Et Laurent Blanc rangea sa calculette. Avant cette partie, le technicien girondin avait noté qu’avec douze points sur douze dans le sprint final, son équipe pouvait coiffer Lyon sur le poteau. « Car j’avais l’intime conviction que Lyon ne ferait pas le plein d’ici à la fin de la saison. » La prédiction du gourou cévenol s’est révélée à moitié exacte. Contre toute attente, le sextuple champion de France a bel et bien perdu deux points sur sa pelouse, devant Caen (2-2). Blanc n’avait en revanche pas prévu de voir son équipe concéder le nul dans le même temps, devant Nice. « À partir de là, ça va être compliqué pour le titre… »

 

Tous les feux clignotaient pourtant au vert pour les Girondins au coup d’envoi. Les Aiglons se présentaient les ailes coupées par les absences conjuguées de Laslandes et Koné. Ils perdirent ensuite Jeunechamp, expulsé dès la 30e minute, puis Ederson, blessé à un mollet, à la 53e. Malgré tous ces handicaps, les guerriers niçois sont parvenus à arracher le nul. « Avec un peu de baraka, avoue Lloris, pilonné durant plus d’une heure. Pas mal de ballons sont passés tout près de mon but. Ça fait partie du jeu. » Cela fait sans doute également partie de sa nouvelle panoplie. À voir comment Cavenaghi s’est appliqué à placer, en vain, ses frappes dans le petit filet (19e, 28e, 42e…), on se dit que l’aura de Lloris est désormais telle que les attaquants ne se contentent plus de cadrer leurs frappes face à lui. Et quand les Bordelais y parvinrent, M. Layec refusa le but à l’Argentin pour une main préalable (77e). Lloris détourna aussi avec un peu de chance une autre frappe de Cavenaghi qui venait de heurter son poteau droit (90e).

Blanc : « Il va encore y avoir des résultats surprenants »

Le coaching ultra offensif de Blanc, au cours d’une seconde mi-temps se résumant à une attaque-défense, n’y changea rien. En confirmant sa solidité à l’extérieur (une seule défaite lors de ses treize derniers déplacements, à Sochaux, 0-1, 31e journée), Nice a, pour la deuxième fois de la saison, empêché Bordeaux de marquer sur sa pelouse, en L 1. « J’en suis désolé pour nos supporters venus assez nombreux », s’excuse Blanc. Rarement, cette saison, le stade Chaban-Delmas était en effet apparu aussi bouillonnant qu’hier soir. Le virage sud entonna même, juste avant la pause, c’est-à-dire quand Lyon se retrouva mené 1-2 : « Nous serons champions de France car nous sommes les Bordelais. » Y croyaient-ils encore, au coup de sifflet final ? « En apprenant le résultat de Lyon (2-2), on a surtout eu un peu les boules, confie Diawara. C’est très frustrant par rapport au nombre d’occasions. Maintenant, rien n’est joué. On fera les comptes à la fin. Ça sera serré jusqu’au bout ». Ramé, son capitaine, le pense aussi : « Tant que ce n’est mathématiquement pas terminé, nous avons toujours l’espoir de réussir quelque chose. » Bordeaux ira avant tout à Marseille pour ne pas perdre. Son confortable matelas de points d’avance allié à une meilleure différence de buts ne lui assure toujours pas mathématiquement une qualification directe en Ligue des champions. Blanc n’a pas besoin de ressortir sa calculette pour le savoir. Il lui suffit de laisser parler son instinct d’ancien grand joueur. « Quelque chose me dit qu’il va encore y avoir des résultats surprenants… » Qui sait, le titre de champion de France ne s’est peut-être pas définitivement joué hier soir. 

 

Les joueurs par l'Equipe

L’homme clé : LLORIS (Nice), 7,5

Les Bordelais ayant rarement cadré, sauf Fernando (12e et 35e), le portier niçois s’est avant tout distingué dans ses sorties, comme devant Alonso (75e) et Chamakh (86e). Et, quand cela n’a pas suffit, M.Layec a refusé un but confus à Cavenaghi pour une main (77e). L’Argentin s’est encore vu priver du but de la victoire quand le poteau puis Lloris ont détourné sa frappe (90e). Bref, le gardien des Aiglons a survolé ce match.

BORDEAUX

RAMÉ (6,5) : chaud sur un tir d’Ederson (3e), il a soufflé après la pause.

CHALMÉ (6) : bizarrement, c’est quand son côté s’est dégarni qu’on l’a un peu moins utilisé.

PLANUS (6,5) : un tacle essentiel (6e) pour une performance très propre.

So. DIAWARA (6) : tranquille et solide. Une énorme occasion de but de la tête (85e).

JURIETTI (7) : très en jambes, il a profité des espaces devant lui.

Al. DIARRA (5,5) : jamais mis en défaut, il n’a pourtant pas pesé à onze contre dix.

FERNANDO (6) : il a joué beaucoup plus juste dans l’axe qu’à droite. Une frappe somptueuse sortie par Lloris (35e).

WENDEL (5,5) : un soir sans réussite malgré son acharnement.

MICOUD (6) : le chef d’orchestre de cette première période. Moins virevoltant et plus fatigué ensuite.

CAVENAGHI (5,5) : de nombreuses tentatives de loin, jamais cadrées, un but refusé pour une main, jusqu’à ce tir sur le poteau… sortant (90e) !

BELLION (5,5) : il a multiplié les appels sans être récompensé avant de perdre de l’influence quand les espaces se sont réduits.

 

NICE

LLORIS (7,5) : voir ci-dessus.

JEUNECHAMP(non noté) : expulsé pour un tacle dangereux sur Wendel (30e).

APAM(5,5) : bon dans ses interventions, moins dans sa relance.

KANTÉ (6,5) : un ballon gagné devant Fernando (29e), un autre perdu, sans mal, devant Cavenaghi (59e). Bon malgré tout.

ROOL (6,5) : une intervention limite dans sa surface sur Bellion (17e), un bon coup franc (69e) et un match plein.

BALMONT (6,5) : il n’a jamais baissé de pied.

ECHOUAFNI (7) : sa vision, sa relance et son jeu de tête se sont avérés précieux sur les phases arrêtées et dans le jeu.

HELLEBUYCK (7) : très actif et volontaire. Indispensable.

BAMOGO(5,5) : il est vite passé sur le flanc gauche, qu’il a su animer. Et bien. Dommage qu’il pêche dans ses choix. Sorti pour CID (89e), entré… attaquant !

EDERSON (5,5) : il aurait pu marquer dès la 3e minute. Puis, blessé, il céda sa place à M. TRAORÉ (53e), entré poste pour poste.

MODESTE (non noté) : sacrifié après l’expulsion de Jeunechamp (30e) et remplacé par DIAKITÉ(33e) (note : 6), qui a bien su reprendre le poste d’arrière droit.