Pour le Sporting club de Bastia, l’affaire est entendue. Ses dirigeants ont fait savoir qu’ils n’accepteraient « aucune sanction contre Jean-Louis Leca », leur gardien remplaçant accusé de provocation pour avoir brandi un drapeau corse au nez et à la barbe des ultras niçois. Il a « voulu manifester avec conviction et pacifiquement la fierté d’être ce qu’il est, à savoir un joueur corse qui remporte après vingt ans d’attente un derby ô combien important », précise le communiqué. La suite ? Un attroupement de joueurs, des coups qui partent, dont certains assénés par un membre de la sécurité du club niçois, puis la fureur de supporteurs locaux qui, par dizaines, se sont incrustés, avec une facilité déconcertante, sur la pelouse pour s’en prendre aux joueurs insulaires.


Quatre hommes, trois majeurs et un mineur interpellés en état d’ébriété au moment des faits ont été placés en garde à vue. L’un d’eux venait d’achever une période d’interdiction administrative de stade. Le mineur a été remis en liberté et sera convoqué ultérieurement par la justice. La garde à vue des trois autres a été prolongée hier soir et ils seront déférés au parquet ce lundi. Le service de sécurité du club niçois, composé de 500 stadiers samedi soir, a rapidement été dépassé. « C’est impossible pour nous, souffle l’un d’eux. Vous imaginez si les 2 000 personnes qui composent la tribune sud avaient décidé de pénétrer sur la pelouse ?On a limité la casse et évité un drame. Heureusement qu’il n’y avait pas de supporteurs bastiais (NDLR : ils étaient interdits de déplacement par arrêté préfectoral). Ce stade n’est pas du tout fonctionnel en termes de sécurité. »


Un superviseur de l’UEFA était présent samedi soir


Un stade qui accueillera plusieurs matchs de l’Euro 2016 et,donc,potentiellement des fans serbes, polonais, anglais ou russes, dont certains sont réputés pour leurs excès. L’un des superviseurs de l’UEFA était d’ailleurs dans les travées de l’Allianz samedi soir. Il y a moins d’un an déjà, les fans stéphanois avaient eu tout le loisir de s’extirper de leur parcage pour aller en découdre avec les Niçois.


Pour de nombreuses personnes interrogées, cette enceinte ultramoderne, d’une capacité de 35 000 places, n’est pas adaptée pour l’accueil de supporteurs écervelés, ce que confirme le président de l’OGC Nice Jean- Pierre Rivère à demi-mot. « Je ne vais pas revenir sur les incidents de Saint- Etienne mais, suite à cela, on avait alerté les gens qui gèrent ce stade (NDLR : la société Nice Eco Stadium) sur certaines problématiques. Il est ouvert, il n’y a pas de grillage. »


« On a fait un stade magnifique pour des spectacles, des concerts,mais pas pour du football, souffle-t-on au club. On ne peut rien maîtriser dès qu’il y a des débordements. Comment est-ce possible de ne pas mettre au moins un filet de protectionderrière les cages ? » La société Nice Eco Stadium, qui met à disposition de l’OGC Nice l’Allianz Riviera, n’est pas de cet avis, même si certaines voix s’étaient déjà élevées contre les architectes du projet. « La conception de ce stade répond à une vision et à un cahier des charges modernes favorisant l’ouverture et la convivialité », peut-on lire dans un communiqué publié hier. « L’ambition d’en faire un lieu de vie pour tous doit devenir une réalité et une priorité pour tous afin que l’esprit sportif prévale sur ce type de comportements inacceptables. » Certaines sources au sein du club craignent pourtant désormais que Nice perde son statut de ville hôte de l’Euro 2016.