Jérémy Clément a refusé, hier, de revoir les images insupportables du tacle extrêmement violent duNiçois Valentin Eysseric samedi soir lors de Saint-Etienne - Nice (4-0) qui lui a occasionné une fracture ouverte tibia-péroné de la jambe droite. Opéré dans la nuit à Saint-Etienne, Clément a rapidement tenu à faire savoir qu’il n’en voulait pas à Eysseric. « C’est un jeune de 20 ans qui n’a pas maîtrisé son geste, explique David Venditelli, l’agent du milieu de terrain stéphanois, qui lui a rendu visite à l’hôpital. Pour moi, le Niçois Renato Civelli, qui a pourri lematch d’entrée, a aussi une part de responsabilité dans ce qui est arrivé. Il a contribué à tendre les nerfs de ses coéquipiers. »

 

 

Eysseric suspendu jusqu’à la fin de saison ?

 

Valentin Eysseric a envoyé un texto d’excuses à sa victime, qui lui a répondu. « Cela peut arriver mais pas avec moi, explique Eysseric. Je n’ai pas le droit de faire ça. Je ne vais pas bienmais Jérémy est sur un lit d’hôpital. Je n’ai pas le droit deme plaindre. » Claude Puel, l’entraîneur azuréen, a lui aussi transmis un message à Clément. Dans les prochains jours, Puel et Eysseric rendront visite à l’ex- Parisien. Hospitalisé au moins une semaine, ce dernier sera immobilisé quarante-cinq jours sans avoir le droit de poser le pied à terre. Et son indisponibilité est d’ores et déjà estimée de cinq mois à six mois sauf complications.ogcnice.info

 

Durant sa convalescence, le salaire de Clément sera entièrement pris en charge par le club stéphanois pendant trois mois. La Sécurité sociale et l’assurance personnelle du joueur prendront ensuite le relais.

 

La saison de Jérémy Clément, 28 ans, est donc évidemment terminée. A priori, ce sera aussi le cas pour Eysseric. Si Clément « espère que le Niçois ne sera pas trop durement sanctionné », on ne voit pas pourtant comment ce dernier pourrait échapper à une lourde sanction jeudi en commission de discipline. Le barème disciplinaire des règlements généraux de la Fédération est très clair. Eysseric s’est rendu coupable d’une « faute grossière ou brutalité entraînant une interruption de travail supérieure à huit jours ».Dans ce cas, le barème de référence est de douze matchs de suspension. Cette sanction peut être réduite ou augmentée selon le passé du joueur. Eysseric n’ayant jamais été expulsé dans sa jeune carrière, la commission de discipline de la Ligue pourrait abaisser la peine. Et Nice a encore onze matchs à disputer d’ici la fin de saison…

 

La jurisprudence Blondeau

 

Les drames comme celui de samedi sont rares. Patrick Blondeau, ancien capitaine de l’OM, a été à l’origine de l’un des plus douloureux. Le 29 mai 1999, un soir de Nantes - Marseille, il blesse Yves Deroff. Bilan : fracture tibia-péroné et six mois d’indisponibilité, qui déboucheront sur de nouvelles complications. « A la différence du choc Eysseric-Clément, on ne se rend pas compte tout de suite de l’importance de la blessure, confie Blondeau. L’arbitre hésite d’ailleurs à me mettre un carton jaune, avant de le faire. Je pars en vacances à Bora-Bora dans la foulée, l’OM se vide vu que le championnat est terminé. Personne au club n’envoie un bouquet de fleurs à Deroff. Je ne réalise la gravité de la situation qu’en rentrant. J’appelle le joueur, je lui laisse un message. Je me dis : P…, il ne va peut-être jamais rejouer. Je suis dégoûté pour lui. La commission de discipline veut me suspendre six mois, le temps de la convalescence de Deroff. Ils me mettront finalement six matchs. Je ne fais pas appel. » Une plainte du directeur de la CPAM de Loire- Atlantique obligera l’OM, après six ans de batailles judiciaires, à rembourser l’intégralité des indemnités journalières d’arrêt maladie et les frais médicaux de Deroff, soit 29 123 €. Pour la justice, un tacle irrégulier devient un accident de travail.