le plus touché à l’intersaison (en plus des départs de Koné et Ederson, Laslandes n’a pas été prolongé). « On insiste beaucoup sur la relation milieu-attaque, une des clés de notre réussite », confiait Rémy, auteur de quatre buts en matches de préparation, en milieu de semaine. La saison passée, Nice avait été performant tout en ayant seulement la 15e attaque de L 1.« On avait surtout manqué de buts sur coup de pied arrêté, signale Antonetti. Aucun coup franc direct n’avait été réussi. Il faut aussi que les milieux et les arrières centraux puissent marquer. » Nice n’a pas trop bougé dans les autres lignes, ce qui peut rassurer, et il a conservé l’expérience de joueurs cadres comme Letizi, Rool, Hognon, Échouafni, Jeunechamp, Kanté ou Hellebuyck. Dans le but, l’ancien Letizi et la recrue Ospina, successeurs de Lloris, devraient pouvoir se montrer à la hauteur. Antonetti a la même matière défensive, mais il doit cependant se passer à regret d’une valeur sûre pour commencer (Apam, qui va disputer les JO avec le Nigeria). Au milieu, il peut toujours compter sur Échouafni pour balayer devant la défense. Hellebuyck pourrait prendre une dimension supplémentaire. Quant à Fae, il faut voir s’il marchera efficacement dans les pas de Balmont. Reste à savoir si Nice ne va pas se reposer mentalement sur ses lauriers de la saison passée, comme il y a deux ans. Antonetti est prévenant dans un discours de mobilisation générale : « Il faut vraiment qu’on se serre les coudes, qu’on soit franchement très solidaires. Je dirai qu’il faut avoir l’état d’esprit d’un club qui monte, qui va s’accrocher, qui va gommer les possibles insuffisances tactiques et techniques dues à tous ces changements par plus d’engagement et d’investissement. Là-dessus, on greffe du travail technique et tactique. Après seulement, dans quelque temps, dans quelques mois, temps, dans quelques mois, on verra pour les perspectives. »