Une saison noire L'exercice se termine. Enfin. Une saison, longue, très longue. Combien avons-nous vu de matchs dignes de ce nom ? Une belle victoire à St Etienne en ouverture. Un triomphe largement mérité sur un Lyon il est vrai pas au mieux de sa forme. Quelques succès dans des matchs au couteau qu'il ne fallait pas perdre. Pour le reste ?







 

Une équipe sans génie (c'est un doux euphémisme) et surtout sans caractère. Seule l'image vertueuse de notre capitaine, d'un Chouf, qui était le dernier trait d'union avec un Gym d'un passé pas si lointain, restera au milieu de la grisaille d'un groupe atone. Il faut dire que cela nous pendait au nez, à force de virer les joueurs qui avaient l'âme et le caractère nissart... Et dire que l'on aurait refusé les propositions de service d'un José Cobos. Que retiendra-t-on encore ? Les errements d'une défense inexistante, au sein de laquelle, même Apam, le roc, perdit les pédales plus que de raison, avant que le grand Renato ne vienne apporter toute sa hargne et son sang-froid. Sans parler du coaching, de la tactique, intangible d'un Ollé-Nicole à un Roy. Encore une longue saison de 4-3-3 / 4-5-1 qui se résume à de stériles débordements sur les ailes, et, faute de construction au milieu, à de longue balles pour le plot de devant. La cinquième saison de cet ordre !

 

Heureusement, malgré tout, dans cette nullité tactique absolue et cette absence consciencieuse de jeu qui a caractérisé le Gym depuis cinq ans (avant cela la hargne collective compensait largement l'absence de jeu), le club a réussi à compter en son sein quelques joueurs de calibre sans lesquels il serait en L2 depuis belle lurette. Il y eu les Marama, les Bellion et les Koné. Cette année, comme l'an dernier, ce fut Rémy. 14 buts au compteur. Et des buts décisifs, des buts de maintien, contre Paris et le Mans notamment. Le seul éclair de talent dans la grisaille. Pris à parti par quelques abrutis parce qu'il faudrait préférer ce qui est médiocre et sans caractère à ce qui brille un tant soit peu mais nourrit quelque légitime ambition. Il est de bon ton ici, de cracher, au sens propre comme au figuré, sur les artisans de nos maintien. Si un joueur est très bon, on finit invariablement pas le conspuer car il ne parvient pas à être exceptionnel ou parce qu'il a la pudeur, lui, de ne pas feindre la grande fraternité avec les supporteurs. Il est vrai qu'il vaut mieux un piquet blond de 37 ans qui marque 4 buts mais qui jure fidélité et amour éternel à une poignée de supporteurs...

 

Mais, on le sait tous, cette année restera noire avant tout pour des raisons qui n'ont VRAIMENT rien à voir avec le sport. Car somme toute, 11 victoires, 11 nuls, 16 défaites, pour le Gym, cela n'a rien de complètement déshonorant.

 

Un président qui lâche prise après un recrutement raté et un début de championnat calamiteux. Un actionnaire, aussi étranger au football que Rama Yade l'est au sport en général et au football en particulier, qui reprend les commandes. Pour quel bilan ? Si l'on s'en tient aux faits bruts, osons le dire, il est positif. Le club sauve sa place en L1, avouons-le, assez sereinement, un recrutement au Mercato à la hauteur du défi, et un changement de coach au bon moment, pour mettre en place une équipe qui, si elle n'a pas brillé par son sens tactique, a su faire ce que l'on attendait d'elle : sauver les meubles et insuffler ce petit supplément d'âme qui faisait si cruellement défaut. Mais le compte n'y est pourtant pas. En matière de communication Gilbert Stellardo a fait encore pire que M. Cohen (ce qui n'est pas peu dire !). Il a réussi à se couper de tout un stade. Et on le comprend, le stade ! Car le président de l'OGCN doit être aussi le garant de la réputation, de l'identité de son public, car l'OGCN c'est Nissa, la ville le Comté. Et, dans la mesure du possible il se doit de défendre l'honneur de tout un peuple. et M. Stellardo n'en fit rien. Strictement rien.

