L’agent surpuissant se moque bien de son image. Il pense d’abord à obtenir les meilleurs deals possibles pour ses joueurs. Et pour lui.

 


C’est un personnage atypique, adoré ou détesté, look dépenaillé et gouaille de vendeur de tapis, mais il est un rouage essentiel dans ce monde du foot-business. Sir Alex Ferguson a écrit dans son autobiographie que Mino Raiola était « l‘un des rares agents» qu’il n’aimait pas, souvenir du départ libre de Paul Pogba de Manchester United à la Juve en 2012. Et il fallait être sacrément solide pour résister alors à l’Écossais surpuissant. Depuis, Pogba est reparti à MU (2016), après la retraite du boss, et Raiola a touché une commission estimée à 49 millions dans la transaction.

Qui est-il au juste, un homme obsédé par ses dividendes ou un génie capable d’offrir des conditions exceptionnelles à ses joueurs ? Certainement un peu des deux, à la fois maquignon égocentré et esprit à l’écoute des désirs de ses protégés. On ne peut pas s’imposer comme l’agent le plus influent de la planète, avec Jorge Mendes, sans connaître parfaitement les règles, les rapports de force internes, sans savoir tracer des limites qui semblent infranchissables pour certains mais tellement normales pour lui.

 

Patience, intelligence, audace


Pourquoi s’étonner de le voir intriguer dans le dossier Mario Balotteli, de le voir s’amuser des nerfs niçois et marseillais ? Il a été si souvent au cœur de ces négociations qui s’éternisent, dans ces moments où la patience, l’intelligence situationnelle et l’audace règnent en maîtres. Mais cela ne lui vaut pas que des amis, loin de là. L’Ajax n’a pas aimé les manières de l’Italo-Néerlandais de cinquante ans et l’a placé sur la liste des indésirables depuis une histoire avec Maxwell en 2004. Et l'AC Milan a encore du mal à digérer ses demandes de revalorisation salariale pour Gianluigi Donnarumma, le gardien de dix-neuf ans.

Le PSG semble courroucé par son emprise ? Certains rôdent autour de Pogba ? Romelu Lukaku l’a même quitté ? Pas grave. Lui trace son chemin. Qu’importe alors que Jacques-Henri Eyraud, le président de l’OM, ait tenté d’amadouer Super Mario en l’invitant en catimini, sans son agent, à visiter la Commanderie. Raiola a vu tout ça et il faudrait être un peu naïf pour imaginer Balotelli oublier l’emprise de son pygmalion. Cela n’a dû qu’aiguiser ses envies de récupérer son dû, espéré du côté de Nice et de Marseille. Il peut irriter Eyraud, l’insupporter, mais le patron olympien devra composer avec lui. On ne se débarrasse pas de Raiola aussi facilement. Tous les clubs le savent. L’OM le découvre.