Frédéric Antonetti, entraîneur de Nice, aborde le déplacement à Paris de demain soir mais aussi l'arbitrage ou les incohérences qu'il ressent dans le football français, sans langue de bois.

 

La 6ème place de Nice est-elle un trompe-l'oeil ?  

Non, mais on peut finir 14ème. Sur les deux derniers matchs, on a retrouvé le vrai Nice. L'équipe n'est pas en fin de cycle. Le club sera stable cet été, sauf si on baisse pavillon dès qu'on est attaqué sur un joueur. Ici, on vient s'épanouir, se relancer. Mais pas sur trois mois. Les joueurs doivent le comprendre.

Qu'en est-il du futur du jeune gardien titulaire Lloris ?

Il ne perdrait pas son temps en restant. Mais si un club de C 1 (NDLR : qualifié en Ligue des champions) lui offre une place de titulaire, pourquoi pas ? Il m'a prouvé dans le deuil (décès de sa mère avant Lille) qu'il avait un mental hors norme. Il fera une très grande carrière.

Que pensez-vous du PSG ?

Il a l'obligation d'être en haut, sinon la pression est énorme sur tout le monde. Cette équipe doit être de 10 % supérieure aux autres pour gagner. Mais il suffit de peu pour repartir. Voilà pourquoi la stabilité est bonne pour le PSG, qui a de bons contenus de matchs, de bons joueurs, un bon entraîneur, et qui ne descendra pas. Car Paris, c'est Paris.

C'est-à-dire ?

Voir les gros en difficulté gêne le foot français. Le président Thiriez (de la Ligue) veut un axe Paris-Lyon-Marseille fort. Les petits budgets dérangent. De la mesure serait bienvenue. La différence doit venir du terrain, pas de la notoriété. Aujourd'hui, chacun monte au créneau sur l'arbitrage. Je voulais rester tranquille. Mais où est l'harmonie quand Rool se fait découper dans la surface contre Bordeaux et que l'arbitre dit : Je ne peux pas siffler, c'est la 93 e minute, alors qu'en finale de la Coupe de la Ligue on siffle pour le PSG ? On a été lésé à Lens, à Sochaux, contre Lille. Les événements nous sont trop souvent contraires. Donc, je dis : si on perd à Paris, j'espère que ce sera sur des faits de jeu, pas sur des événements extérieurs. Parler peut être contre-productif... Parfois je vais trop loin. Mais je constate. Sur l'histoire des banderoles, je suis contre des sanctions. Je ne dis pas que le PSG ou le président Thiriez, organisateur, sont responsables. Mais je dis aussi que Bastia (pour l'affaire Kébé) n'est pas responsable. C'est l'égalité !

Revenons à l'arbitrage...

Je fais une proposition : on entérine les résultats, mais une « commission vidéo » de dix arbitres décrypte tout, le lundi soir. Elle travaille à charge et à décharge sur les actes d'antijeu sifflés ou non. Chacun deviendrait plus calme. Moi le premier. Sinon, il faut accepter les week-ends difficiles. C'est l'opinion d'un petit entraîneur de province.