Que se passe-t-il à Nice ? À l'été 2013, le club sort d'une quatrième place en Ligue 1 et s'apprête à recevoir un nouveau grand stade, l'Allianz Riviera, pour remplacer l'ancienne enceinte du Ray, très prisée par les fans du club, mais handicapant pour la croissance du Gym. Sauf que, au printemps 2015, l'OGCN a dit stop aux rêves de grandeur. Pas encore sauvée de la relégation, l'équipe de Claude Puel compte 38 points à l'issue de la 31e journée, végète en milieu de tableau à la 13e place et s'est surtout mis à dos le groupe de supporteurs qui lui garantissait une ambiance minimale dans ce nouveau stade : les membres de la Populaire Sud. Conséquence, aujourd'hui, c'est l'impasse entre les deux camps. D'un côté, il y a les supporteurs de cette tribune sud qui n'ont pas l'impression d'être soutenus par les dirigeants du club en cas d'incident dans le stade. "Quand nous avons envahi la pelouse à domicile face à Bastia le 18 octobre 2014, les médias nous ont démolis et ont insisté sur notre violence. Problème, la justice a condamné les individus interpellés pour envahissement de terrain à des interdictions de stade et des peines d'amende [de 500 à 600 euros, NDLR], et pas pour des faits de violence. Le tribunal correctionnel a lui-même constaté qu'aucune personne n'a été blessée et le procureur n'a pas fait appel de ce jugement modéré. Or, aucun dirigeant du club n'a pris la peine de médiatiser cette décision judiciaire qui contredisait notre image véhiculée par la presse. Par contre, pour se déclarer à chaud choqué ou scandalisé suite aux débordements des ultras, là il y a du monde pour en parler", affirme un abonné de la Populaire Sud.


Incidents à l'entraînement


Les incidents entre joueurs et supporteurs survenus le 20 mars dernier au centre d'entraînement avant le déplacement à Lyon ont exacerbé cette mésentente. "On nous a accusés d'avoir jeté les fumigènes directement sur les joueurs, ce qui est faux. On les a balancés à plusieurs dizaines de mètres d'eux et il était impossible qu'un joueur puisse être blessé par l'un de ses projectiles. Encore une fois, aucun démenti ou du moins de la tempérance de la part de la direction alors que les médias nous avaient une nouvelle fois massacrés." Et la désertion par les spectateurs de cette tribune sud le samedi 4 avril à la mi-temps contre Évian, suivie de heurts en marge entre ultras et policiers et du départ de M. Rivère de sa tribune "pour raisons de sécurité", selon la préfecture, ont spectaculairement souligné le malaise.


D'autant plus que, concernant cet incident, les versions avancées par les intéressés, mais aussi les médias, sont bien différentes. Le lendemain des incidents du match Nice-Évian, Le Parisien affirmait que c'est la police qui a procédé à l'évacuation de la Populaire Sud et parle d'un déplacement de 300 personnes. Une thèse rejetée par les abonnés de cette tribune. "D'abord, il ne s'agissait que d'une centaine d'individus et, ensuite, ce sont les supporteurs eux-mêmes qui se sont déplacés en raison, au départ, d'un mini-incident concernant un stadier qui ne voulait pas laisser une personne de la Populaire Sud venir saluer un ami quelques minutes à la tribune Ségurane comme il le fait habituellement", déclare l'un d'entre eux sous le couvert de l'anonymat. "Cela a été l'étincelle. On nous avait déjà interdit pour ce match, à l'entrée, toute banderole hostile à la direction. L'exaspération, encouragée par la première période déplorable de Nice face à l'ETG, a alors atteint son paroxysme et a donc entraîné ces échauffourées et ce déplacement de foule. En aucun cas, il ne s'agissait de venir s'expliquer avec le président. Cet incident a été instrumentalisé pour justifier la répression croissante sur les ultras", poursuit-il.


Le président Rivère reste ferme


De l'autre côté, la direction du club campe sur ses positions et prône la tolérance zéro. La thèse du déplacement spontané a certes été confirmée par le président Jean-Pierre Rivère dans l'édition du mardi 7 avril de Nice-Matin. Mais le dirigeant niçois se dit consterné par cette situation. Il nie avoir voulu instrumentaliser ces faits et reste ferme : "Nous souhaitons un football populaire, mais sans violence. Je lis la déclaration des supporteurs [sur leur page Facebook, NDLR] : Nice, c'est nous. Oui, c'est eux, mais c'est aussi l'ensemble de notre public qui vient au stade entre amis, en famille. Chacun peut vivre un moment à sa façon mais dans le respect des autres. En ce moment, vous savez, nous avons d'autres préoccupations et nous serions heureux d'éviter de dépenser du temps et de l'énergie sur ces sujets, qui, en plus en termes d'image, sont déplorables."


Deux visions et deux discours diamétralement opposés. Même si le président dément l'avènement d'un plan Leproux à la sauce niçoise qui aurait pour objet le placement aléatoire des spectateurs dans les gradins, la colère des abonnés de la Populaire Sud, garante d'un minimum d'ambiance dans cette Allianz-Riviera qui sonne creux, est loin d'être apaisée. "C'est simple, je boycotte les matchs au stade jusqu'à la fin de la saison et je suis loin d'être le seul à avoir cette idée", affirme un membre de cette tribune. Des sanctions comme la suspension de l'enceinte ou une énième rencontre à huis clos pourraient de toute manière tomber après les échauffourées lors du match Nice-ETG.


Justement, ce stade est devenu la priorité de Nice-Matin, qui estime qu'il ne respecte pas les normes de sécurité. Le quotidien local, qui partage la position de M. Rivère, relève que la configuration de l'Allianz-Riviera est dangereuse, car les spectateurs peuvent aller de tribune en tribune. La une de la page sports du journal le lendemain de ce match n'y va pas par quatre chemins. Et confirme que l'avenir du Gym s'annonce bien sombre s'il n'y a pas une réconciliation entre les dirigeants et la Populaire Sud.