Le succès angevin n’a d’égal que l’humiliation niçoise. Les pensionnaires de L 2, étonnants de sérénité, ont méthodiquement anéanti des Azuréens sans âme, qui ne sont jamais parvenus à se révolter. Le quatrième de L 1, méconnaissable, n’en avait hier que le nom. Une véritable leçon tactique lui a été infligée par un SCO en état de grâce.

 

Les surprises les plus efficaces sont souvent les mieux préparées. Toute la semaine, l’entraîneur d’Angers, Jean-Louis Garcia, a fait plancher minutieusement ses hommes sur le problème niçois. Confiant, il ne jouait pas les faux modestes avant la rencontre : « Nous avons nos chances. On n’est pas un club de CFA mais une bonne équipe de L2, bien organisée. Et je ne suis pas inquiet sur notre façon d’aborder l’événement. » Il ne bluffait pas. Ses hommes ont attaqué la partie sans complexe et ont montré ensuite qu’ils n’avaient aucune raison d’en nourrir. Ils étaient largement au niveau. Ce sont les Niçois qui ont failli. Réputé comme une machine à faire déjouer l’adversaire, le SCO a fait encore mieux que dérégler Nice, l’une des mécaniques les mieux huilées de L1. Il a d’emblée imposé son jeu, ses idées.

Les premières minutes avaient donné le ton. Les Niçois attendaient dans leur camp, les Angevins les pressaient haut, portés par un bloc sans faille, soutenus par une agressivité continue. Alors que seules des frappes lointaines avaient animé la partie, un exploit personnel vint parachever ce travail collectif remarquable. Sur un contre initié par Ben Khalfallah, Alo’o Efoulou s’emparait du ballon aux quarante mètres, côté droit. Son rush commençait ici, et le portait seul devant Letizi qu’il trompait du gauche après une kyrielle de contres favorables. Entre-temps, il avait passé en revue les défenseurs niçois, autant de piquets plantés au milieu d’une diagonale de rêve. Ce but eut le mérite de faire passer l’apparente sérénité niçoise pour ce qu’elle était vraiment : de la passivité. Aucune réaction ne venait, l’inéluctable défaite se dessinait déjà. Cyril Rool ne pouvait que constater : « Il ne fallait pas prendre ce premier but. On s’est mis en difficulté et ils ont fait ensuite le match parfait. » Angers ne cédait en effet ni à l’euphorie ni à la fébrilité. La moindre initiative azuréenne se heurtait à des lignes parfaitement organisées, si bien que la pelouse prenait des airs de tableau noir.

Auriac : « Tactiquement, on a été énormes »

Les Angevins remplissaient leur tâche consciencieusement, sans être inquiétés. Auriac : « On a vu beaucoup de vidéos, on a beaucoup travaillé et ça a porté ses fruits. Tactiquement, on a été énormes. » Le scénario n’avait plus qu’à leur sourire. Ederson sortait blessé avant la mi-temps et, à la reprise, les Niçois ne concrétisaient pas leur seul temps fort. Bamogo trouvait le poteau (47e) puis butait seul devant Padovani (65e). Angers avait déjà fait le plus dur et pouvait reprendre sa partition, rythmée par les déviations subtiles de Brunel et un Moussi percutant. Il ne laissait aucune brèche et en ouvrait même avec brio. Alo’o Efoulou se muait en passeur et décalait Ben Khalfallah tout en lucidité (2-0, 75e). Le résultat final ne faisait alors plus de doute et le troisième but du même Ben Khalfallah, sur une passe d’un Brunel taille L1, n’ajoutait qu’une station de plus au calvaire niçois (3-0, 89e). La réaction tardive, par Bamogo, ne l’adoucira pas. Occupé à fêter son équipe, le public ne l’a pas vue. Comme un symbole d’impuissance et de frustration, un grand coup de pied de Rool dans les tribunes concluait le match. La dernière défaite des Niçois remontait à un huitième de finale de Coupe de la Ligue contre Auxerre (2-6). Leur invincibilité s’est spectaculairement dérobée. Ils n’ont plus que le Championnat. Ils devront y montrer un tout autre visage s’ils veulent garder leur 4e place, dont ils se sont montrés indignes.