Jean-Pierre Rivère aurait tellement aimé vivre une première saison plus paisible. En juin dernier, lorsqu'il injecta douze millions d'euros dans les caisses, il souhaitait prendre le large avec la zone de relégation, histoire d'avancer ses pions dans la sérénité. Près d'un an après, le Gym est tout sauf paisible avant de se rendre demain soir à Toulouse. Malgré cela, le président niçois a répondu à toutes les interrogations qui entourent son club depuis plusieurs semaines. Sans se cacher.

 

Président, on vous imagine stressé avant ces trois derniers matchs décisifs pour le maintien de l'OGC Nice en Ligue 1...

 

C'est en effet une saison difficile à vivre. On savait que ce serait dur mais, à un moment donné, on a eu l'espoir que notre bonne série nous permette de nous mettre à l'abri plus rapidement. Je souhaitais que le match face à Evian ne soit pas le match de la peur. Les journées passent et je commence à redouter cette rencontre.

 

Comment expliquez-vous que vous soyez en apnée depuis le début de saison?

 

Il y a plusieurs éléments à prendre en compte. Vous savez, il y a une usure mentale à force d'être sans cesse sur la corde raide. Tout au long de la saison, on a connu pas mal de pépins. À chaque match, beaucoup de titulaires potentiels nous font défaut. ça ne s'arrête jamais. Mouloungui est de nouveau blessé. Depuis son retour de la CAN, il n'a jamais été en pleine possession de ses moyens. Quand on a un effectif comme le nôtre, ça devient compliqué. Malgré cela, on a un coach qui, compte tenu de ces événements malheureux, réagit relativement bien. Il n'en a jamais fait état trop longtemps.

 

Est-ce exagéré si on vous dit que votre première saison s'apparente à un long chemin de croix?

 

Quand au mois de juin, vous conservez vos meilleurs joueurs... Il est évident que nous avons aussi fait des erreurs. La saison est certes longue et difficile mais j'ai espoir qu'elle se termine favorablement afin que tout ce qu'on a préparé puisse se mettre en place. Qu'on le veuille ou non, lorsque vous reprenez un train en marche, il vous faut du temps pour identifier ce qu'il faut modifier ou autre. Mais j'aimerais assumer une année pleine où les choix de départ seraient les miens à 100%.

 

Vous évoquez des erreurs. À quoi faites-vous allusion?

 

Des erreurs, on en fait et on en fera toujours. Le bilan s'effectuera à la fin du championnat. Mon souhait, c'est de faire une saison avec des choix que nous aurions définis.

 

En un an à la tête de l'OGC Nice, pensez-vous avoir effectué une formation accélérée du milieu du football?

 

Si cette saison se termine bien, j'aurai à titre personnel vécu une excellente expérience.

 

Vous ne regrettez toujours pas d'avoir pris les rênes du club?

 

Non. J'avais pris un engagement qui était de faire grandir ce club. Il est évident que s'il y a une descente en Ligue 2, les choses seront plus compliquées mais pas irrémédiables pour autant. Par contre, si on reste en Ligue 1, je pense qu'on verra un tout autre visage du club l'an prochain.

 

Qu'avez-vous envie de dire à vos joueurs au moment d'entamer ces trois matchs capitaux pour l'avenir du club?

 

Quand vous jouez sans cesse des matchs couperets avec l'épée de Damoclès au-dessus de vous, vous ne pouvez pas être libéré. Je me mets à leur place, c'est usant, fatiguant. On est là au quotidien pour faire en sorte qu'ils donnent le maximum et qu'ils permettent au club de continuer une aventure à laquelle je crois réellement.

 

Quand on voit le niveau qu'affiche Evian aujourd'hui, c'est en grande partie lié au fait que cette équipe joue libéré. Et on se rend compte toute la différence. À Toulouse demain, vous avez une fois encore l'occasion de vous rapprocher du maintien...

 

Oui, encore une fois. Si on avait fait ce qu'il fallait à plusieurs occasions, on pourrait vivre une fin de saison plus sereine.

 

Est-ce le plus regrettable?

 

Une fois encore, je ferai un bilan en fin de saison.

 

L'heure n'est pas au bilan mais l'avenir du staff, dont le contrat s'achève fin juin, est au cœur des discussions. Quelle est votre position?

 

Ma position a toujours été extrêmement claire et elle ne variera pas. Quand René (Marsiglia) et le staff ont repris en main l'équipe, on s'est dit qu'il n'y aurait aucun engagement de part et d'autre. L'objectif était de sortir le club de l'ornière et on s'est donné rendez-vous en fin de championnat. On se verra d'homme à homme et on prendra les décisions qu'il faut prendre. Aujourd'hui, contrairement à toutes les rumeurs que l'on peut entendre ici ou là, je ne change pas d'avis. On se verra en fin de championnat.

 

Vous parlez de rumeurs. Justement, qu'en est-il de celle menant à Claude Puel qui revient avec insistance?

 

Pendant des mois, il y a également eu celle menant à Rolland Courbis. Et il y en a eu d'autres. Dès qu'un staff est en fin de contrat et que la fin de championnat approche, on entend toutes les rumeurs du monde. On s'exprimera très librement à la fin du championnat sur ce sujet.

 

Et qu'en est-il de l'avenir d'Eric Roy?

 

Je ne veux pas parler d'untel ou untel. On fera le bilan à la fin.

 

La victoire des jeunes en Coupe Gambardella, c'est un gage solide pour l'avenir...

 

Je suis très heureux. Quand je suis arrivé, j'ai toujours dit qu'on souhaitait s'appuyer sur nos jeunes. Aujourd'hui, je récolte les fruits qui ont été semés auparavant. Pour un club comme le nôtre, c'est de très bon augure de remporter cette compétition. Mais attention, ce n'est parce qu'on gagne la Gambardella, qu'on est arrivé. Je l'ai dit aux joueurs, le plus dur est devant eux.

 

Certains sont-ils susceptibles de signer un contrat professionnel dans les semaines qui viennent?

 

Bien sûr. Malheureusement, tout le monde ne sera pas élu. Il faut qu'ils le sachent. Notre devoir, c'est qu'au-delà de former des joueurs de football professionnels, on se doit de former des hommes.

 

Quid des joueurs dont le contrat prend fin en juin comme Clerc, Sablé, Diakité...

 

Encore une fois, on fera le point en fin de saison. On recevra tout le monde.



Il n'est donc pas exclu que certains prolongent leur bail avec le Gym...

 

Rien n'est à exclure. Aujourd'hui, tout est ouvert mais je ne peux présager d'aucune décision.