Après une demi-saison blanche, le milieu niçois, soutenu par son entraîneur et aidé d'un spécialiste de la thérapie par l'hypnose, a retrouvé sa place de titulaire.

 

On ne s'exprime pas sur le sujet pour l'instant. » Sollicité pour évoquer le retour au premier plan de Kévin Anin, Julien Fournier, le directeur général de l'OGC Nice, nous a opposé une fin de non-recevoir. Après une première moitié de saison blanche (*), le milieu (26 ans) enchaîne les matches. Il a pris part à quatre des cinq dernières rencontres de L 1. Et a réalisé de bonnes prestations. Fournier et Claude Puel, l'entraîneur du Gym, ne sont pas étrangers à ce renouveau. Ils ont géré au mieux le cas Anin quand le joueur, en dépression, a été autorisé à rentrer au Havre, sa ville natale où vivent ses proches, pour se refaire une santé.

 

L'intéressé et sa famille leur en sont d'ailleurs reconnaissants. « Sans l'aide du club, je ne sais pas si je m'en serais sorti », explique l'ex-Sochalien (2010-janv. 2012).

 

Un autre intervenant l'a aussi aidé : Mohamed Regragui. Ancien joueur pro devenu spécialiste de la thérapie par l'hypnose, il a rencontré Anin en novembre. « On ne se connaissait pas et Kévin était réticent, raconte Regragui. Mais on a beaucoup parlé, et depuis on reste en contact. Je l'ai eu (au téléphone) samedi (dernier), avant le match contre Lorient (1-1). »

 

Puel : « Il est plus fort qu'avant (...). Il sait mieux se gérer »

 

« J'ai découvert quelqu'un qui n'est pas adapté au foot professionnel et qui croyait être seul dans ce cas, poursuit Regragui, issu d'un quartier populaire comme Anin. Je lui ai expliqué que beaucoup de joueurs lui ressemblaient et arrivaient à passer outre. Lui, c'est un peu plus dur. Il est trop entier. Quand ça ne va pas, son seul repère, c'est Le Havre. » Thierry Uvenard, l'adjoint d'Alain Casanova à Toulouse, qui a dirigé Anin chez les jeunes du HAC, abonde : « Il adore son quartier, sa famille, Le Havre. L'attention dont il a besoin, il n'y a que là-bas qu'il la trouve. » Quitte à arrêter le foot s'il le faut, ce qui ne lui fait pas peur.

 

Lorsqu'il entraînait Anin à Sochaux, Francis Gillot avait pourtant trouvé la solution. Il le gérait defaçon individuelle : soit il le couvait, soit il lui rentrait dedans. C'est au moment du départ du technicien à Bordeaux, à l'été 2011, que les choses ont mal tourné. Puel adopte une méthode proche de celle de Gillot. Il manage Anin à la carte, lui permet des déplacements au Havre sans que cela soit mal perçu par son groupe, et il a retrouvé un joueur souvent hors norme. « Il est plus fort qu'avant, estime l'entraîneur du Gym. Il est plus cohérent, se disperse moins, sait mieux se gérer. Comme il sait à peu près tout faire, récupérer, jouer de la tête, être techniquement propre, s'imposer physiquement, percuter et gagner les duels, c'est un joueur qui n'a pas d'équivalent dans le Championnat de France. » Un joueur qui a retrouvé sa place de titulaire depuis deux matches, même s'il n'a joué que 323 minutes en L 1 cette saison.

 

(*) Il n'a disputé que quarantecinq minutes face à Lille, le 25 août (2-2).