IL N'A PAS ENCORE l'age de conduire, mais il guide de main de maitre la meilleure défense de l'élite. A 17 ans, Malang Sarr est un pion essentiel de Nice, champion d'automne et leadeur depuis maintenant trois mois. Depuis la reprise au mois d'août, il n'a pas raté un seul match de L1. C'est dire la confiance que lui accorde Lucien Favre, qui l'a repéré en visionnant les matchs des équipes jeunes, quand il réalisait un audit sur le Gym avant de s'y engager pour trois saisons.

Lancé contre Rennes, un match particulier puisqu'il était placé sous le signe du recueillement, un mois après l'attentat de Nice, Sarr offre, ce jour-là, la victoire à son équipe d'un coup de tête. Tout un symbole pour ce gamin formé au club dont il défend les couleurs depuis l'âge de 6 ans. « Je suis d'ici, ça a été dur pour moi. Parmi les personnes disparues, je connaissais du monde, confiait-il cet été. Gagner et marquer ce but-là, c'est une façon de rendre hommage toutes les victimes. »

 

Convaincus de son fort potentiel, les dirigeants niçois ont inclus une clause de valorisation, signé sous seing privé , de cinquante millions d'euros dans le contrat professionnel qu'il a paraphé voici un mois.

 

« C'est une étape de plus dans l'histoire qui le lie à son club, un moment fort pour sa famille, confie Julien Fournier, le directeur général niçois. Chez nous, il profite du talent et du calme à toute preuve de Dante pour se mettre en valeur. » Dur sur l'homme, véloce et précis dans la relance, Sarr, international U18,possède les qualités essentielles du défenseur moderne.

 

Enfant des Moulins, un quartier populaire de l'ouest de la ville, il a grandi à quelques mètres du centre d'entraînement de l'OGC Nice. Sa maman veille toujours sur lui. Bachelier depuis l'été dernier, avec un an d'avance, il impressionne par sa maturité.

 

La perte cruelle de son papa, voici trois ans, l'a endurci. « Il a été élevé dans le respect, pose Alain Cacchioni, l'un de ses formateurs. Le papa était très exigeant, ne pardonnait rien. Mais Malang n'a jamais vacillé, n'a jamais profité de cette situation. »

 

Au vestiaire, il s'est très vite rapproché de Younès Belhanda, lequel vient régulièrement le récupérer en bas de chez lui avant l'entraînement. « C'est vraiment un bon petit », glisse, de manière affectueuse, le milieu marocain prêté par le Dynamo Kiev. Jamais très loin, Lucien Favre croit également beaucoup en lui et le protège de l'agitation médiatique. Sarr n'a encore jamais accordé le moindre entretien et, quand l'innarrable Laurent Paganelli a tenté sa chance lors de Saint-Etienne - Nice, il a eu droit aux remontrances du Suisse. Pas touche à Malang!

Lucien Favre:

"Il vit sereinement tout ce qui lui arrive depuis le début de saison. On l'a aussi préservé par moments en discutant avec son sélectionneur en équipe nationale (NDLR : Bernard Diomède). Malang gère sa nouvelle notoriété. Il y aura des périodes où il sera moins performant. Il doit encore gagner en concentration dans son jeu. Mais il maîtrise déjà énormément de choses pour un gamin de son âge. Quand on est si jeune, on peut parfois accuser le coup mentalement. On parle de fatigue psychique. Il possède un gros potentiel. "