 

Car cette saison noire restera dans les annales comme l'année où le droit des gens fut honteusement bafoué. La faute à qui ? Le mouvement Ultra a connu des dérives. A Nice aussi. C'est un fait. Et s'il en était autrement, ce n'est pas du mouvement Ultra dont on parlerait. Ces dérives méritaient aussi une réponse sécuritaire, judiciaire, pénale. Mais une réponse qui s'inscrive dans le droit, dans sa lettre comme dans son esprit, autrement dit dans une tradition démocratique, qui identifie les fauteurs de trouble et les punit le cas échéant en vertu des textes de loi existant.

 

Rien de tout cela à Nice. Trois principes essentiels ont été bafoués.

 

- En droit, il n'existe pas de responsabilité collective. Sauf pour les supporters. Etre membre de tel groupe de supporter équivaut à être coupable en puissance et, le cas échéant, sans preuve, jugé comme tel, délinquant d'un stade que le "coupable" n'a parfois pas même fréquenté ! Le but est simple : identifier l'ennemi de l'intérieur grâce auquel on pourra a posteriori justifier sa politique répressive et liberticide. L'immigré, le jeune de banlieue, la porteuse de burqa et pourquoi pas, le supporteur. Comme si toutes les personnes appartenant à ces groupes menaçaient en soit, en tant qu'individus, la République !

 

- Comme il n'est pas évident de persuader l'électeur qu'il faut voter dans le bon sens en vertu de ces périls qui n'ont pas grand chose d'évident en soi, il faut CREER de l'insécurité, CREER des incidents. C'est ce qui a été consciencieusement fait à Monaco, puis ensuite tenté tous les samedis au Ray avec une incroyable débauche de moyens policiers et militaires. La provocation est un art de gouverner très à droite (je voulais dire adroite).

 

- Une législation d'exception a été mise en place en vertu d'une situation donnée dans un club donné : le PSG. Cette législation d'exception a été étendue à l'ensemble des clubs. Or, la meilleure définition de la dictature est celle que donna il y a peu encore Daniel Bensaïd : "l'état d'exception permanent". Toutes les dictatures dans l’histoire ont suivi le même schéma : identification d'un groupe d'"ennemis de l'intérieur", mise en place d'une législation d'exception qui se substitua plus ou moins progressivement au droit commun.

 

Alors, l'heure des comptes a sonnée. Nice est la ville laboratoire d'un pouvoir qui échoue socialement et cherche à se raccrocher aux branches de la sécurité, ces branches qu'il n'y a qu'à secouer pour voire tomber les électeurs apeurés par poignées. Le pouvoir local, de la municipalité au département est tenu par les personnes les plus appliqués de l'État liberticide médiatique et policier. Si nous sommes encore en principe (et dans le principe seulement) en démocratie, souvenons-nous de cela. Et votons. Pour la gauche, la droite, les écolos, les chasseurs, les libéraux, les marxistes, les cathos, les gauchos, pour qui nous voulons, mais tous ici même savons surtout désormais, contre qui.

 

Lien: nicr



Samedi j'avais promis à ma fille de l'amener au stade. Devant le dispositif policier digne d'une dictature latino-américaine des années 1980, j'ai renoncé. La présence de mon petit ange blond au milieu des robocops surarmés et mal élevés m'a semblée soudainement tellement incongrue. Ca y'est, ça commence, nos libertés aujourd'hui ne sont déjà plus celles d'hier.

 

Au fait, je n'ai pas parlé de dissolution. Tout le monde sait bien qu'une idée, qu'un combat, qu'une âme ne se dissout pas, qu'elle ressort même de la clandestinité plus forte que jamais.

 

Vive ....... ... Canal Historique !